Italie : la Ligue et le M5S tentent de former un gouvernement antisystème

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Par AFP - Rome
Publié le 10 mai 2018 - 06:00
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Une oeuvre du street artiste Sirante parodiant "Les Tricheurs" du Caravage avec Silvio Berlusconi (à gauche), Matteo Salvini (au centre) et Luigi Di Maio (à droite), à Rome le 13 avril 2018
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© Fanny CARRIER / AFP/Archives
Une oeuvre du street artiste Sirante parodiant "Les Tricheurs" du Caravage avec Silvio Berlusconi (à gauche), Matteo Salvini (au centre) et Luigi Di Maio (à droite), à Rome le 13 a
© Fanny CARRIER / AFP/Archives

La Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles doivent poursuivre jeudi leurs discussions pour tenter de former ce qui serait le premier gouvernement antisystème en Italie et en Europe.

Silvio Berlusconi, le milliardaire qui a dirigé la droite italienne pendant 25 ans, a ouvert la voie à la formation d'un tel gouvernement en donnant mercredi soir son feu vert à un accord entre son allié, la Ligue, et le M5S.

Les deux formations, qui disposent de la majorité au Parlement depuis les élections législatives du 4 mars, doivent cependant encore s'entendre sur un chef de gouvernement et sur un programme commun.

Après plus de deux mois de discussions infructueuses entre les diverses forces politiques, le président italien Sergio Mattarella avait prévu d'annoncer mercredi après-midi le nom d'une personnalité qui serait chargée de diriger un gouvernement technique avant de nouvelles élections.

Mais à la mi-journée le palais présidentiel a annoncé que la Ligue et le M5S, fermement opposés à l'idée d'un gouvernement technique, demandaient un délai.

"Le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue ont informé le président qu'ils sont en discussions pour tenter de parvenir à un possible accord de gouvernement et qu'ils ont besoin de 24 heures pour développer cette initiative", a indiqué la présidence dans un communiqué.

"Nous allons nous asseoir autour d'une table et nous allons commencer à parler des thèmes pour le pays. Ensuite nous parlerons des noms", a déclaré à la presse Luigi Di Maio, chef de file du M5S.

"Il reste à travailler sur le programme, sur les échéances, sur l'équipe et les choses à faire", a dit Matteo Salvini, patron de la Ligue, dans un communiqué. "Soit on conclut, soit on retourne voter".

Depuis deux mois, M. Berlusconi apparaissait comme le principal obstacle à ce dialogue: pour M. Di Maio, il était le symbole de tous les maux de l'Italie et donc infréquentable, tandis que pour M. Salvini, il restait au contraire un allié précieux qu'il a toujours refusé de lâcher.

"Moi je fais un pas en arrière, Salvini fait un pas en arrière, il y a encore quelqu'un qui doit faire un pas en arrière", avait insisté M. Di Maio, alors que lui comme M. Salvini ont tous deux renoncé à diriger eux-mêmes le gouvernement.

Dans un communiqué publié mercredi soir, M. Berlusconi a répété que les élus de son parti Forza Italia (FI) ne voteraient jamais la confiance à un gouvernement du M5S, jugeant que le M5S n'avait "pas la maturité politique pour assumer cette responsabilité".

Mais "si une autre force politique de la coalition de droite veut assumer la responsabilité de former un gouvernement avec les 5 étoiles, nous prendrons acte de ce choix avec respect", a-t-il assuré.

- Discussions en cours -

Et la victoire est totale pour M. Salvini puisque son vieil allié assure qu'un tel choix "ne marquera pas la fin de l'alliance" entre FI et la Ligue, en particulier dans les régions qu'ils dirigent ensemble, dans le nord de l'Italie.

Ensemble, Ligue et M5S disposent d'une majorité de 7 voix au Sénat et de 32 voix à la Chambre des députés, et pourraient bénéficier au coup par coup du soutien actif ou au moins d'une abstention bienveillante des partenaires de la coalition de droite, dont Forza Italia.

Les divergences semblent importantes entre la Ligue, formation nationaliste proche du Front national français, qui a fait le plein des voix dans le Nord sur la promesse de baisses massives d'impôts, et le M5S, plus ambivalent sur l'Union européenne et plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté.

Mais outre l'ambition de leurs jeunes dirigeants, les deux partis ont en commun un rejet des forces politiques traditionnelles et des promesses voisines en matière de retraites, de lutte contre l'immigration ou de moralisation de la vie politique.

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