Pédophilie dans l'Eglise : la commission d'enquête n'aura "aucune restriction" selon son président

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Par Karine PERRET - Paris (AFP)
Publié le 16 novembre 2018 - 18:26
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Le vice-président du Conseil d'Etat et président de la commission d'enquête sur les abus sexuels sur les mineurs dans l'Eglise, le 4 septembre 2017
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Le vice-président du Conseil d'Etat et président de la commission d'enquête sur les abus sexuels sur les mineurs dans l'Eglise, le 4 septembre 2017
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

La commission chargée de faire la lumière sur les abus sexuels sur les mineurs dans l'Eglise depuis 1950, une première en France, aura "tous les moyens nécessaires" pour enquêter, assure à l'AFP son président, Jean-Marc Sauvé.

QUESTION : A la demande des évêques, vous avez accepté d'être président d'une commission de transparence sur la pédophilie dans l'Eglise. En quoi sera-t-elle indépendante?

RÉPONSE : "Elle sera indépendante, car c'est moi et moi seul qui la composerai. Il n'y aura aucune interférence de l'Eglise catholique, ni de la Conférence des évêques. Son mandat est large et ne comporte aucune restriction. Ses méthodes de travail seront déterminées par elle.

La commission sera pluridisciplinaire, avec des compétences juridiques, dans les domaines de la protection de l'enfance, du droit pénal, du droit canon (le droit de l'Eglise, NDLR), mais aussi des compétences dans le champ de l'éducation et de la jeunesse, des compétences médicales, psychologiques et psychiatriques, historiques et enfin des compétences en sociologie des organisations.

Cette instance devra être composée de personnes de toutes opinions, de toutes confessions et par conséquent de croyants et de non-croyants. Je n'ai pas encore tranché la question de savoir s'il y aurait des représentants de victimes.

Enfin, elle disposera de tous les moyens nécessaires pour mener à bien ses travaux: accès aux archives, auditions, recueil de témoignages, moyens financiers. Je n'aurais pas accepté ce travail si je n'avais pas la conviction que cette commission aura les moyens d'exercer sa mission".

Q: Quelle sera précisément votre feuille de route ?

R: "Il s'agit d'abord de faire la lumière sur les abus sexuels qui ont pu être commis, une tâche considérable car la période est extrêmement longue (depuis les années 1950) et le champ est vaste (les diocèses, mais aussi les ordres religieux). Puis d'expliquer pourquoi des manquements et des abus n'ont pas été révélés, ni traités ni sanctionnés. Ensuite il faudra évaluer les dispositifs mis en place par l'Eglise depuis les années 2000. Et enfin faire des préconisations.

Le temps imparti, de 18 mois à 2 ans, n'est pas excessif, et me paraît raisonnable. Il faut éviter une commission qui serait expéditive ou au contraire dilatoire".

Q: Vous-même vous êtes catholique, cela a-t-il pesé dans votre nomination ?

R :"Les raisons pour lesquelles j'ai été choisi tiennent prioritairement aux fonctions que j'ai exercées pendant ma vie professionnelle (notamment vice-président du Conseil d'Etat de 2006 à 2018, et secrétaire général du gouvernement sous quatre premiers ministres, de 1995 à 2006, NDLR). Cela me donne une certaine autorité et une certaine crédibilité. J'ai aussi acquis une réputation d'impartialité et toujours porté le souci de l'éthique et de la déontologie. Je ne suis pas quelqu'un de complaisant, ni de malveillant.

Il se trouve que je suis catholique pratiquant. C'est une réalité, oui, je connais l'Eglise catholique depuis un certain temps, mais ce n'est pas déterminant dans ma nomination. Bien sûr, je veillerai au pluralisme et à l'impartialité de la commission. Et après tout, connaître l'institution sur laquelle je vais devoir mener des investigations n'est évidemment pas un handicap".

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