Ioulia Timochenko, icône controversée de la révolution ukrainienne

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Par Olga SHYLENKO - Kiev (AFP)
Publié le 22 janvier 2019 - 15:46
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L'ancienne Première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko et la chancelière allemande Angela Merkel au Parlement ukrainien à Kiev le 1er novembre 2018
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© GENYA SAVILOV / AFP
L'ancienne Première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko et la chancelière allemande Angela Merkel au Parlement ukrainien à Kiev le 1er novembre 2018
© GENYA SAVILOV / AFP

L'ex-Première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko, favorite de l'élection présidentielle du 31 mars, est une icône controversée de la révolution orange pro-occidentale de 2004 et du soulèvement du Maïdan en 2014, autant haïe par ses détracteurs qu'adulée par ses supporters.

A 58 ans, cette ancienne femme d'affaires qui a passé plusieurs années en prison sous la présidence du pro-russe Viktor Ianoukovitch domine les plus récents sondages. Fin décembre, une étude affirmait que 16% des électeurs soutenaient sa candidature contre 14% pour l'actuel président Petro Porochenko.

En Ukraine comme à l'étranger, Ioulia Timochenko est vue comme une personnalité charismatique mais controversée.

Tandis que certains critiquent ses possibles liens avec la Russie, réminiscence de son passé dans les affaires, elle affirme sa volonté de renforcer la pression internationale contre Moscou après l'annexion de la péninsule de Crimée et le déclenchement dans l'est de l'Ukraine d'une rébellion pro-russe qui a fait plus de 10.000 morts depuis 2014.

- "Reine du gaz" -

Connue autrefois pour sa longue tresse blonde, symbole des traditions paysannes ukrainiennes, elle opte maintenant pour une queue de cheval plus discrète mais n'a rien perdu de sa poigne et de son éloquence, qui lui ont valu d'être comparée à Margaret Thatcher.

La cheffe du parti Batkivchtchina (Patrie) a été élevée par une mère célibataire dans la région industrielle et russophone de Dniepropetrovsk, aujourd'hui Dnipro.

Sa carrière politique commence quand elle prend la tête d'une importante compagnie énergétique bénéficiant du monopole de l'importation de gaz russe, dans les années 1990, avant de devenir vice-Première ministre chargée de l'Energie, dans le gouvernement du Premier ministre réformateur Viktor Iouchtchenko.

Tombée en disgrâce, puis limogée, elle est brièvement emprisonnée pour "contrebande" de gaz russe avant d'être blanchie, mais elle gagne dans cette affaire le surnom de "Reine du gaz".

Son heure de gloire arrive avec la Révolution orange de 2004, dont elle devient l'un des symboles et qui aboutit à l'accession à la présidence de Viktor Iouchtchenko, dont elle devient en janvier 2005 la Premiere ministre.

Mais les anciens alliés se déchirent rapidement et Ioulia Timochenko quitte son poste six mois après sa nomination. Elle crée alors son parti dont les excellents résultats aux élections législatives précipiteront son retour à la tête du gouvernement, fin 2007.

- Ennuis judiciaires -

Elle y restera jusqu'à l'élection présidentielle de 2010 et le retour victorieux du pro-russe Viktor Ianoukovitch. De nouveaux ennuis judiciaires commencent alors.

En 2011, elle est condamnée à sept ans de prison pour la signature d'un accord gazier avec la Russie jugé défavorable, et la justice déclare la soupçonner de complicité dans le meurtre d'un député. Elle rejette toutes ces accusations, dénoncées comme politiques par l'Occident.

En détention, elle se plaint de problèmes de santé, que certains diplomates estimeront par la suite avoir été simulés. En février 2014, alors que le mouvement du Maïdan a fait chuter le gouvernement de Viktor Ianoukovitch, Ioulia Timochenko est libérée de prison le jour de la fuite en Russie du président.

Sa sortie de prison aurait pu être son moment de vérité, mais son apparition en chaise roulante sur le Maïdan, la place de Kiev qui pleurait ses morts au soir d'une journée de répression sanglante, ne convainc pas les contestataires qui répondent par des huées.

Quelques semaines plus tard, elle échoue à négocier avec les séparatistes pro-russes de l'Est, qui refusent de la recevoir, puis perd largement l'élection présidentielle de mai contre Petro Porochenko.

Outre les zones d'ombres de sa biographie, notamment lors des années 1990, ses critiques dénoncent son opportunisme.

Pour l'analyste Mykola Davydiouk, la "Dame de Fer" ukrainienne n'a rien d'original à proposer aux électeurs. "Son meilleur argument politique est la critique du gouvernement actuel", affirme-t-il. "Peu importe que cela ait du sens ou non, c'est ce qui lui attire la majeure partie de son soutien".

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