Les Guyanais "n'oublient" pas les "morts" et fêtent la Toussaint

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 02 novembre 2017 - 09:48
Image
Des Guyanais se rassemblent au cimetière de Cayenne, pour célébrer la Toussaint, le 1er novembre 201
Crédits
© jody amiet / AFP
Des Guyanais se rassemblent au cimetière de Cayenne, pour célébrer la Toussaint, le 1er novembre 2017
© jody amiet / AFP

Constellé des lueurs de milliers de bougies rouges, le cimetière du centre-ville de Cayenne s’est animé mercredi pendant la soirée de la Toussaint, une commémoration très suivie en Guyane, où la population est majoritairement chrétienne.

"C’est un devoir pour nous de venir, on n’oublie pas nos morts", a expliqué à l’AFP, Virginie, 79 ans, habillée d’une robe brodée et assise sur une petite chaise devant la tombe d’un de ses proches.

A quelques dizaines de mètres, baignés du musc de l’encens, huit membres d’une famille sont venus honorés leurs aïeux sino-guyanais. "On essaye de perpétuer les traditions. Nous, nous sommes nés catholiques et nos parents étaient bouddhistes donc on essaye de faire les deux religions", raconte Sylvie, désormais domiciliée aux Antilles françaises mais revenue en Guyane pour l’occasion.

Les hommes de sa famille ont allumé un feu dans un sceau en métal qui contient "de l’or et de l’argent". Pour que les défunts "puissent recevoir" ces présents, détaille Sylvie.

Au milieu du cimetière, s’élève la stèle commémorative de Léon Gontran Damas, poète et écrivain guyanais, co-fondateur du mouvement Négritude. La pierre est parée en cette soirée de guirlandes lumineuses.

Certains ouvrages sont bien plus modestes, façonnés de terre qu’il faut remodeler après chaque saison des pluies.

Par endroit, les familles réunies partagent à manger avec les disparus. Chantal, employée de la fonction publique, a apporté de "l’eau et un gâteau" pour la petite assemblée.

- "Contents de se retrouver" -

"On est contents de se retrouver en famille car on ne se voit pas souvent avec le travail". Le rassemblement permet de "discuter, rigoler", poursuit Chantal, qui attend une quinzaine de proches en mémoire de son fils.

Les repas partagés se font néanmoins de plus en plus discrets. Il y a quelques années, il était habituel de voir le "colombo" et le riz chaud être servis pour l’occasion, se remémore un Cayennais. Mercredi soir, seules quelques friandises passaient de main en main. "C’est moins festif, moins illuminé qu’avant", témoigne Virginie, qui se recueille chaque année depuis sa prime enfance.

Au fil des ans, les fleurs artificielles ont aussi remplacé les senteurs fraîches, regrette Noémie, quinquagénaire. "On n’a pas le choix avec les histoires de moustiques et l’eau qui stagne dans les pots, mais moi ça me gêne".

Le vieux cimetière de Cayenne est aujourd’hui saturé et n’accueille plus de nouveaux défunts.

L’inhumation la plus ancienne est attribuée à Victor Hugues. Cet ancien gouverneur de Guyane décédait en 1826. C’est lui qui rétablit l’esclavage dans la colonie française d’Amazonie en 1802, sous les ordres de Napoléon.

Une partie du cimetière est consacrée aux Sœurs de Saint-Paul. Pour l’occasion, leurs croix sont toutes ornées de fleurs blanches.

Les bagnards et les prisonniers n’eurent au siècle passé pas droit à une cérémonie. "Ils étaient jetés dans les fosses communes", indique Paul, citoyen passionné d’histoire, venu commémorer les défunts.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.