Brexit : les étudiants Erasmus s'inquiètent

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 juillet 2016 - 15:42
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Erasmus est une des plus belles réussites de l'Europe.
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Avec la décision des Britanniques de sortir de l'Union européenne, le Royaume-Uni pourrait ne plus bénéficier d'Erasmus, programme éducatif dont trois millions de jeunes Européens ont bénéficié depuis sa création il y a presque trente ans. Une hypothèse qui inquiète grandement les étudiants et les universités britanniques.

"Mes amis nord-irlandais étaient catastrophés après le Brexit, ça va devenir plus compliqué de partir en Erasmus". Théo, de Sciences Po Strasbourg, vient de rentrer d'une année à Belfast dans le cadre du programme de mobilité étudiante qui pourrait pâtir de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Avec la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne, le Royaume Uni pourrait sortir d'Erasmus, dont trois millions de jeunes Européens ont bénéficié depuis sa création il y a presque 30 ans. Une hypothèse qui désole les étudiants et les universités, britanniques et d'Europe continentale.

Car Erasmus est une des plus belles réussites de l'Europe. Même si sa naissance fut "atroce", rappelle Pascal Lamy, ancien commissaire européen. Jacques "Delors a dû +violer+ le conseil européen car il y avait 250 bonnes raisons de ne pas le mettre en place". Dès la publication des résultats du referendum du 23 juin, la conférence des présidents d'universités (CPU) françaises a transmis "sa solidarité et sa sympathie" aux universités britanniques, fortement mobilisées pour le maintien dans l'UE. Son président, Jean-Loup Salzmann, rappelle qu'il n'y aura pas de conséquence à court terme puisque Londres dispose de deux ans pour négocier les conditions de sa sortie. "L'accès futur du Royaume Uni à Erasmus sera déterminé dans le cadre de vastes discussion au sein de l'UE", a renchéri le gouvernement britannique.

Selon les chiffres de la Commission européenne, le Royaume Uni a accueilli 27.400 étudiants européens dans le cadre d'Erasmus et envoyé 15.000 des siens sur le continent en 2013. Quelque 4.500 Britannique sont venus en France et 6.800 Français ont traversé la Manche. "Il est possible que les effets du Brexit sur la mobilité étudiante se fasse ressentir dans les années à venir", estime Pierre van de Weghe, vice-président des relations internationales de l'université de Rennes. Erasmus "peut cependant être maintenu" si, lors des négociations entre Londres et Bruxelles, "les Britanniques font le choix de le financer", explique-t-il sur le site de l'université.

Beaucoup se tournent vers l'exemple de la Suisse. Bien que n'étant pas membre de l'UE, elle avait été intégrée dans ce programme. Mais lorsque les Suisses ont voté en 2014 contre l'ouverture aux Croates de leur marché du travail, la Suisse est devenue le premier pays à être éjecté d'Erasmus depuis sa création. Depuis, chaque école et université suisse doit négocier ses contrats d'échanges d'étudiants, ce qui représente "une charge de travail et un poids financier supplémentaires" pour les écoles, indique Swissuniversities, équivalent helvète de la CPU. Même si la mobilité des étudiants suisses a pu être maintenue grâce aux efforts du pays, la situation "n'est pas satisfaisante" et "le nombre de destinations a clairement baissé", ajoute l'organisme, qui appelle de ses voeux un retour de la Suisse au sein d'Erasmus.

Car ce programme présente plusieurs avantages: simplification des démarches administratives, reconnaissance de l'année passée à l'étranger dans le cursus de l'étudiant et prise en charge par l'établissement d'accueil des frais de scolarité. Et ces frais dans les facs britanniques n'ont rien à voir avec ceux réclamés en France: 9.000 livres l'année en général (11.000 euros), voire bien plus pour les étudiants non européens. De toute façon, "on faisait déjà sans les Britanniques la plupart du temps", déclare David Mataix, responsable des relations internationales à l'Iscom, une école de communication et de publicité. Les écoles doivent équilibrer les échanges, or les étudiants anglais sont plus réticents à se rendre à l'étranger, explique-t-il.

Il a donc privilégié les échanges avec les pays scandinaves, baltes et d'Europe de l'est, où nombre de facs de qualité donnent leurs cours en anglais. Et pour ces deux dernières régions, "le coût de la vie est bien moindre qu'en Angleterre". Théo, de Sciences Po Strasbourg, regrette qu'à part Erasmus, aucun grand projet "positif" ne fédère les Européens. Ces derniers se retrouvent "sur des sujets qui font peur: les migrants, la sécurité, les conflits aux portes de l'Europe". Mais à Belfast, dans sa résidence étudiante qui accueillait Américains, Asiatiques ou Européens, ce sont ces derniers, du sud ou du nord du continent, qu'il a beaucoup fréquentés.

 

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