Après l'accident d'un bus scolaire, Saint-Féliu-d'Avall "ville morte"

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Par AFP
Publié le 15 décembre 2017 - 18:14
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Collecte de sang en solidarité avec les blessés de l'accident de car, à Saint-Feliu d'Avall, le 15 d
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© PASCAL PAVANI / AFP
Collecte de sang en solidarité avec les blessés de l'accident de car, à Saint-Feliu d'Avall, le 15 décembre 2017
© PASCAL PAVANI / AFP

"On sait que cela aurait pu être les nôtres": Saint-Féliu-d'Avall, encore sidéré par l'accident entre un car et un train qui a fait cinq morts parmi les enfants du village, se recueillait vendredi soir, accablé par la peine.

Le car devait ramener jeudi comme tous les soirs les enfants de cette petite bourgade de 2.600 habitants située à quelques kilomètres de Millas (Pyrénées-Orientales), où a eu lieu le drame. Mais il a été coupé en deux par un TER, laissant tout le village dans l'effroi.

Vendredi vers 18h, l'église Saint-André de la commune était comble, plusieurs centaines d'habitants étant venus assister à une messe célébrée à la mémoire des victimes.

"On est venus se recueillir auprès des parents qui traversent une tragédie impensable. On est tous parents et cela aurait pu être nos enfants dans ce (car)", a déclaré Bruno Sobra, un habitant du village.

"Les messages sont nombreux, je sais tous ceux qui prient pour nous et je les en remercie, nous avons besoin de vous", a dit l'abbé Benoît de Roecq.

Signe de l'immense tristesse qui accable les proches des victimes, une dame s'en est prise aux nombreux journalistes présents en bas des marches de l'église, leur reprochant de "filmer la peine" des habitants.

- Don du sang en solidarité -

En solidarité avec les victimes, des dizaines de personnes ont par ailleurs fait la queue pour donner leur sang, souvent pour la première fois, lors d'une collecte à la salle polyvalente, prévue de longue date mais qui a pris une toute autre signification après le drame.

Comme Delphine Ponthieux, mère d'un enfant scolarisé en maternelle dans le village. "Ça me touche beaucoup, je le fais pour apporter mon soutien aux familles. On sait que cela aurait pu être les nôtres", a-t-elle souligné, en sanglots.

A l'entrée de la salle, des bougies brûlaient en signe de deuil, posées sur une petite table recouverte d'un napperon blanc, avec ces mots écrits sur un morceau de papier: "Nous sommes à leurs côtés en accomplissant ce geste de solidarité. Merci pour votre don du sang."

A la mairie, où les drapeaux étaient en berne et où les habitants avaient apporté des fleurs, une cellule psychologique a été mise en place. De nombreuses personnes, proches des victimes ou simples habitants, s'y sont rendues dans l'après-midi, pleurant, les yeux parfois cachés derrière leurs lunettes de soleil.

- "C'est ville morte" -

"On est tous choqués, ils passaient tous les jours par là, ce sont des enfants qu'on côtoie tous les jours", a déclaré, très émue, Maria Baptiste, mère au foyer.

"Les gamins, ce sont eux qui font vivre le village. C'est ville morte" désormais, a estimé Pierre Alvarez, boulanger depuis quatre ans dans la commune. "On ne parle que de ça, personne ne comprend ce qu'il s'est passé et on tourne en rond tant qu'on ne saura pas. Ce sont des gamins qu'on voit passer tous les jours, c'est triste, ce sont des ados, ils découvraient la vie", a-t-il ajouté.

Au moment du drame, juste avant d'apprendre la nouvelle, le père d'un des enfants décédés "était là, on rigolait et tout", a-t-il encore raconté.

"On n'a plus de mots, surtout en cette période de fêtes", a renchéri Yamna Abderrahmane, auxiliaire de vie, venue écrire un mot dans le livre de condoléances placé à l'entrée de l'église en mémoire des "amis de (son) neveu".

"Je suis venue aussi pour lui. Mon neveu qui est en 5e est sorti à 17h00 du collège mais un de ses amis qui est en 6e est sorti à 16h00 et était malheureusement dans le (car)", a-t-elle ajouté, les yeux embués par l'émotion.

Les fêtes, aujourd'hui plus personne ne veut y penser dans le village. "Ce matin, j'ai enlevé toute la déco de Noël par respect pour les familles. Et le magasin en face a fait la même chose", a indiqué le boulanger.

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