Mort lors d'un "bahutage" à Saint-Cyr : le procès renvoyé au 9 décembre

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Par Benjamin MASSOT - Rennes (AFP)
Publié le 23 septembre 2019 - 06:01
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Des élèves de Saint-Cyr Coëtquidan défilent sur les Champs-Elysées lors de la parade militaire le 14 juillet 2008
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© GERARD CERLES / AFP/Archives
Des élèves de Saint-Cyr Coëtquidan défilent sur les Champs-Elysées lors de la parade militaire le 14 juillet 2008
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Le procès des sept militaires poursuivis pour le décès par noyade d'un élève officier lors d'une soirée d'intégration à la prestigieuse école de Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan) en octobre 2012 a été renvoyé lundi au 9 décembre.

Le procès devait se tenir toute la semaine devant le tribunal correctionnel de Rennes, compétent en matière militaire. Il aura lieu du 9 au 13 décembre.

Le renvoi est dû à la liquidation judiciaire du cabinet devant assurer la défense de la famille de la victime, tandis que le nouvel avocat n'a été saisi que la semaine dernière.

"J'ai été saisi du dossier jeudi, la famille m'a téléphoné au pied levé, effondrée", a déclaré Me Jean-Guillaume Le Mintier. Avec les "débats âpres" qui s'annoncent et des questions autour "du droit pénal et du droit militaire", "je ne peux pas intervenir raisonnablement" dans ce dossier, a ajouté le nouveau conseil de la famille.

Le parquet "a adhéré" à cette demande, évoquant "la tristesse" de la mère et des frères de la victime, "qui se sont retrouvés sans conseil alors qu'ils fondent de grands espoirs dans ce procès", a expliqué à l'audience le procureur Jean-Pierre Ollivaux.

Cette décision a été aussi jugé légitime par plusieurs avocats des militaires, dont la plupart n'avait pas fait le déplacement.

Sept militaires et ex-militaire, dont un général, colonel au moment des faits, sont poursuivis pour homicide involontaire. Le sous-lieutenant Jallal Hami, âgé de 24 ans, s'était noyé lors d'une soirée de "bahutage" qui visait à transmettre "des traditions de l'école" dans l'argot cyrard, le bizutage étant un délit dans cet établissement qui forme les officiers de l'armée française. Les prévenus encourent trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

- "Arrogance" -

Lors d'un atelier nocturne organisé par des élèves de 2e année, sur le thème du débarquement allié en Provence de 1944, les nouveaux incorporés devaient franchir un étang à la nage, sur une cinquantaine de mètres et sans avoir pied pendant une partie de la traversée, avec casques et bottes de combat, dans une eau à 9°C.

Se jetant à l'eau tous en même temps, alors que résonnait la Walkyrie de Wagner, de nombreux élèves s'étaient trouvés en difficulté. Le corps de Jallal Hami, sportif aguerri mais nageur médiocre, avait été repéré près de la berge à 02H35.

Dans son réquisitoire en janvier 2018, le parquet de Rennes avait pointé les "piètres dispositions" de sécurité alors que la nage commando "est interdite de nuit", évoquant "l'aveuglement" et "l'attitude frisant l'arrogance" des élèves-officiers organisateurs de la soirée. La hiérarchie, elle, est blâmée pour "son manque flagrant de contrôle d'une séance objectivement accidentogène".

Selon Me Lionel Béthune de Moro, avocat d'un ancien élève officier, "il n'y a pas, me semble-t-il, de faute caractérisée de nature à entraîner la condamnation". "C'était une activité programmée, donc validée par les supérieurs, de transmission de valeurs. L'exercice avait été fait par tout le monde l'année précédente, sans aucun problème", souligne le conseil du militaire.

Mais d'après Me William Pineau, défenseur du général Francis Chanson, cet exercice nocturne "était fondé, par malheur pour le garçon disparu, sur une doctrine prévoyant un système d'autonomie des élèves". "Quelque chose qui ne devait pas être un exercice militaire l'est devenu", a pointé Me Pineau qui plaidera la relaxe du gradé.

Partie civile au procès, l'association de défense des droits des militaires affirme qu'il s'agissait bien "d'un bizutage", selon son président Jacques Bessy. "Les élèves n'étaient pas habilités à faire un exercice de franchissement, il n'y avait pas de moyens réglementaires, ce n'est pas acceptable!", estime M. Bessy.

Le général Antoine Windeck, arrivé à la tête de l'école peu avant le drame, avait été mis en examen mais n'a pas été renvoyé en correctionnelle.

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