Jean-Luc Godard, star du Festival de Cannes 50 ans après mai 68

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Par Sophie LAUBIE - Cannes (AFP)
Publié le 11 mai 2018 - 16:48
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Le cinéaste de la Nouvelle vague Jean-Luc Godard le 19 juin 2010
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© Miguel MEDINA / AFP/Archives
Le cinéaste de la Nouvelle vague Jean-Luc Godard le 19 juin 2010
© Miguel MEDINA / AFP/Archives

En mai 68, il débarquait au Festival de Cannes pour interrompre les festivités. Cinquante ans plus tard, l'insaisissable Jean-Luc Godard ne devrait pas fouler le tapis rouge pour la projection vendredi de son film "Le livre d'image", en lice pour la Palme d'or.

Le mythique cinéaste de la Nouvelle vague, présent ou non, sera la star d'une journée aussi marquée par la projection, en compétition, des "Eternels" du Chinois Jia Zhangke et par une séquence souvenir avec "Le Grand Bleu", de Luc Besson, sur la plage 30 ans après sa sortie.

Après "Adieu au langage", oeuvre difficile et inclassable en 3D récompensée par le Prix du jury à Cannes en 2014, le cinéaste franco-suisse de 87 ans est sélectionné pour son dernier film, présenté comme une réflexion sur le monde arabe en cinq parties, à travers des images documentaires et de fiction.

La présence du cinéaste d'"A bout de souffle", qui n'a fait le voyage ni en 2010 (pour "Film socialisme") ni en 2014, semblait compromise vendredi. Le cinéaste provocateur pourrait toutefois donner samedi une conférence de presse via FaceTime, l'application d'appels vidéos d'Apple.

Il faut remonter à 2004 pour sa dernière apparition - hors compétition - sur la Croisette avec "Notre musique".

Reclus en Suisse, celui qui a révolutionné l'écriture cinématographique s'est tenu éloigné ces dernières années du monde du cinéma.

- Célébré sur l'affiche -

Sa venue serait pourtant symbolique, 50 ans après le Festival interrompu de mai 68. Alors que la France était en grève, il avait alors été en tête, aux côtés de François Truffaut, de la révolte pour exiger l'arrêt de la compétition par solidarité avec le mouvement étudiant et ouvrier.

Mai 68 a aussi été le point de départ d'une radicalisation de son oeuvre, avec des "films politiquement politiques" puis l'expérimentation de la vidéo.

L'année 1980 avait marqué son retour à la fiction avec "Sauve qui peut (la vie)" avec Isabelle Huppert, Nathalie Baye, Jacques Dutronc. Mais le film, présenté à Cannes, avait divisé profondément le public et la critique. A la sortie de la projection officielle, "un désastre", selon son biographe Antoine de Baecque, Godard avait même été pris à partie et insulté. Cinq ans plus tard, il recevra à Cannes une tarte à la crème avant la projection de "Détective" de la part de l'"entarteur" belge Noël Godin.

L'affiche du Festival de Cannes met cette année aussi "JLG" à l'honneur, avec un baiser entre Jean-Paul Belmondo et Anna Karina dans "Pierrot le fou", son film culte de 1965.

- Controversé -

Cette nouvelle sélection à Cannes, sa septième en compétition, couronne une longue carrière marquée par une cinquantaine de films où se mêlent fictions, films militants, vidéos et films grand public.

Mais récompensé une seule fois, en 2014, Godard reste un cinéaste controversé, dont certains jugent l'oeuvre prétentieuse ou trop hermétique.

Autre clin d'oeil à mai 68 vendredi, un hommage sera rendu au distributeur et réalisateur Marin Karmitz, fondateur du groupe MK2, dont la carrière avait aussi connu un tournant après cette période. Son film "Coup pour coup" (1972), oeuvre militante en écho aux luttes sociales de 1968, sera projeté dans la section Cannes Classics.

Après 1968, "il s'agissait de revenir à un rapport direct avec la société, avec les luttes populaires, et de donner la parole à ceux qui ne l'avaient pas", a expliqué à l'AFP Marin Karmitz.

Avec Godard, "on a fait deux films sur le même sujet, une grève de femmes, qui prenaient la parole dans les usines, c'était très nouveau, parce qu'elles n'avaient quasiment pas droit à la parole", a-t-il ajouté. Pour lui, ce sera donc "Coup pour coup", et pour Godard "Tout va bien", avec Yves Montand et Jane Fonda. "C'était vraiment le même sujet, mais traité de deux façons différentes", estime M. Karmitz.

Autre symbole de mai 68, l'ex-député européen Daniel Cohn-Bendit sera à Cannes la semaine prochaine avec le réalisateur Romain Goupil pour présenter hors compétition leur film "La Traversée".

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