Gina Martin, la revanche d'une jeune Anglaise contre les voyeurs

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Par Pauline FROISSART - Londres (AFP)
Publié le 23 octobre 2018 - 09:23
Mis à jour le 16 janvier 2019 - 18:42
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La Britannique Gina Martin, militante en faveur d'une loi contre les photos prises sous les jupes, le 10 octobre 2018 à Londres
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© ADRIAN DENNIS / AFP
La Britannique Gina Martin, militante en faveur d'une loi contre les photos prises sous les jupes, le 10 octobre 2018 à Londres
© ADRIAN DENNIS / AFP

Elle est "aux anges". Après avoir mené bataille dix-huit mois, sous les insultes, Gina Martin a remporté son combat et réussi à faire changer la loi britannique pour que soient punis ceux qui prennent des photos sous les jupes des femmes.

"JE SUIS ÉPUISÉE MAIS TELLEMENT TELLEMENT HEUREUSE!" a réagi la jeune Anglaise sur son compte Twitter, alors que le projet de loi a été définitivement approuvé par la Chambre des lords mardi, de façon presque inaperçue, tous les regards étant tournés vers la Chambre des communes qui a rejeté l'accord de Brexit.

Mais la jeune femme s'en moque. "En fait je suis contente que ça se soit passé en même temps parce que c'est super d'avoir une bonne nouvelle", a-t-elle déclaré mercredi à l'AFP. Depuis, "j'ai eu plein de messages sur les réseaux sociaux de gens me remerciant et me disant qu'ils ont hâte d'utiliser la loi".

En octobre, la jeune femme de 27 ans avait raconté à l'AFP pourquoi elle s'était lancée dans ce combat.

Lors d'un festival de musique à Londres, en juillet 2017, un homme la drague lourdement puis se frotte à elle. "Cinq minutes après, j'ai vu que son copain regardait son téléphone, il était sur WhatsApp et regardait une photo prise de très près de l'entrejambe d'une femme" en gloussant. "J'ai compris tout de suite que c'était une photo de moi".

"Humiliée" et bouleversée, elle s'empare du téléphone et court se réfugier auprès des vigiles qui appellent la police. Les policiers forcent le jeune homme à effacer la photo mais quatre jours plus tard, ils appellent Gina pour lui dire que l'affaire est classée.

"Ça m'a rendue furieuse". Par le passé, des hommes avaient déjà "soulevé sa jupe" ou lui avaient "donné une claque sur les fesses". Cette fois, "c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase".

Outrée de réaliser que le fait de prendre des photos sous les jupes des filles ("upskirting" en anglais) n'est pas puni en Angleterre et au pays de Galles, à la différence de l'Écosse, la Britannique lance une campagne pour y remédier. Sa pétition a récolté plus de 110.000 signatures.

- #MeToo -

Le délit punissant l'"upskirting" a été inclus dans un texte de loi contre le voyeurisme.

Il a toutefois fallu du temps pour que la voix de la jeune femme, qui travaille dans la publicité, soit entendue.

Au départ, son témoignage lui a valu des "tonnes" de messages haineux sur les réseaux sociaux, dont des menaces de viol. "On me disait que c'était de ma faute, que je n'aurais pas dû porter de jupe, on me traitait de pute".

Gina Martin change de nom sur Facebook, perd le sommeil.

"Il y a eu une période, au début, où j'étais vraiment mal". Elle est soutenue par son avocat, son petit ami et par de nombreuses femmes et filles qui ont vécu des agressions similaires "à l'école, à un arrêt de bus, dans les transports ou les magasins".

En juin 2018, la militante essuie un revers: la proposition de loi prévoyant de faire de l'"upskirting" un délit est bloquée par un député conservateur. Mais le gouvernement conservateur reprend à son compte le texte, qui bénéficie d'un soutien transpartisan. Il prévoit une amende voire une peine de prison pour les coupables.

Gina Martin considère que sa campagne a bénéficié d'un coup de pouce du mouvement #MeToo. Alors qu'elle peinait à se faire entendre, "c'est devenu tout d'un coup un peu plus facile". Les responsables politiques "se sont rendus compte qu'ils ne pouvaient plus fuir, mettre le sujet sous le tapis".

La Britannique, qui a pensé "tant de fois" à jeter l'éponge, est fière de pouvoir dire aujourd'hui "je l'ai fait!".

Elle compte poursuivre son activité militante pour rendre les festivals "plus sûrs", attirer l'attention des policiers sur cette nouvelle loi, et mener des actions de sensibilisation auprès des enfants.

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