Le poison du soupçon - l'avis Tranchant d'Alain

Auteur(s)
Alain Tranchant, pour FranceSoir
Publié le 29 avril 2021 - 20:15
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L'Avis Tranchant d'Alain
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Le poison du soupçon
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Dans les jours à venir, le peuple français va retrouver un peu de liberté. Oh ! pas la liberté pleine et entière de disposer de lui-même, mais une liberté surveillée, encadrée selon toute vraisemblance par un couvre-feu appelé à durer, encadrée également par un dispositif dont le dernier rapport du Haut Conseil de la santé publique donne sans doute un aperçu.

Il faut lire ce rapport daté du 11 avril et qui a été rendu public dimanche 25 avril, et qui édicte un certain nombre de recommandations liées au développement de la campagne de vaccination. Moralement épuisés par un troisième confinement en un an, nos compatriotes ont majoritairement décidé - si l'on en croit les sondages - d'adhérer au principe même de la vaccination, et cela d'autant plus aisément qu'à longueur de temps les pouvoirs, politiques comme médiatiques, leur servent la rengaine qu'il n'existe pas de traitement contre la Covid-19 et que, puisqu'il n'y a pas de traitement, le vaccin est la seule solution pour retrouver une vie normale.

En somme, après avoir joué sur les peurs, on mise désormais sur la lassitude pour arriver par la vaccination à une immunité collective de la population. Et, bien sûr, on se garde bien de dire qu' "on n'a pas respecté l'ensemble des mesures de sécurité qui permettent d'évaluer les risques relatifs pour chaque catégorie et chaque groupe, ni même l'effet tout court du vaccin", suivants les mots du professeur Raoult sur Sud Radio. Comme on se garde bien d'expliquer que l'on ne dispose d' "aucune donnée sur l'incidence du vaccin sur la circulation virale". Situation que le directeur de l'IHU-Méditerranée Infection résume par cette formule : "On grille les étapes. Si on est chanceux, tout se passera bien. Sinon ..."

La campagne de vaccination prenant corps, même à pas réduits, le Haut Conseil de la santé publique entend donc adapter les gestes barrières pour les personnes vaccinées, ainsi que celles qui se trouvent "dans un cadre privé familial ou amical en milieu intérieur fermé".

Dans cette configuration, un principe est affirmé : il est possible de ne pas porter de masque. Mais ce principe s'accompagne de multiples conditions d'application : il faut que les personnes présentes aient bénéficié d'"un schéma vaccinal complet", il convient de se laver les mains, de maintenir une distance de deux mètres entre les personnes présentes et de ne pas être plus de six. Le Haut Conseil ajoute que "cette recommandation ne s'applique pas, dès lors que l'un des membres présents présente un facteur de risque de formes graves (âge, comorbidité)" et que, s'il s'agit d'accueillir les grands-parents, le port du masque reste recommandé.

Autre préconisation, celle qui concerne un cadre dit collectif, en collectivité ou en milieu extérieur. Là, il est recommandé de respecter l'application des mesures barrières, en particulier le port du masque.

Enfin, de manière générale, les citoyens vaccinés doivent continuer à se montrer prudents face à la pandémie. Le Haut conseil est bien obligé d'admettre que l'on ignore toujours si une personne ayant bénéficié d'"un schéma vaccinal complet" peut contaminer d'autres personnes, et que "l'impact de la transmission des variants" conforte cette incertitude. Sur Europe 1, le ministre de la Santé a même été plus catégorique : "Le vaccin n'empêche pas de transmettre le virus à un tiers".

Après avoir lu ces recommandations, on a envie d'écrire : "Tout ça, pour ça !" À quoi l'on nous fait observer qu'à tout le moins le vaccin empêche les formes graves de la maladie. Mais personne ne réplique jamais que ces formes graves de la maladie, on peut également les éviter en prenant en charge les malades dès les premiers symptômes au lieu de conseiller aux malades de rester chez eux, de prendre du Doliprane et d'attendre le dernier moment pour appeler le 15.

C'est le docteur Hamon qui s'époumone : "Les médecins libéraux, ils en ont plein le dos, ça fait un an que ça dure, ça fait un an qu'ils sont méprisés, ça fait un an qu'ils sont oubliés. On a un système à la rue, où les médecins ont été méprisés. Ils sont allés au boulot sans masque, sans test". Et il aurait pu ajouter : "Certains y ont laissé leur vie".

C'est le professeur Chabrière qui écrit : "16 000 patients traités à l'hydroxychloroquine à l'IHU : aucun décès lié au traitement. Au contraire, le meilleur taux de létalité de France et du monde. La toxicité de l'hydroxychloroquine est une légende que certains malveillants continuent de propager".

C'est le professeur Raoult qui demande un retour aux fondamentaux : "Il faut revenir à la médecine. La médecine, c'est : on s'occupe des malades, on détecte si les malades s'aggravent (...). La vaccination est une arme parmi d'autres. Notre arme d'abord, à nous médecins, c'est le soin".

Ce troisième épisode d'enfermement des Français, au cours duquel un tiers (!) des forces de police et de gendarmerie a été réquisitionné pour veiller au respect du règlement sanitaire, a donné lieu à des dénonciations ou à de la délation, qui ne sont certainement pas les plus beaux instincts de l'être humain. Avec le retour à une certaine forme de liberté, avec l'idée que la vaccination va tout régler, c'est le poison du soupçon que l'on va inoculer dans le milieu familial ou amical : "Quoi ? Vous n'êtes pas encore vaccinés ?" Tous n'auront pas la force du professeur Raoult répondant à Bruce Toussaint, sur BFM TV : "ça ne vous regarde pas !"

Le pouvoir politique a, certes, écarté l'idée d'une vaccination obligatoire, d'ailleurs très difficile à mettre en oeuvre. Mais il y a fort à parier que tout sera fait, dans les semaines à venir, pour amener nos compatriotes à la vaccination, "quoi qu'il en coûte".

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