Macron pose la première pierre du métro d'Abidjan

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Par AFP
Publié le 30 novembre 2017 - 18:44
Mis à jour le 01 décembre 2017 - 03:50
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Les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara lors de la cérémonie d'inaugur
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© ISSOUF SANOGO / AFP
Les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara lors de la cérémonie d'inauguration du métro d'Abidjan, le 30 novembre 2017
© ISSOUF SANOGO / AFP

Avec son franc-parler, un appel aux Africains à s'en sortir par eux-mêmes, une initiative internationale sur la Libye et une confrontation musclée avec des étudiants, le président français Emmanuel Macron a conclu au Ghana une tournée africaine inédite pour un président français.

Au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Ghana, il a plaidé pour une relation plus égalitaire et moins paternaliste, s'abstenant d'ailleurs de toute grande promesse.

"La politique africaine de la France n'existe plus": c'est par cette phrase choc qu'il a démarré mardi un discours de deux heures sur sa vision des relations avec l'Afrique, devant un amphithéâtre bondé d'étudiants très critiques sur le rôle de la France. D'ailleurs, le convoi présidentiel avait été caillassé au premier jour de sa tournée.

Le passé colonial et ses "crimes indiscutables" appartient pour lui, justement, au passé, et ne doit plus servir de prétexte pour des problèmes qui ne relèvent que de la responsabilité des Africains, estime-t-il.

"Vous me parlez comme si j'étais le président du Burkina Faso", a-t-il ainsi ironisé devant les étudiants, les renvoyant à leurs propres contradictions.

Se détachant en partie des liens historiques avec d'anciennes colonies, il a voulu donner un cadre européen à ces relations et propose pour 2020 d'élaborer un "nouveau traité" entre l'Union européenne et l'Afrique, s'appuyant sur les propositions de la société civile.

Il n'a cessé d'utiliser sa jeunesse comme un argument clé : "Nous sommes vous et moi d'une nouvelle génération qui n'avons jamais connu l'Afrique colonisée", a-t-il lancé aux étudiants burkinabè.

Des étudiants revendicatifs avec qui il a discuté plus d'une heure à bâtons rompus, prenant plaisir à répondre du tac au tac à toutes les questions, même les plus agressives, dans une joute où il a déployé toute sa capacité de persuasion.

Il s'est même permis de se moquer de son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré. "Le rire, c'est une relation d'égal à égal", a-t-il plaidé, balayant les critiques.

- 'Tout est lié' -

Au deuxième jour de sa tournée africaine, il a improvisé une réunion internationale de neuf dirigeants en marge du sommet Europe-Afrique d'Abidjan, prenant ainsi le leadership de la lutte contre les drames de l'immigration et de l'esclavage en Libye.

Résultat, qu'il annonce le soir même: des opérations policières africaines - à condition que la Libye l'accepte - seront mises en places, avec le soutien de pays européens; des évacuations d'urgence pour les migrants en danger vers leurs pays d'origine.

Pour accélérer le déploiement de la force militaire du G5 Sahel contre le terrorisme dans la région, il a aussi organisé une réunion nocturne avec ses pairs africains et décidé un nouvelle rencontre à Paris le 13 décembre, élargie à de nombreux partenaires, pour augmenter les moyens et la force de frappe de cette nouvelle force multinationale.

Emmanuel Macron a martelé que tout était lié: faire face à l'explosion démographique qui s’annonce en Afrique, promouvoir l'égalité femmes-hommes pour faciliter l'éducation des jeunes filles, un partenariat pour l'éducation qui permettra aux jeunes africains de trouver du travail sur le continent.

- 'Si l'Afrique échoue, l'Europe échouera' -

"C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. Si l'Afrique échoue, l'Europe échouera aussi", déstabilisée par des vagues de migrants, a-t-il déclaré.

"J'ai voulu porter par un discours direct, de responsabilité partagée, un discours de volonté, pour construire une action commune nouvelle. Je veux que l'Afrique pense son propre avenir et que la France l'aide par des partenariats multiples. Les actes suivront", a-t-il résumé jeudi soir, après avoir échangé quelques passes avec des jeunes dans un quartier populaire d'Accra, au cours d'un de ces bains de foule qu'il a multipliés chaque fois qu'il en a eu l'occasion.

En même temps, son voyage a célébré en grande pompe un contrat qui rappelle beaucoup les vieilles habitudes de la Françafrique: avec une fanfare et des danseuses en costumes traditionnel, il a posé la première pierre du chantier du métro d’Abidjan, confié à des entreprises françaises et financé intégralement par un prêt français de 1,4 milliard d'euros, le plus gros effort financier jamais consenti par la France pour un tel projet. Un engagement conclu directement à l'Elysée, à condition de confier les travaux à des entreprises françaises.

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