A Perpignan, retour de la procession de la Sanch, rituel catalan du Vendredi saint

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Par Remi BOUVERESSE - Perpignan (AFP)
Publié le 02 avril 2021 - 21:56
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La procession catholique du vendredi saint à Perpignan, le 2 avril 2021
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© RAYMOND ROIG / AFP
La procession catholique du vendredi saint à Perpignan, le 2 avril 2021
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Des hommes coiffés de chapeaux pointus coniques, vêtus de tuniques noires, portent le Christ cloué sur sa croix : la traditionnelle procession de la Sanch, version catalane de la Passion du Christ, a repris ses droits vendredi à Perpignan, malgré la pandémie.

Après une édition 2020 annulée, l'archiconfrérie de la Sanch (terme catalan désignant le sang) a dû s'adapter pour organiser cette cérémonie du Vendredi saint. Si quelques membres portent les traditionnels "caraputxas" (capirotes), ce sont les masques qui sont majoritaires sur le visage des deux cents pénitents.

Le chemin de croix est aussi confiné à la cour du Campo Santo, un cloître adossé à la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste.

"L’année dernière, ça nous a énormément manqué", s'exclame Marie-Thérèse. A 77 ans et après 30 ans au sein de la confrérie de la Sanch, elle se réjouit que la procession puisse avoir lieu. "Au moins, il y a un petit quelque chose, même si ça n’a rien à voir avec notre procession habituelle, qui se déroule dans toute la ville."

D'ordinaire, cette tradition vieille de 605 ans voit quelque 800 personnes inonder les rues de Perpignan, certaines vêtues de tuniques rouges ou noires, nouées de cordelières à la taille, aux couleurs de leur village.

Le cortège impressionne et rameute quelques dizaines de passants autour de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Perpignan. Un des cinq "regidors" (responsables de l'archiconfrérie) guide le cortège. Vêtu d'une tunique rouge et du chapeau conique que portent les pénitents durant les processions de la Semaine sainte, percé de deux trous au niveau des yeux, il agite une cloche, au son des roulements de tambours.

Un peu plus loin, une représentation de la vierge, drapée de noir devant la mort du Christ, est portée par quatre femme dont le visage est couvert par des mantilles.

"Les Catalans, nous vivons la semaine sainte avec les tripes", affirme Cédrik Blanch, président de l'archiconfrérie. "On avait besoin de se retrouver pour cette cérémonie parce que cet événement permet une véritable communion."

"C'est fondamental de se retrouver, de partager ce moment", abonde Jacques Deloncle, ancien président. "La procession, c'est le grand rendez-vous d'un réseau profond et très familial parmi tous les Catalans du Roussillon."

- Aussi religieux que Catalan -

Loin de se limiter à Perpignan, l'archiconfrérie de la Sanch compte nombre de pénitents dans les villages de la région, comme Collioure, près de la frontière espagnole, où "la tradition est bien ancrée", selon Esaïe, qui, a 22 ans, est le plus jeune membre.

Cette célébration religieuse est aussi celle de la catalanité. Sur l'estrade principale installée dans le Campo Santo, les prêtres disent la messe en français et en catalan. Le drapeau catalan flotte à l'entrée de la cathédrale et l'estrade est peinte en jaune et rouge.

"C'est une tradition profondément enracinée dans notre identité locale, et la Catalogne dans son ensemble, sans frontière entre le nord et le sud", détaille Jacques Deloncle.

Cette tradition n’a d’ailleurs jamais quitté la région : c’est dans les Pyrénées qu’est née la confrérie, en 1416, fondée par Vincent Ferrer, un dominicain qui conseillait le pape Benoît XIII. "Partout où il passait il créait des confréries de pénitents, dans le but de soulager les condamnés à mort, les accompagner et aider leur famille pendant cet instant terrible de l'exécution", poursuit-il.

Les "caraputxas" étaient d'ailleurs portés par les membres de la confrérie pour garder l'anonymat. Depuis l'abolition de la peine de mort, les pénitents ont fait évoluer leur engagement. Ils sont désormais visiteurs de prison, ou aident dans des associations comme le Secours catholique ou les Restos du coeur.

La procession de la Sanch, elle, perdure, à travers les époques, malgré le Covid.

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