Le Saint-Sépulcre à Jérusalem fermé en protestation contre des mesures fiscales

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Par Shatha YAISH - Jérusalem (AFP)
Publié le 25 février 2018 - 17:14
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Le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem Theophilos III lit un communiqué à la presse to the press aux côtés d'autres responsables devant l'église du Saint-Sépulcre dans la Vieille ville de Jérusalem
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© GALI TIBBON / AFP
Le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem Theophilos III lit un communiqué à la presse to the press aux côtés d'autres responsables devant l'église du Saint-Sépulcre dans la Vieil
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Des responsables chrétiens ont pris dimanche la rare décision de fermer l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, site du tombeau du Christ selon la tradition, pour protester contre des mesures fiscales israéliennes.

La fermeture de l'église, annoncée par ces responsables religieux sur le parvis de l'édifice lors d'une conférence de presse, a débuté aux environ de midi (10H00 GMT). Sa durée n'a pas été clairement établie, des ecclésiastiques se contentant d'affirmer qu'elle intervenait jusqu'à nouvel ordre.

Les autorités israéliennes veulent faire payer des impôts sur certaines propriétés des Eglises considérées comme "commerciales".

"En signe de protestation, nous avons décidé de prendre cette mesure sans précédent de fermer l'église du Saint-Sépulcre", ont annoncé devant le site des responsables grecs orthodoxes, apostoliques arméniens et catholiques avant d'en fermer les lourdes portes en bois.

Selon eux, de telles mesures israéliennes s'apparentent à "une tentative d'affaiblir la présence chrétienne à Jérusalem".

"Si (le projet) est approuvé, il rendrait possible l'expropriation des terres des Eglises", affirme un communiqué. "Cela nous rappelle toutes les lois de même nature qui ont été appliquées aux Juifs durant les heures sombres de l'Europe".

Une commission ministérielle israélienne devait examiner le projet dimanche, mais sa décision a été reportée d'une semaine.

Dénonçant une "nouvelle agression" contre la ville de Jérusalem, un porte-parole du gouvernement palestinien qui siège à Ramallah, en Cisjordanie occupée, a estimé que la décision israélienne "pourrait se traduire par une mainmise (d'Israël) sur des terrains appartenant aux églises".

Considéré comme le site le plus saint de la chrétienté, le Saint-Sépulcre est construit à l'endroit où Jésus à été crucifié et mis au tombeau, selon la tradition. Des centaines de milliers de personnes s'y rendent chaque année en pèlerinage.

L'église est située dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville sainte qu'Israël occupe depuis 50 ans et dont l'annexion est considérée comme illégale par la communauté internationale.

- 'Très décevant' -

Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a fait savoir dans un communiqué que la ville comptait récupérer des arriérés d'impôts d'un montant de 650 millions de shekels (152 millions d'euros) sur certaines propriétés, comme les "hôtels, salles de réunion et commerces", appartenant aux Eglises.

Les responsables chrétiens estiment que ce projet de loi compromet leur travail quotidien, affirmant que ces biens servent à leurs oeuvres sociales.

Par ailleurs, un projet de loi distinct vise à apaiser les craintes des Israéliens vivant dans des maisons bâties sur des terres qui étaient détenues par l'Eglise orthodoxe grecque et qui ont été vendues récemment à des promoteurs privés.

Ces Israéliens craignent en effet d'être expulsés par les nouveaux propriétaires pour permettre le lancement de projets immobiliers.

Ces ventes récentes de terres par l'Eglise orthodoxe grecque ont par ailleurs provoqué la colère des Palestiniens qui redoutent qu'elles servent à la construction de logements destinés à des colons israéliens à Jérusalem-Est.

Selon les médias israéliens, le ministère des Affaires étrangères a critiqué la décision du maire de Jérusalem sur la taxation des propriétés des églises, des responsables estimant que cette décision compromettait un statu quo de plusieurs décennies.

Dimanche, des touristes confus ont trouvé les portes de l'église closes et des guides touristiques tentaient d'expliquer pourquoi ils ne pouvaient pas entrer. Un pèlerin s'est agenouillé et a prié tandis que des barrières étaient installées autour de l'entrée.

"C'est très décevant", a regretté Elona, une touriste russe âgée d'une vingtaine d'années qui avait prévu de visiter le lieu saint.

"C'était très important pour nous de la visiter car c'est notre première fois ici", a-t-elle confié.

La fermeture du Saint-Sépulcre, géré par les Eglises grecque orthodoxe, apostolique arménienne et catholique, est rare.

En 1990, il avait été fermé avec d'autres sites chrétiens pour protester contre l'installation de colons près de cette église. Neuf ans plus tard, les sites chrétiens avaient été de nouveau fermés pour protester contre la construction d'une mosquée à proximité de la basilique de l'Annonciation à Nazareth.

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