27 mai 1995 : quand le capitaine François Lecointre reprenait au corps-à-corps le pont de Vrbanja aux forces serbes
Il est le nouveau chef des armées derrière Emmanuel Macron. Le général François Lecointre a été nommé ce mercredi 19 au poste de chef d'état-major des armées en remplacement de Pierre de Villiers qui avait donné sa démission au chef de l'Etat ce jour. François Lecointre est un militaire à la carrière exceptionnelle, et cette dernière est marquée par un haut fait d'armes lors des guerres de Yougoslavie où il s'était particulièrement illustré par son courage et son engagement.
"La reprise du pont de Vrbanja restera dans la mémoire de nos armées comme un symbole, celui de la dignité retrouvée, du refus de toutes les humiliations", avait salué Jacques Chirac. La scène se déroule à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, alors que la ville subit le siège des forces de la République serbe de Bosnie depuis trois ans déjà.
Au matin du 27 mai 1995, les soldats français déployés comme Casques bleus dans le cadre de la Forpronu constatent que l'un des postes de contrôle du pont de Vrbanja, considéré comme un point stratégique de la ville, est tombé. Les forces serbes de Bosnie l'ont enlevé de nuit, déguisées en soldats onusiens, aux militaires français qui en avaient la garde, les prenant en otage.
Le capitaine François Lecointre, commandant la 1ère compagnie du 3e régiment d’infanterie de marine (3e RIMa), reçoit l'ordre du général Hervé Gobilliard de reprendre le poste, par la force. Un ordre qui tranche avec la passivité obersvée des Casques bleus depuis le début de leur déploiement.
Appuyés pour par six engins blindés ERC90 Sagaie du Régiment d'infanterie et de chars de marine (RICM), les 31 hommes de celui qui est désormais chef d'état-major des armées montent à l'assaut du pont alors que dans les immeubles tenus par les Serbes se cachent snipers et armes lourdes.
Comme le rappelle le site du ministère des Armées, "le lieutenant Heluin est le premier à entrer dans le poste". "Un Serbe me tirait dessus à partir d’une position retranchée. Ne pouvant pas riposter car j’avais un problème avec mon Famas, j’ai lancé une grenade. Mais celle-ci a fait éclater une bouteille de gaz, dont j’ai reçu un éclat au visage", témoigne-t-il, illustrant ainsi la violence de l'assaut.
Sous une tempête de feu et après un corps-à-corps acharné, les marsouins vont accomplir leur mission au prix de la mort de deux de leurs frères d'armes, les soldats Marcel Amaru et Jacky Humblot. Dix-sept autres militaires français sont blessés ce jour-là. "Les démocraties modernes se construisent parce que leurs enfants sont capables de mourir pour la liberté, pour l'honneur, pour la paix. (...) Vous avez, en mourant les armes à la main comme des héros de France, redonner l'honneur à la Forpronu et l'honneur à notre pays", avait souligné le général Gobilliard lors d'un hommage aux morts.
"Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux", commentera humblement le capitaine Lecointe.
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