"Crise explosive" en Guadeloupe : l'exécutif appelle au calme et annonce une "instance de dialogue"

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Par Amandine ASCENSIO et Nicolas KIENAST avec Emmanuelle TRECOLLE à Paris - Pointe-à-Pitre (AFP)
Publié le 22 novembre 2021 - 13:02
Mis à jour le 23 novembre 2021 - 10:54
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Restes d'un véhicule brûlé en Guadeloupe le 22 novembre 2021
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Restes d'un véhicule brûlé en Guadeloupe le 22 novembre 2021
© Christophe ARCHAMBAULT / AFP

L'exécutif a vivement condamné lundi les violences urbaines et pillages et appelé au calme face à la "crise très explosive" en Guadeloupe, en proie à une contestation sociale liée à l'obligation vaccinale contre le Covid, en reconnaissant "un dialogue nécessaire" avec les élus.

Après avoir "condamné avec la plus extrême fermeté" les violences, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la création d'une "instance de dialogue" afin de "convaincre et d'accompagner individuellement, humainement" les professionnels concernés par l'obligation vaccinale. Finalement testé positif au Covid-19, il s'exprimait à l'issue d'une réunion qui s'est tenue en visioconférence avec les élus de l'île antillaise.

"Une mission du ministère de l'Intérieur sera à pied d'œuvre sur place dès demain pour examiner avec eux les voies et moyens pour permettre les conditions de déploiement de l'obligation vaccinale et discuter aussi des sujets propres au fonctionnement du service départemental d'incendie et de secours de Guadeloupe", a poursuivi le chef du gouvernement, alors que les pompiers font partie des forces vives de la contestation.

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a assuré la Guadeloupe de la "solidarité" de la nation et demandé de "ne rien céder au mensonge et à la manipulation par certains de cette situation".

"On ne peut pas utiliser la santé des Françaises et des Français pour mener des combats politiques" et "il faut que "l'ordre public soit maintenu", a-t-il souligné sur un ton apaisant.

- Atténuer des aspects "crispants" -

L'exécutif veut calmer le jeu d'autant que la tension monte également en Martinique voisine où un appel à la grève générale lancé par 17 organisations syndicales aux revendications variées, dont la fin de l'obligation vaccinale pour les soignants, a conduit à des blocages qui ont paralysé une bonne partie de l'activité économique.

En Guadeloupe, la préfecture a annoncé dans la soirée envisager une "mesure de limitation des ventes" de carburant face au risque de pénurie, rétropédalant avoir indiqué l'instauration immédiate et jusqu'au 28 novembre d'une telle mesure, à 20 litres par prise.

Le président du Conseil départemental de la Guadeloupe, Jean-Philippe Courtois, interrogé sur RCI Guadeloupe après la réunion avec M. Castex, a estimé que les élus n'étaient "pas forcément satisfaits sur tous les points" mais a salué le fait d'"avoir été écoutés et qu'il y ait eu quelque peu une volonté d'atténuer le point de vue du gouvernement sur certains aspects qui aujourd'hui sont crispants ou bloquants sur le territoire".

"Je ne peux pas dire que les conditions de retour au calme sont réunies, je pense qu'il faut continuer à travailler", a pour sa part déclaré au micro de RCI le député Max Mathiasin, qui a assuré que les élus n'avaient "pas voulu (se) substituer aux organisations syndicales" en demandant à rencontrer le chef du gouvernement.

Le Collectif d'organisations en lutte contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire en Guadeloupe a déclaré lundi dans un communiqué "n'avoir eu aucune réunion, ni avec les parlementaires, ni avec les élus de Guadeloupe concernant les revendications portées par le collectif d'organisations et confirment n'avoir mandaté quiconque pour négocier quoique ce soit en son nom".

- "Fusil à pompes" -

La Guadeloupe, qui connaît un fort taux de chômage atteignant 35% chez les jeunes, est secouée aujourd'hui par un mouvement ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants et qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreux incidents dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ont débuté des violences et des pillages.

Menace avec un "fusil à pompe", médecin "tenu en joue", l'Agence régionale de santé de Guadeloupe a fustigé "les agressions physiques que les professionnels de santé ont subies ces derniers jours alors qu'ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de Guadeloupe".

Face à une situation se détériorant rapidement, le gouvernement a envoyé 200 policiers et gendarmes, ainsi que 50 membres des unités du GIGN et du Raid - déployés dès leur descente d'avion -, portant à 2.250 les forces mobilisées sur place, tandis que le préfet a instauré un couvre-feu entre 18H00 et 05H00, jusqu'au 23 novembre.

L'accueil des élèves "dans les écoles, collèges et lycées" a été suspendu lundi par le rectorat, après une nuit plus calme que la précédente selon la préfecture.

Depuis l'été, le taux de vaccination a progressé en Guadeloupe, avec désormais un taux de près de 90% des soignants vaccinés, et approchant 50% dans la population générale - loin toutefois des plus de 75% de vaccinés en métropole.

bur-pab-etr-nk/ao

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