Le départ soudain de Hulot assombrit la rentrée de l'exécutif

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Par Gaëlle GEOFFROY - Paris (AFP)
Publié le 28 août 2018 - 16:43
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Le président Emmanuel Macron à Copenhague au Danemark, le 28 août 2018
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© ludovic MARIN / AFP
Le président Emmanuel Macron à Copenhague au Danemark, le 28 août 2018
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Moins de deux mois après l'affaire Benalla, la démission surprise de Nicolas Hulot, en pleine rentrée politique, est un nouveau coup dur pour le gouvernement et Emmanuel Macron, au moment où sa popularité est au plus bas.

Un président de la République en déplacement à l'étranger, un porte-parole du gouvernement appelé à réagir quasiment en direct: après des mois d'atermoiements, le ministre de la Transition écologique a annoncé sur France Inter qu'il quittait le gouvernement. Ni Emmanuel Macron ni Édouard Philippe n'avaient été prévenus.

Pris de court depuis Copenhague, Emmanuel Macron a dit dans l'après-midi "respecter" la décision de Nicolas Hulot, "un homme libre" dont l'Elysée vante le bilan, et compter sur son engagement "sous une autre forme".

En misant sur Nicolas Hulot, Emmanuel Macron et Édouard Philippe "savaient qu'ils prenaient un risque car dès le départ Nicolas Hulot avait dit que si ça n'allait pas assez vite, il partirait", rappelle Daniel Boy, chercheur au Cevipof.

Le journaliste de France Inter Thomas Legrand, qui a discuté avec M. Hulot avant l'interview, a évoqué sur BFMTV une réunion sur la chasse lundi à l'occasion de laquelle Emmanuel Macron, en réponse aux interrogations du ministre sur la présence du lobbyiste Thierry Coste, "aurait dit +je ne sais pas comment ce monsieur est rentré+", a rapporté le journaliste. Nicolas Hulot a alors eu "le sentiment qu'on se foutait un petit peu de lui".

- L'exécutif "subit" -

Cette démission arrive comme "une nouvelle difficulté, et ça continue de donner le sentiment qu'après un an où l'exécutif avait la main, depuis l'affaire Benalla, il subit. Il subit l'affaire Benalla, il subit les mauvais chiffres de la croissance, il subit l'équation budgétaire difficile, et aujourd'hui il subit - puisqu'il l'apprend à la radio - la démission de Nicolas Hulot", énumère Bernard Sananès, président de l'institut Elabe.

"Ce n'est jamais agréable de perdre quelqu'un qui a une liberté de ton, dont on connaît la sincérité de l'engagement sur ces sujets", admet une source gouvernementaile, mais "ce qui change la vie des gens, ce n'est pas le nom du ministre mais ce sont les politiques mises en œuvre".

La même source confesse ignorer "comment l'opinion va réagir" au départ de M. Hulot.

A en croire Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, c'est d'abord au prisme des dossiers économiques et sociaux, et pas de la question climatique, que l'efficacité du pouvoir est évaluée. Après l'affaire Benalla, l'impact pour Emmanuel Macron serait d'abord symbolique : "Sur des affaires extrêmement différentes, Emmanuel Macron perd ce qui était une de ses forces: la gestion de l'agenda médiatique", explique le sondeur.

Nicolas Hulot, caution écologique de ce début de quinquennat Macron, qui avait refusé d'entrer dans de précédents gouvernements, restait selon plusieurs instituts de sondage la personnalité politique préférée des Français. Ceux-ci étaient toutefois partagés sur l'efficacité de l'action du ministre.

- Reconnu ou technique -

Qui pourra remplacer ce ministre-clé dans l'édifice gouvernemental ? "Pour être ministre de l'Environnement, il faut avoir un poids politique", souligne Daniel Boy.

Premier profil évoqué par les politologues, "un écolo connu et reconnu", dit M. Boy, notant que "le seul qui reste en poste et qui est Macron compatible, c'est François de Rugy", le président de l'Assemblée nationale.

Autre solution, un ministre "technicien", compétent mais pas forcément connu du grand public. Ou un ministre plus "politique", à l'image du secrétaire d'État à la Transition écologique Sébastien Lecornu, ancien maire d'Évreux.

Reste que le prochain ministre "ne pourra pas du point de vue de la surface médiatique, dans son rapport aux Français, complètement éclipser Nicolas Hulot", souligne Frédéric Dabi.

"Il ne faut pas se dire qu'il faut trouver le même", affirme la source gouvernementale interrogée par l'AFP, en soulignant la singularité et la très forte personnalité" de Nicolas Hulot, avant d'esquisser un profil a priori plus modeste : "Quelqu'un qui ait un peu de convictions pour s'emparer des sujets, mais aussi quelqu'un qui aime mettre les mains dans le cambouis".

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