Londres desserre un peu les cordons de la bourse avant le Brexit

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Par Patrice NOVOTNY - Londres (AFP)
Publié le 29 octobre 2018 - 19:18
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Le ministre des Finances britannique, Philip Hammond, avec la "Budget Box" à Londres le 29 octobre 2018
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© Daniel LEAL-OLIVAS / AFP
Le ministre des Finances britannique, Philip Hammond, avec la "Budget Box" à Londres le 29 octobre 2018
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Le ministre des Finances britannique Philip Hammond a un peu desserré les cordons de la bourse, dans un budget néanmoins marqué du sceau de la discipline à cinq mois d'un Brexit aux contours incertains.

En sortant du 11 Downing Street lundi en milieu d'après-midi sous un soleil déjà bas et dans un froid piquant, le chancelier de l'Echiquier a montré fièrement la mallette rouge traditionnelle du budget à une presse impatiente. Il s'est ensuite rendu à Westminster, où il a présenté les comptes du pays devant l'hémicycle bondé de la Chambre des Communes.

"L'ère de l'austérité est en train de se terminer mais la discipline sera maintenue", a promis M. Hammond, sous l'oeil attentif des députés mais aussi de sa propre cheffe du gouvernement, Theresa May, qui a dernièrement promis à ses troupes conservatrices des dépenses sociales plus généreuses.

Huit ans après le lancement d'une politique d'austérité par les conservateurs à leur retour au pouvoir, "Phil le Comptable" a en effet concédé quelques largesses et gelé la plupart des impôts.

Il a notamment promis d'affecter 20,5 milliards de livres par an d'ici à 2024 pour financer le service public de santé NHS, 900 millions par an de baisse d'impôt pour les petits commerces confrontés à l'explosion des ventes sur internet ou encore 420 millions annuels pour payer des cantonniers pour réparer les nids de poule des petites routes.

Le sexagénaire longiligne à la chevelure argentée a aussi mis en avant la "résistance" de la croissance, un peu meilleure que prévu malgré un ralentissement sensible depuis deux ans et les nombreuses inconnues du Brexit, nuisibles aux investissements des entreprises.

Pour l'année 2019 qui verra le Royaume-Uni couper les ponts avec l'UE - le 29 mars - Londres prévoit désormais une croissance de 1,6%. C'est mieux que le 1,3% attendu jusque-là, même si le pays a, dans le même temps, réduit de 0,2 point sa prévision pour 2018, à 1,3%. Le PIB pourrait monter ensuite de 1,4% à 1,5% par an de 2020 à 2022.

Pas catastrophique, cette croissance permettrait au pays de continuer de réduire son déficit public, qui diminue bon an mal an et pourrait se limiter à 1,3% du PIB dès l'exercice budgétaire en cours.

- Taxe des géants internet -

Mais M. Hammond a aussi clairement laissé entendre que la fin du tunnel pour les contribuables était fortement dépendante d'un Brexit négocié entre Londres et Bruxelles. Dans ce cas seulement, le pays bénéficierait du "dividende de l'accord", à savoir d'impôts réduits grâce à une croissance plus vigoureuse.

Les négociations peinent à aboutir entre les Britanniques et les Européens sur les conditions du départ du Royaume-Uni, notamment du fait d'un désaccord sur l'éventuelle création d'une frontière avec l'Irlande.

M. Hammond a d'ailleurs élevé de 500 millions de livres les fonds consacrés à la préparation du Brexit, à 4,2 milliards de livres, pour essayer de limiter l'impact économique négatif du départ attendu fin mars. Il a aussi prévenu dès dimanche qu'un Brexit sans accord nécessiterait un budget rectificatif.

Les prévisions officielles de l'institut public OBR tablent sur une période de transition de deux ans après le Brexit qui permettrait de "retarder la baisse des échanges commerciaux" prévue avec le départ. Sans accord, l'absence de cette transition rendrait le choc plus violent et obligerait à tout recalculer.

Le budget du ministre comporte aussi quelques mesures symboliques, comme le gel des taxes sur la bière ou le whisky mais, surtout, la création d'un nouvel impôt sur les géants de l'internet à partir de 2020.

Les comptes présentés par M. Hammond vont néanmoins devoir affronter plusieurs tests au Parlement: un vote dès jeudi, puis l'adoption d'une loi de finances dans les prochaines semaines pour le mettre en musique. Ces débats parlementaires fourniront l'occasion de se faire entendre non seulement à l'opposition travailliste mais aussi aux voix critiques au sein de la ténue majorité conservatrice.

Le chef des travaillistes Jeremy Corbyn a jugé dès lundi qu'"en dépit des assurances du chancelier, l'austérité n'est pas finie".

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