Macron à Alger en "ami" refuse d'être "otage du passé"

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 06 décembre 2017 - 20:25
Image
France-Soir
Crédits
©DR
Municipale 2014
©DR

L'Algérie et la France doivent avoir "des relations beaucoup plus développées qu'aujourd'hui", a souhaité mercredi le président français Emmanuel Macron, en appelant à ne pas rester "otages" du passé douloureux entre les deux pays.

"C'est une histoire nouvelle qui s'écrit", a affirmé M. Macron en terminant sa première visite en tant que président en Algérie qui, si elle n'a duré qu'une douzaine d'heures, a été particulièrement dense.

Le président français a notamment rencontré durant une heure son homologue Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicale à l'ouest d'Alger. Affaibli par les séquelles d'un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, ce dernier, au pouvoir depuis 1999, reçoit peu de dignitaires étrangers. Il a invité M. Macron à revenir pour une "visite d'Etat", donc plus longue, en 2018.

"L'ambition que j'ai pour la relation entre l'Algérie et la France n'a rien à voir avec ce qu'on a fait depuis des décennies", a déclaré le chef de l'Etat, premier président de la Ve République à être né après la Guerre d'Algérie (1954-1962).

De ce fait, "je ne suis pas bloqué, je suis très décomplexé" par rapport à ce passé, a-t-il ajouté devant la presse. "Le piège est de rester dans le déni et de ne jamais en parler, ou d’être dans la repentance et de ne jamais en sortir. Le cœur de notre relation c’est de reconnaitre ce qui a été fait de bien comme de mal. J’ai reconnu avec beaucoup de force le mal qui a été fait", a-t-il précisé dans un entretien au site algérien TSA.

Il faisait ainsi référence aux propos qu'il avait tenus lors de son précédent séjour à Alger durant la campagne électorale française. Il avait alors qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité", suscitant des espoirs de "repentance" à Alger et de vives critiques de ses opposants en France.

M. Macron a fait un geste pour régler l'un des contentieux historiques entre les deux pays en annonçant qu'il était "prêt" à ce que la France restitue des crânes d'insurgés algériens tués au XIXe siècle par l'armée française et conservés au Musée de l'Homme à Paris.

Mais, parallèlement, il a demandé des "efforts" aux autorités algériennes, notamment pour permettre aux Français "qui sont nés en Algérie" et "aiment passionnément" ce pays à y retourner, tout comme "des harkis et enfants de harkis". "On doit pouvoir regarder cette question de manière apaisée", a-t-il souhaité.

Les dirigeants algériens ne se sont pas exprimés face à la presse à l'issue de cette visite.

- 'S'ouvrir davantage' -

Comme il en a l'habitude lors de ses déplacements, M. Macron a provoqué une cohue bon enfant en descendant l'une des artères du centre historique d'Alger, accueilli par des youyous descendant des balcons des vieux immeubles haussmanniens.

"C'est bien qu'un président nous parle. On n'a jamais connu ça avec les nôtres", constatait Yassine, trentenaire, parmi les badauds agglutinés derrière des barrières. "Vous avez de la chance, il est jeune votre président", commentait une Algérienne à l'adresse des journalistes français.

"J'ai vu trop de jeunes qui m'ont demandé un visa", a indiqué ensuite le chef de l'Etat français, en appelant à alléger "les contraintes" dans la circulation des "étudiants, des apprentis, des hommes d'affaires, des journalistes, des artistes..." entre les deux pays.

"L'Algérie doit s'ouvrir d'avantage. Il y a encore beaucoup de freins à l'investissement", a-t-il également noté, alors que la France reste le premier employeur étranger en Algérie mais perd des parts de marchés face à la Chine et d'autres.

Un certain nombre de projets économiques devraient avancer à l'occasion du Conseil intergouvernemental de haut niveau qui réunit jeudi à Paris les Premiers ministres français et algériens et plusieurs membres de leur gouvernement.

Le président français s'est également dit partisan d'un "axe fort" franco-algérien "autour de la Méditerranée qui se prolonge vers l'Afrique", où les crises au Sahel et en Libye préoccupent fortement Paris et Alger.

Emmanuel Macron veut accélérer le déploiement de la force multinationale G5-Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie) lors d'une réunion le 13 décembre à Paris.

Alger, qui dispose de nombreux relais d'influence dans la région, a parrainé les longues tractations ayant abouti en 2015 à un accord de paix au Mali, qui peine à être appliqué, suscitant l'impatience de Paris.

"J’attends une coopération totale de tous ceux qui partagent l’objectif d’une paix durable au Mali. Et en effet j’attends beaucoup de l’Algérie", a expliqué le président français, qui devait s'envoler en fin de soirée pour une visite officielle de quelques heures au Qatar.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.