Italie : Giuseppe Conte, "avocat du peuple", compose son gouvernement

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Par Fanny CARRIER - Rome (AFP)
Publié le 24 mai 2018 - 06:00
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Matteo Salvini, patron de la Ligue, pressenti à l'Intérieur, à Rome le 21 mai 2018
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© ANDREAS SOLARO / AFP/Archives
Matteo Salvini, patron de la Ligue, pressenti à l'Intérieur, à Rome le 21 mai 2018
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Giuseppe Conte, chargé de former le prochain gouvernement italien, a entamé jeudi des consultations pour composer son équipe, qui fait l'objet d'âpres négociations entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite).

A partir de la mi-journée, M. Conte a commencé à rencontrer des élus de tous les partis représentés au Parlement. Il devait terminé avec la Ligue à 18H20 (16H20 GMT), puis le M5S à 19H00 (17H00 GMT).

Selon les médias, il pourrait présenter vendredi sa liste au président Sergio Mattarella, qui a le pouvoir de nommer les ministres. L'équipe prêtera ensuite serment avant de se présenter devant le Parlement pour un vote de confiance.

Mercredi, M. Mattarella a désigné cet avocat et professeur de droit de 53 ans, novice en politique, sur lequel le M5S et la Ligue se sont accordés parce que chacun refusait qu'un poids-lourd de l'autre camp prenne la place.

Selon les médias, Matteo Salvini, patron de la Ligue, devrait devenir ministre de l'Intérieur, tandis que Luigi Di Maio, chef de file du M5S, prendrait la tête d'un grand ministère du Développement économique.

Le nom qui pose le plus de problèmes est celui que la Ligue défend pour l'Economie: Paolo Savona, un ancien ministre de 81 ans, vieux routier des milieux financiers aux positions critiques sur l'évolution de l'UE et sur l'euro.

- 'Dialogue avec l'UE' -

Déjà peu convaincu de l'autorité de M. Conte face aux poids-lourds politiques qui seront ses ministres, M. Mattarella, garant du respect des traités internationaux et élu par un Parlement de centre gauche, tient à ce que l'Italie respecte ses engagements européens.

M. Savona est "une personnalité éminente, reconnue, appréciée", a insisté M. Salvini jeudi sur Facebook, le disant "disposé, fort de son autorité et de sa connaissance, à aller aux rendez-vous européens non pas pour tout mettre sens dessus dessous mais pour reconstruire, pour remettre en marche un moteur qui sinon reste à l'arrêt".

A l'issue d'un entretien de deux heures mercredi avec M. Mattarella, M. Conte a toutefois évoqué sa volonté de "dialogue" avec les institutions européennes. "Je suis conscient de la nécessité de confirmer la place de l'Italie en Europe et dans le monde", a-t-il déclaré, dans un passage suggéré par le président, selon nombre de commentateurs.

Mais il a aussi promis d'appliquer le programme commun, résolument anti-austérité et sécuritaire, négocié par le M5S et la Ligue.

"Là, dehors, il y a un pays qui attend la naissance d'un gouvernement du changement", a-t-il déclaré, en se proposant de devenir "l'avocat de la défense du peuple italien".

Le programme commun M5S/Ligue tourne le dos à l'austérité et promet de combler les déficits avec une politique de croissance tous azimuts. De quoi préoccuper la commission européenne, dont le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a appelé mercredi l'Italie à apporter "une réponse crédible" sur sa colossale dette publique.

- 'Bon signal' -

L'heure était toutefois à la détente jeudi à Bruxelles, où les ministres allemand et français des Finances, Olaf Scholz et Bruno Le Maire, ont salué la volonté du nouveau chef du gouvernement italien de respecter les règles européennes.

"C'est un très bon signal que le futur président du conseil italien se soit exprimé de manière pro-européenne, qu'il ait dit qu'il veut, avec son gouvernement, s'en tenir aux règles européennes", a dit M. Scholz.

Et M. Le Maire d'abonder dans le même sens: "nous avons tous noté de manière positive les premières déclarations du président du conseil italien qui s'est engagé justement à respecter les règles européennes".

La Bourse de Milan a clôturé en baisse de 0,71%, tandis que le spread, l'écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans, était à 191 points après avoir frôlé les 200 points mercredi.

En Hongrie, pays dirigé par le national-conservateur Viktor Orban, le quotidien Magyar Idok (proche du pouvoir) voyait d'un bon oeil l'arrivée du nouvel exécutif italien, estimant qu'il "ne pouvait pas faire de mal dans la bataille contre Bruxelles et dans la course aux élections européennes de 2019".

Quant à l'influente Eglise italienne, elle a exprimé sa vigilance par la voix du cardinal Gualtiero Bassetti, président de la conférence des évêques. "Tout ce qui est bon, nous l'apprécierons, mais si quelque chose va à l'encontre de la famille, de la personne, du migrant ou de qui que ce soit, nous serons une voix critique", a-t-il averti.

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