Irak : A Bassora, le Premier ministre accuse des partis politiques d'être derrière les violences

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Par AFP - Bassora
Publié le 10 septembre 2018 - 12:45
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Photo fournie par le bureau du Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, qui montre le chef du gouvernement (G) réuni avec des responsables locaux lors d'une visite le 10 septembre 2018 dans la ville
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© Handout / IRAQI PRIME MINISTER'S PRESS OFFICE/AFP
Photo fournie par le bureau du Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, qui montre le chef du gouvernement (G) réuni avec des responsables locaux lors d'une visite le 10 septembr
© Handout / IRAQI PRIME MINISTER'S PRESS OFFICE/AFP

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, en visite à Bassora après des manifestations meurtrières, a accusé lundi "des parties politiques ayant des branches armées" d'être derrière les violences ayant réduit en cendres de nombreuses institutions de la grande ville pétrolière du sud de l'Irak.

En cinq jours de défilés dénonçant la corruption des dirigeants et la déliquescence des services publics qui a créé une catastrophe sanitaire dans cette province côtière, 12 manifestants ont été tués.

En outre, le siège du gouvernorat, le consulat du très influent voisin iranien et la plupart des sièges de groupes armés, très implantés et puissants dans la province, et de partis, dont le parti Dawa du Premier ministre, ont été incendiés.

Les violences ont cessé samedi alors qu'un coup de théâtre rebattait les cartes politiques à Bagdad.

- Gouvernement sans Abadi -

A l'issue d'une réunion de crise du Parlement et du gouvernement, les deux vainqueurs des législatives, la liste du populiste Moqtada Sadr et celle des anciens combattants antijihadistes, proche de l'Iran, se sont dites "sur la même longueur d'onde" pour former au plus vite le futur gouvernement et mettre fin à la paralysie politique de l'Irak.

Cette nouvelle alliance écarte un peu plus M. Abadi, dont la liste est arrivée troisième aux législatives, de la possibilité de conserver son poste.

D'autant plus que le chef spirituel de la grande majorité des chiites d'Irak, le grand ayatollah Ali Sistani a laissé entendre qu'il ne voulait pas d'un futur Premier ministre "ayant déjà été au pouvoir".

Samedi, les députés doivent élire le président du Parlement, première étape du renouvellement de la direction du pays.

Le bloc pro-Iran semble désormais en position de force pour présider au choix du Premier ministre qui suivra. Mais il devra composer avec un accord tacite qui veut que ce ce choix soit validé par les deux puissances agissantes dans le pays: les Etats-Unis et l'Iran, actuellement à couteaux tirés.

C'est à ce bloc pro-Iran que M. Abadi --soutenu par l'Occident-- a semblé faire allusion en accusant des "parties politiques ayant des branches armées" d'avoir "tenté de mettre le feu à la province de Bassora".

Depuis mardi, les manifestations à Bassora n'ont cessé de dégénérer en violences jusqu'à franchir vendredi soir un palier avec l'incendie du consulat d'Iran que M. Abadi a condamné.

"Attaquer un consulat ou une représentation diplomatique est inacceptable", a-t-il affirmé à Bassora, selon la télévision d'Etat.

Pour se désolidariser de ces violences, les coordinateurs de la mobilisation ont annoncé samedi suspendre les manifestations. Mais pas question pour autant, préviennent-il, de déclarer le mouvement mort.

M. Abadi, qui a soigneusement évité la presse, a assuré qu'il ne partirait "pas de Bassora avant d'avoir eu des assurances sur la réussite des projets" que le gouvernement tente de mettre en place pour régler la pollution de l'eau qui a déjà mené à plus de 30.000 hospitalisations, ainsi que la pénurie chronique d'électricité et le chômage endémique.

Habitants et autorités locales assurent, eux, que le pouvoir à Bagdad ne leur redistribue pas les juteux revenus du pétrole irakien, pourtant majoritairement issus de cette province.

- Pas de services sans sécurité -

Depuis début juillet, Bassora est l'épicentre d'un mouvement de contestation sociale qui a un temps gagné l'ensemble du sud du pays.

Douze manifestants ont été tués depuis mardi dernier, les défenseurs des droits de l'Homme accusant les autorités qui elles affirment avoir donné l'ordre de ne pas tirer sur les défilés. Les responsables pointent du doigt des "vandales" infiltrés parmi les manifestants.

"Il ne peut pas y avoir de services publics sans sécurité", a répondu lundi M. Abadi, toujours selon la télévision d'Etat.

Début juillet, M. Abadi avait déjà annoncé le déblocage d'urgence de budgets et d'investissements de plusieurs milliards de dollars.

Son gouvernement a annoncé de nouvelles mesures samedi, mais les habitants de Bassora assurent ne pas constater d'amélioration. Le gouverneur de la province avait également accusé samedi devant le Parlement les autorités centrales de ne pas délivrer les budgets promis à sa région, lors d'un long échange tendu émaillé d’invectives avec M. Abadi.

Les deux hommes se sont rencontrés lundi à Bassora, où le ministre des Transports a offert un bâtiment pour accueillir le siège du gouvernorat, en remplacement de son complexe incendié.

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