Gymnases, points douches, maraudes : SOS canicule pour les SDF

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Par Myriam CHAPLAIN RIOU, avec les bureaux de l'AFP - Lyon (AFP)
Publié le 27 juin 2019 - 15:55
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Un homme sort d'un camion douche à Marseille, le 27 juin 2019
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© Boris HORVAT / AFP
Un homme sort d'un camion douche à Marseille, le 27 juin 2019
© Boris HORVAT / AFP

La rue par temps de canicule, c'est l'enfer: pour aider les sans-abris à combattre la fournaise, les maraudes se multiplient, l'eau est largement distribuée, tandis que des villes leur ouvrent des gymnases et rendent accessibles des douches.

Difficile de se rafraîchir, de changer de vêtements, d'échapper au soleil cuisant, quand on vit dans la rue. Hyperthermie et déshydratation, par manque d'accès à l'eau, guettent les SDF.

Et quand le thermomètre s'affole, l'alcool agit plus vite, déshydrate et altère la vigilance. "Avec la bière et le soleil, il faut boire de l'eau", martèle Justine Breton, infirmière au Samu social de Paris lors de sa maraude près du Père Lachaise.

Nicolas Lederle et ses amis n'ont guère envie de délaisser canettes de bière et bouteilles de vin, malgré les conseils de Justine. "Il y a de l'air et on se met à l'ombre. C'est plus dur l'hiver avec le froid", se défend Nicolas.

Andrée Delormel compose avec la chaleur, après dix ans dans la rue. "Je dors avec le duvet en dessous et prends plus de douches", explique cette septuagénaire, qui revient d'une douche près du Père Lachaise.

Elle compte également sur les bouteilles d'eau des maraudes du Samu social.

"Quand la bouteille est vide, il y a la fontaine". Paris en compte 1.200. Quelque 5.000 gourdes d’eau ont aussi été distribuées par la Ville et l'ouverture des accueils de jour, des bains-douches municipaux étendue.

A Toulouse, Anila, son mari et leurs trois filles de 7 ans, 4 ans, et deux mois et demi, sont assis à même le sol, sur un trottoir du centre-ville. Ils dorment à l'hôtel, mais impossible de rester la journée dans leur petite chambre, étouffante.

"C'est dur, les filles ne se sentent pas bien", raconte cette mère albanaise de 32 ans, en France depuis cinq mois. "Elles n'ont rien bu ni mangé depuis la veille". Aucune maraude n'est passée nous voir, déplore Anila.

- Douche mobile et tente climatisée -

A Lyon, où la Croix-Rouge a lancé mardi son "plan canicule", une troisième maraude quotidienne a été mise en place. Deux gymnases sont aussi mis à la disposition des sans-abris par la ville. La Croix-Rouge y a aménagé des espaces climatisés temporaires.

"Ce ne sont pas des hébergements d'urgence", prévient le directeur de la Croix-Rouge du Rhône Loïc Rey.

Les deux tentes de 36 m2 montées dans chaque gymnase sont rafraîchies à 30 degrés C par trois petits climatiseurs. Dehors, il fait près de 40 degrés à l'ombre...

"Mon bébé est malade depuis deux jours", raconte Artan, un Albanais de 40 ans qui vit avec sa femme et ses deux enfants "dans une petite tente", en périphérie de Lyon.

Zeneli habite lui avec sa famille dans la cabane en bois qu'il a construite près de Lyon. "Ma femme est enceinte, il fait trop chaud dehors pour elle", s'inquiète le père de famille, sous la tente climatisée tandis que ses enfants de 4 et 2 ans s'amusent sur les tapis.

"Le dispositif est amené à évoluer", explique Loïc Rey, qui songe déjà à installer des tentes plus petites et mieux fermées pour conserver l'air frais.

A la chaleur, s'ajoute la quête d'une douche. Un graal pour les SDF... "Il n'y a qu'un bain-douche à Lyon", déplore Philippe, bénévole à la Croix-Rouge. "On attend parfois trois heures pour se laver", confirme Artan.

A Marseille, c'est un camion aménagé qui offre douches et vêtements aux sans-abris. Fourni par la fondation Onet, le véhicule, équipé d'un vestiaire, les attend chaque jour sur la plage du Prado, le cours Belsunce ou encore le haut de la Canebière.

"L'accès à l'eau pour les plus démunis est essentiel", explique Caroline Orofino, directrice déléguée de la fondation.

"Il devrait y en avoir plus", estime David, venu très tôt prendre une douche, récupérer des vêtements propres et plusieurs bouteilles d'eau. En cette période de canicule, reconnaît-il, "il y a beaucoup de monde".

Canicule ou pas, "les gens meurent toute l'année. C'est la faute au mal-logement", soutient Cécile Rocca, coordinatrice du collectif Les Morts de la rue qui dénombre au 24 juin 214 décès depuis le début de l'année.

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