L'accord sur Minbej servira à "rebâtir la confiance" avec les Etats-Unis selon la Turquie

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Par Luana Sarmini-Buonaccorsi - Antalya (Turquie) (AFP)
Publié le 06 juin 2018 - 16:51
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Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu et le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo à Washington le 4 juin 2018
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© MARK WILSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu et le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo à Washington le 4 juin 2018
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La mise en oeuvre de la feuille de route de Washington et Ankara au sujet de la ville syrienne stratégique de Minbej permettra de "rebâtir la confiance" entre les deux alliés, opposés sur de nombreux dossiers, a estimé mercredi le ministre turc des Affaires étrangères.

"L'application de cette feuille de route nous aidera à reconstruire la confiance mutuelle entre deux alliés", a déclaré Mevlüt Cavusoglu dans un entretien à l'AFP.

Il s'est toutefois montré prudent en affirmant que "Washington n'a pas tenu ses promesses par le passé". La feuille de route "doit être appliquée. Sinon, la confiance sera brisée", a-t-il martelé

"Mais je crois que (les Etats-Unis) ont compris que c'est une question cruciale", ajoute-t-il, répondant aux questions de l'AFP lors d'un déplacement à Antalya (sud) où il fait campagne en vue des législatives du 24 juin.

La ville de Minbej, à majorité arabe, située à 30 km de la frontière turque, est actuellement sous contrôle des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme "terroriste" par la Turquie, mais alliée des Etats-Unis pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI).

Les YPG forment l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance de combattants arabes et kurdes qui a joué un rôle clé pour faire reculer l'EI en Syrie et qui a d'ailleurs pris Minbej aux jihadistes en 2016.

Le soutien apporté par les Américains à cette milice a nettement tendu les relations avec la Turquie, qui considère les YPG comme l'émanation en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé "terroriste" par Ankara, mais aussi Washington et Bruxelles.

La Turquie a ainsi menacé à de nombreuses reprises d'attaquer Minbej, où des troupes américaines et françaises de la coalition internationale antijihadiste sont pourtant stationnées.

Mais lors d'une rencontre à Washington lundi, M. Cavusoglu et son homologue américain Mike Pompeo ont approuvé une "feuille de route" commune visant à assurer la sécurité et la stabilité de Minbej.

- 'Eradiquer les YPG' -

"L'objectif de la feuille de route est d'éradiquer les YPG/PKK de Minbej, puis nous travaillerons (avec les Etats-Unis) pour établir un cadre sécuritaire, et nous déciderons ensemble de qui gèrera la ville", explique M. Cavusoglu.

Il s'agit d'un "cadre politique large" dont les "détails doivent encore être négociés" et dont la mise en oeuvre "se fera étape par étape en fonction des développements sur le terrain", a expliqué à la presse mardi un haut responsable du département d'Etat américain.

Sans faire référence à l'accord turco-américain, les YPG ont annoncé mardi le "retrait" de Minbej de leurs derniers "conseillers militaires", chargés de former des combattants antijihadistes locaux.

"Je ne suis pas certain qu'ils soient en train de partir", réagit M. Cavusoglu, affirmant avoir appris la nouvelle de ce retrait dans la presse.

"Par le passé, les Etats-Unis nous ont dit que (les YPG) étaient partis, et ce n'était pas le cas", poursuit-il. "Pour le moment, je ne sais pas si c'est vrai ou non".

La Turquie, engagée dans une lutte armée avec le PKK sur son territoire, voit d'un très mauvais oeil la présence de forces kurdes syriennes à sa frontière et a mené deux offensives militaires dans le nord de la Syrie pour les en chasser depuis 2016.

La dernière opération en date, baptisée "Rameau d'olivier", a été lancée en janvier 2018, et visait à déloger les YPG d'Afrine.

Depuis, Ankara évoque la possibilité de nouvelles incursions militaires pour éliminer définitivement le PKK et ses affiliés, notamment dans le nord de l'Irak.

"Nous éliminerons (les YPG) où qu'ils soient", promet le ministre turc. "Une organisation terroriste doit soit déposer les armes, soit être éliminée".

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