Passer le bac "sans fac" : le double stress des lycéens à l'ère de Parcoursup

Auteur:
 
Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 02 juin 2018 - 15:55
Image
Pour quelque 236.000 candidats qui n'ont toujours pas reçu de proposition, difficile de se concentrer sur les révisions du bac
Crédits
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Pour quelque 236.000 candidats qui n'ont toujours pas reçu de proposition, difficile de se concentrer sur les révisions du bac
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

"Si j'ai le bac mais pas de place en fac, je fais quoi ?" Comme Julien, ils sont des dizaines de milliers de lycéens à préparer leur examen sans savoir où ils étudieront l'an prochain, au risque d'aggraver leur stress.

Cet élève de Terminale S dans le Val-de-Marne, qui vise des DUT ou des facs de bio-chimie, est "en attente" pour tous ses vœux sur la plateforme d'admission post-bac Parcoursup, dont les premières réponses sont tombées il y a dix jours. "Tous les matins, je regarde si j'ai progressé dans les listes d'attente", raconte-t-il, alors qu'il aimerait réviser sereinement le bac, dont le coup d'envoi sera donné 18 juin.

Sa camarade, Siham, n'a pas non plus de réponse positive sur Parcoursup: "Je ne m'attendais pas à n'avoir aucun +oui+", confie-t-elle. La lycéenne a notamment fait des vœux en Paces (première année commune aux études de santé) et en chimie. Elle est "+en attente+ partout et pas forcément bien classée". "J'aimerais être fixée avant le bac, ça m'enlèverait un gros poids", soupire-t-elle.

Mis en place cette année, Parcoursup livre ses réponses aux souhaits des 810.000 candidats au fil de l'eau. Quand un lycéen accepte définitivement une place, il en libère donc d'autres, ce qui désengorge peu à peu le système. Le précédent système, APB, fonctionnait différemment: à la même période l'année dernière, aucun candidat n'avait eu de réponse et le gros des résultats avait été communiqué en une seule fois le 8 juin.

"Cette année, on a voulu faire en sorte qu'une grande majorité soit rassurée avant les épreuves du baccalauréat", a affirmé jeudi la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal. "Pour les autres, je comprends que ce soit une situation stressante mais il faut bien comprendre que Parcoursup est un système progressif et continu", a-t-elle insisté.

Vendredi, elle s'est félicitée que l'objectif initial, qui était d'avoir "deux tiers de réponses avant le bac", soit atteint avec "plus de deux semaines d'avance".

- "Sentiment d'échec" -

Mais pour quelque 236.000 candidats qui n'avaient toujours pas reçu de proposition en cette fin de semaine, difficile de se concentrer sur les révisions.

"Je suis très stressée, je regarde tous les matins les résultats de Parcoursup", déclare Laurene, en Terminale ES dans un lycée de Seine-Saint-Denis, sans affectation pour l'instant. "Pourquoi passer le bac si on n'a rien derrière?"

David, en terminale S dans le même lycée, redoute de devoir travailler encore plus dur: "Comme je n'ai rien, je me dis que je dois avoir d'excellentes aux notes au bac si je veux espérer décrocher quelque chose ensuite. Ça rajoute de la pression".

"Les élèves avec uniquement des réponses +en attente+ ont un sentiment d'échec", observe Clarisse Guiraud, professeur de sciences économiques et sociales, dans un lycée polyvalent à Stains (Seine-Saint-Denis). Constatant que certains "baissent les bras" avant même de passer le bac, elle fait de son mieux pour "les rassurer". "Mais difficile de leur dire à quel rythme le système progresse, ni même de leur promettre qu'ils seront acceptés où ils le souhaitent".

Et ceux qui ont eu un +oui+ ne sont pas forcément sereins, comme le raconte Jérôme Martin, prof d'histoire-géo à Bondy (Seine-Saint-Denis). "On a conseillé à nos élèves d'élargir leurs vœux au maximum. Du coup beaucoup ont des réponses positives pour des places qui ne les satisfont pas vraiment". Ces résultats décevants ont, selon lui, "un effet démobilisateur à la veille du bac".

Pour Colin, redoublant en Terminale S dans un lycée des Hauts-de-Seine, fini le stress: il vient d'apprendre qu'il est pris dans deux écoles de commerce privées. "Du coup je vais laisser tomber Parcoursup", se réjouit-il. Il était très loin dans les listes d'attente pour ses vœux sur la plateforme. "Maintenant que je sais ce que je fais, je suis beaucoup plus motivé pour avoir le bac cette année", affirme-t-il.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.