A Saint-Barth, le tourisme repart mais le logement reste en crise

Auteur:
 
Par Valentine AUTRUFFE - Gustavia (AFP)
Publié le 25 mars 2018 - 12:46
Image
Une rue de Gustavia après le passage de l'ouragan Irma le 6 septembre 2017
Crédits
© Valentine AUTRUFFE / AFP/Archives
Une rue de Gustavia après le passage de l'ouragan Irma le 6 septembre 2017
© Valentine AUTRUFFE / AFP/Archives

Six mois après l'ouragan Irma, le tourisme repart peu à peu sur l’île de Saint-Barthélemy. Mais la crise du logement perdure et la vie des habitants reste très compliquée.

Tous les visiteurs qui posent le pied à Saint-Barthélemy sont surpris de la belle allure du port de Gustavia et des abords de l’aéroport. Toutefois, en poussant la balade dans certains quartiers, les stigmates d’Irma sont bien présents. Des toits arrachés, des maisons branlantes dont il ne reste que les murs...

Dans le quartier de Saline, il reste plusieurs centaines de tonnes de déchets à évacuer. Ce seul poste budgétaire a déjà coûté 7 millions d’euros à la Collectivité de Saint-Barthélemy, et ce n’est pas fini. Au centre de propreté, les équipes sont débordées.

Même constat du côté des artisans, trop peu nombreux pour répondre à toutes les demandes de reconstruction. Ils travaillent d’arrache-pied, de chantier en chantier, dans une volonté générale sur l’île de rebâtir le plus vite possible.

"On est débordés d’appels, de devis, on a tous reporté nos vacances et on travaille six jours sur sept", relate un frigoriste. Toutefois, ils sont freinés par un autre problème : l’acheminement des matériaux, qui fonctionne au ralenti.

A Saint-Barthélemy, où Johnny Hallyday a été inhumé fin 2017, le tout petit port de commerce n’arrive pas à traiter tous les containers qui arrivent. Il a fallu rattraper les retards liés à Irma, gérer l’afflux de marchandises. La houle de l’ouragan a bougé les fonds marins, et plusieurs mètres cubes de sable dans le chenal ont créé un haut-fond qui empêche certains cargos d’approcher avec toute leur capacité de chargement. Ainsi, pour les matériaux de construction, comme les pièces de réparation des voitures, sans oublier l'approvisionnement des magasins, toute l’île attend ses colis.

- Et bientôt la saison cyclonique...-

Entre les habitations toujours sinistrées et la main d’œuvre que les entreprises font venir, Saint-Barthélemy connaît une rude crise du logement. Le marché locatif, déjà très tendu, est devenu un champ de bataille. Les entrepreneurs font monter les prix des loyers, les conflits entre propriétaires et locataires explosent.

"Si je ne trouve pas en juillet, je vais devoir partir", s'inquiète Sophie. En un mois de recherche, elle n’a visité aucun logement, reçu aucun appel, trouvé aucune piste. "Ma vie est ici, je vis là depuis sept ans…". Sur une île où le prix d’un loyer est d’environ 2.500 euros mensuels pour un 2-3 pièces, beaucoup de résidents ont jeté l’éponge et sont partis, notamment des familles.

Parallèlement, les professionnels du tourisme s’activent pour faire venir les visiteurs, sans qui l’économie de l’île toute entière est menacée. Ainsi, le port, l’aéroport, les plages et Gustavia, le quartier-capitale de Saint-Barth, ont retrouvé leur cachet. La Bucket Regatta, événement nautique de luxe qui se tenait mi-mars, a permis de revoir débarquer des dizaines d’Américains fortunés sur l’île. Pas assez, toutefois, pour les boutiques et restaurants.

La saison cyclonique, qui débute dans deux mois, hante les esprits. Le traumatisme Irma est encore bien présent. La Collectivité et EDF travaillent sur un programme serré de travaux pour enfouir le maximum de réseaux, au plus vite. Ceux dont les maisons sont endommagées s’angoissent à l’idée de ne pas pouvoir réparer à temps.

Le centre équestre, qui a perdu plusieurs chevaux dans le cyclone, cherche un endroit sûr pour ses équidés survivants, et tente de rapatrier le maximum d’animaux vers la métropole. Début mars, une coupure généralisée du réseau téléphonique et internet a ramené les habitants six mois en arrière, au lendemain d'Irma. "Certains habitants ont paniqué", confie une travailleuse sociale. "Là, si on se prend ne serait-ce qu’un cyclone de niveau 2, ça va être très dur."

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.