Les organismes HLM choqués par le budget 2018 qui "détruit" le logement social

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Par AFP
Publié le 27 septembre 2017 - 19:21
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Avec de sévères économies sur le budget du logement, principalement tirées d'une ponction sur les ressources des bailleurs sociaux, le projet de loi de finances pour 2018 a fait l'effet d'une douche froide au congrès des organismes HLM.

Détaillé mercredi en Conseil des ministres, le document prévoit un budget en baisse de 18% en deux ans et des aides personnelles au logement (APL) qui fondent de 1,7 milliard d'euros dès l'an prochain.

Ainsi le ministère de la Cohésion des territoires verra-t-il son budget tomber de 18,3 milliards d'euros à 16,5 milliards l'an prochain puis 15 milliards en 2019.

En ligne de mire: les APL qui représentent 18 milliards d'euros, une "charge lourde" pour l'Etat, sans que soient atteints, affirme Bercy, "les objectifs d'amélioration des conditions de logement".

Engagée sur deux ans, leur réforme porte d'abord, dit Bercy, sur le secteur social qui loge environ dix millions de personnes en France: la dépense publique y diminuera de 1,7 milliard d'euros en 2018.

Cette baisse provient, pour 1,5 milliard, d'une baisse de loyers imposée aux bailleurs sociaux, censée rendre "indolore" pour les locataires HLM, la réduction de leur APL pour un montant global équivalent.

En outre, les loyers du parc social seront gelés en 2018, grevant encore les ressources des organismes.

"Notre pronostic vital est engagé", a réagi auprès de l'AFP Alain Cacheux, président de la fédération des Offices publics de l'habitat (OPH) qui regroupe 264 organismes gérant un parc de 2,4 millions de logements.

"C'est totalement injuste: on fait payer au secteur HLM des dérives en matière de loyers qui sont celles du secteur privé, alors que nos loyers sont encadrés", s'est-il ému.

Le mouvement HLM, réuni en congrès à Strasbourg jusqu'à jeudi, y voit la volonté de "détruire son modèle économique et social".

"Un Français sur deux vit ou a vécu en HLM : le gouvernement va nous rendre incapables de leur apporter cette stabilité au moment où la précarité, le chômage, les bas salaires augmentent", a déclaré Marianne Louis, secrétaire générale de l'USH (Union sociale de l'habitat, 723 bailleurs).

- Les plus pauvres touchés de plein fouet -

Selon le gouvernement, cette chute de ressources doit être compensée par une stabilisation pendant deux ans du taux du livret A - dont les fonds d'épargne servent à financer le logement social - et un allongement de la dette des organismes HLM. Ces derniers dénoncent un écran de fumée.

Les organismes HLM seront "d'autant plus touchés qu'ils auront de locataires percevant l'APL", souligne M. Cacheux. "C'est un coup violent assené à tous les territoires en crise, aux organismes les plus fragiles, qui ont les locataires les plus pauvres".

Et affirmer que les locataires "ne seront pas touchés est une tromperie: les conditions de vie vont se dégrader, les organismes n'auront plus les moyens d'entretenir les logements".

Mercredi une pétition en ligne a été lancée par le collectif "Vive l'APL" qui réunit une soixantaine d'organisations de défense des locataires et mal-logés (CNL, CGL, CLCV, Fondation Abbé Pierre, DAL, Attac, Ligue des droits de l'homme), d'étudiants (FAGE, Unef) de syndicats (CGT, FSU, Solidaires) et de bailleurs sociaux.

Des rassemblements sont prévus le 14 octobre, a rappelé Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du Droit au Logement (Dal), appelant à la "création de collectifs locaux partout en France".

"On s'attaque aux deux outils de la solidarité nationale envers les plus fragiles: l'APL et le logement social", a estimé Christophe Robert, porte-parole de la fondation Abbé Pierre.

Cette politique "fragilise les bailleurs sociaux, ce qui contredit l'objectif de réaliser un choc d'offre". Un logement neuf sur trois construit en France est un logement HLM.

Quant à la suppression de l'APL accession, une aide publique qui aide les ménages modestes à acheter leur premier logement, elle "contredit l'objectif de favoriser la mobilité des ménages".

Jeudi le secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires Julien Denormandie doit s'exprimer lors d'une clôture du congrès qui s'annonce tendue.

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