A Versailles, les appartements de la reine retrouvent leurs subtilités d'origine

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Par Jean-Louis DE LA VAISSIERE - Versailles (AFP)
Publié le 09 avril 2019 - 18:38
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La chambre rénovée de Marie-Antoinette (1755-1793) au Château de Versailles le 9 avril 2019
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP
La chambre rénovée de Marie-Antoinette (1755-1793) au Château de Versailles le 9 avril 2019
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Les prestigieux appartements de la reine au château de Versailles vont rouvrir au public à l'issue d'une rénovation de trois ans qui a permis de retrouver et restaurer les teintes d'origine et les subtils dégradés de leurs décors.

Pour redécouvrir les couleurs originales des lieux, il a fallu se livrer à de minutieuses enquêtes sur les murs de ce lieu emblématique où 19 "enfants de France" sont nés et où ont vécu trois reines et deux dauphines dans les 107 ans entre l'installation de la Cour du roi Louis XIV (1682) et la fuite de la famille royale sous la Révolution.

Au total, ce sont trois épouses de rois que Versailles va faire revivre avec deux expositions à partir du 16 avril. Outre Marie-Antoinette, il y a la reine oubliée Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, et Madame de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV.

Les salles des appartements de la reine, à côté de la Galerie des Glaces, étaient fermées depuis janvier 2016: une frustration pour les quelque 8 millions de visiteurs annuels, alors que Marie-Antoinette est l'objet de toutes les curiosités.

Désormais, le pendule "aux sultanes" reposant sur ses dromadaires en bronze, le célèbre buste de Marie-Antoinette ou encore la toile d'Elisabeth Vigée Le Brun montrant la souveraine et ses trois enfants à côté d'un berceau vide retrouvent leur place dans la chambre de la reine.

Le décor rocaille créé pour Marie Leszczynska a été restitué. Ce trompe-l'oeil, dissimulé sous d'épais repeints, a retrouvé ses effets d'ombre, son délicat gris bleu sur lequel se déploie l'illusion de reliefs dorés, ronceaux et croisillons.

La restauration des grisailles de François Boucher représentant les vertus de la reine - charité, piété, libéralité et prudence - a permis d'enlever les repeints et vernis oxydés qui les jaunissaient, leur redonnant leur volupté.

- "Chercher la pureté d'origine" -

"L'époque de la restitution (des salles) est derrière nous. Aujourd'hui il s'agit de chercher la pureté d'origine, et l'objet précis qui va revenir à sa place historique", a souligné à l'AFP Laurent Salomé, directeur du musée.

Dans ces pièces en enfilade - salle des gardes, antichambre, salon des nobles et chambre de la reine - il s'agissait d'abord d'entreprendre un chantier devenu indispensable: une mise en sécurité contre les risques d'incendies et un nouveau traitement de l'air.

Les calorifères de Louis-Philippe soufflaient un air trop chaud. Et l'été, la température pouvait atteindre 45 degrés sous les plafonds, abîmant les peintures.

"Le remplacement des canalisations dans les murs a obligé à démonter les décors, les boiseries. Un système de soufflage très doux, s'adaptant au climat, a été installé", ainsi qu'un dispositif pour réguler l'humidité de l'air, a expliqué M. Salomé.

Des ateliers de menuiserie, de dorure ont été mis à contribution. Des bronzes nettoyés. La maison de soierie Tassinari et Chatel a retissé le décor du Salon des nobles.

La Salle des gardes a conservé son décor Louis XIV, d'un style hiératique. Il était vétuste et dégradé. La restauration a fait renaître les précieux lambris de marbres polychromes. Des peintures de Noël Coypel, vantant la mansuétude du roi à travers des thèmes de l'Antiquité, ont été décrassées.

Le schéma directeur du chantier a été financé par l’État et le Château, qui a aussi financé la restauration des meubles. Des mécénats privés, notamment des American Friends de Versailles, ont complété.

"Le goût de Marie Leszczynska" pour les arts est restitué dans une exposition voisine dans l'appartement de la Dauphine, qui était sa belle-fille. Cette Polonaise discrète et délicate a vécu 42 ans à Versailles, faisant de nombreuses commandes aux artistes. Une autre exposition, dans un autre espace généralement fermé, met en scène Madame de Maintenon. L'occasion de découvrir les représentations souvent méchantes qu'on a eu de la "presque reine", veuve de l'écrivain Paul Scarron, devenue l'épouse secrète et dévote de Louis XIV.

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