Héritiers ou musées, la justice dira jeudi à qui appartiennent trois toiles de Derain

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Par AFP - Paris
Publié le 28 août 2019 - 11:24
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La plaignante Claire Gimpel arrive au tribunal de Paris pour réclamer la restitution de trois toiles d'André Derain, le 25 juin 2019
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
La plaignante Claire Gimpel arrive au tribunal de Paris pour réclamer la restitution de trois toiles d'André Derain, le 25 juin 2019
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La justice française désignera jeudi les légitimes propriétaires de trois toiles du fauviste Derain, tranchant un litige entre les héritiers d'un collectionneur d'art juif spolié et les musées qui exposent depuis des années ces tableaux.

Plus de 75 ans après l'Occupation, les descendants du grand galeriste parisien René Gimpel attendent encore de récupérer l'ensemble des oeuvres spoliées ou disparues dans le tumulte de la guerre. Après des années d'enquête, ils affirment avoir retrouvé trois Derain, acquis par leur aïeul en 1921 à Paris.

Ils réclament au ministère de la Culture la restitution de ces toiles peintes entre 1907 et 1910, "Paysage à Cassis", "La Chapelle-sous-Crecy" et "Pinède, Cassis", exposés pour les premiers au musée d'art moderne de Troyes et pour le troisième au musée Cantini de Marseille.

Ils se fondent pour cela sur une ordonnance d'avril 1945 sur la nullité des actes de spoliation.

Ces oeuvres ont voyagé, changé de nom, parfois été rentoilées: à l'audience, le 25 juin, les avocats du ministère et des musées avaient mis en doute la concordance entre les œuvres réclamées et celles acquises par René Gimpel.

Pour l'avocat du ministère de la Culture, Me Aurélien Burel, les pièces fournies par la famille ne permettent pas de se forger "une certitude". Il a affirmé que le "livre de stock" présenté par la famille Gimpel n'était en fait "qu'un livre de mouvements" des oeuvres entre Paris et New York, où le père de René Gimpel partagea un temps une galerie avec les marchands d'art Wildenstein.

Les avocats des musées ont aussi défendu la légalité de leurs acquisitions, doutant qu'on puisse qualifier de "vente forcée" celle de la "Pinède", orchestrée par des résistants et proches de Gimpel.

La famille Gimpel, qui a retrouvé la trace des tableaux au gré d'expositions, a dénoncé la mauvaise grâce de l'Etat français. Elle dit s'être heurtée à l'hostilité des musées depuis 2013 et s'est indignée de l'inertie de la France, pourtant signataire de l'accord de Washington de 1998 sur l'indemnisation des spoliations.

"Les tableaux changent tout le temps de noms. Vous vendrez mieux un +Paysage aux jeunes filles+ qu'un +Paysage avec des vaches+... Gimpel était un marchand et il le savait", avait réagi sa petite-fille Claire Gimpel-Touchard, déplorant le temps perdu "alors qu'il aurait suffi d'aller consulter les archives familiales à Londres".

Il y a quelques mois, la justice française a confirmé - en appel - la restitution à ses descendants d'une gouache de Pissarro, "La cueillette", détenue par des Américains qui l'avaient achetée légalement aux enchères. Ces derniers se sont pourvus en cassation.

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