Le ministre de la Justice nommé par Trump jure de protéger l'enquête russe

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Par Charlotte PLANTIVE - Washington (AFP)
Publié le 15 janvier 2019 - 19:01
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Le candidat de Donald Trump au poste de minsitre de la Justice, est auditionné mardi par la commission judiciaire du Sénat des Etats-Unis.
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© SAUL LOEB / AFP
Le candidat de Donald Trump au poste de minsitre de la Justice, est auditionné mardi par la commission judiciaire du Sénat des Etats-Unis.
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Le candidat de Donald Trump au poste de ministre de la Justice, Bill Barr, a juré mardi de protéger la tentaculaire enquête russe de toute interférence politique, mais s'est heurté lors de son audience de confirmation au Sénat à la méfiance des démocrates.

Le juriste républicain de 68 ans a besoin du feu vert du Sénat pour faire son retour au gouvernement, plus de 25 ans après avoir été l'"Attorney General" du président George H.W. Bush.

Sans se départir de son calme face au feu nourri des questions des parlementaires, il a martelé qu'il était un homme "indépendant" et a promis de résister à toutes les pressions, y compris présidentielles.

N'hésitant pas à contredire le président Trump, il a défendu son "bon ami", le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'établir s'il y a eu collusion entre Moscou et l'équipe du candidat républicain lors de la présidentielle de 2016.

"Je ne crois pas que M. Mueller puisse être impliqué dans une chasse aux sorcières", a déclaré Bill Barr, alors que le milliardaire new-yorkais ne cesse d'utiliser cette formule pour conspuer une enquête menée selon lui par un procureur "hors de contrôle".

"Je crois que la Russie s'est ingérée dans les élections ou a essayé de le faire, et nous devons aller au terme" de cette enquête, a-t-il encore dit devant la commission judiciaire du Sénat.

Le FBI et les agences américaines du renseignement sont unanimes pour dire que le Kremlin a tenté de peser sur le cours de la campagne de 2016, mais le président Trump s'est montré réticent à reprendre leurs conclusions à son compte.

Bill Barr s'est en revanche gardé de s'engager à publier l'intégralité des conclusions du procureur Mueller. "Mon intention est de publier autant d'informations que possible", a-t-il seulement dit.

- "Abus de pouvoir" -

Bill Barr, qui avait été confirmé avec un fort consensus lors de sa précédente nomination au ministère de la Justice, se présente cette fois dans un contexte politique beaucoup plus tendu.

Les démocrates ont tenu à vérifier qu'il n'allait pas essayer de rogner les ailes du procureur spécial une fois qu'il sera, en tant que ministre de la Justice, chargé de superviser son travail.

Ils l'ont longuement interrogé sur un mémo, qu'il avait adressé de son propre chef en juin au gouvernement pour critiquer un volet de l'enquête russe, considéré comme "irrémédiablement mal conçu".

Le sénateur Patrick Leahy a comparé son mémo à "une offre d'emploi", un moyen de se positionner comme successeur potentiel du ministre de la Justice Jeff Sessions, sur la sellette depuis plusieurs mois (et qui a finalement été limogé en novembre).

"C'est grotesque", a rétorqué Bill Barr, en assurant qu'il y avait "des manières plus directes pour attirer l'attention du président".

Soulignant que M. Barr était partisan d'une lecture assez large des pouvoirs exécutifs, la sénatrice Dianne Feinstein lui a demandé ce qu'il penserait si "le président demandait à un ministre de la Justice de mettre un terme à une enquête criminelle pour des raisons personnelles".

Ce serait "un abus de pouvoir", a-t-il répondu.

Et si le président accordait sa grâce à un protagoniste de l'enquête russe en échange de son silence?, a ajouté le sénateur Dick Durbin.

"Ce serait un crime", a tranché le candidat.

"Personne", pas même le président, "ne pourra me pousser à faire une chose que je juge mauvaise", a-t-il encore promis.

Les républicains étant majoritaires au Sénat (53 sièges sur 100), Bill Barr a de bonnes chances d'être confirmé à l'issue de son audition, qui se poursuivra mercredi.

Depuis le limogeage de Jeff Sessions, l'intérim est assuré par son ancien directeur de cabinet Matthew Whitaker, que les démocrates soupçonnent d'être à la botte du président Trump, et qu'ils sont pressés de voir partir.

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