Manuel Valls s'en prend à Nicolas Sarkozy et à une gauche "puérile"
Manuel Valls a poursuivi ce dimanche 11 la charge de François Hollande contre Nicolas Sarkozy, l'accusant de "faire le travail" du Front national, en fustigeant également une gauche "puérile" dont les ambitions présidentielles multiples se sont affichées à la Fête de l'Humanité et à La Rochelle. Invité du Grand rendez-vous Europe 1/iTELE/Les Echos, le Premier ministre a apporté sa pierre à ce qui semble être la stratégie au sommet de l'Etat pour préparer 2017: cibler Nicolas Sarkozy à l'approche de la primaire à droite. Et tenter de décrédibiliser les rivaux à gauche, de Jean-Luc Mélenchon à Arnaud Montebourg, en passant par Benoît Hamon et Cécile Duflot. Sans compter Emmanuel Macron.
Le chef du gouvernement a attaqué une gauche "divisée, fracturée" dont "le seul but à la fête de l'Humanité ou à la Rochelle est d'empêcher François Hollande d'être candidat ou de le battre à la primaire". "Face aux enjeux (...) je trouve ça puéril, irresponsable", a-t-il attaqué à près de huit mois du premier tour de la présidentielle. Alors que certains l'accusent de se préparer au cas où François Hollande renoncerait à se porter candidat à un second mandat, Manuel Valls a de nouveau juré de sa loyauté au président, et "d'abord aux Français". "Je ne suis pas suppléant, je ne suis pas recours, je suis Premier ministre", a-t-il dit.
Mais, comme François Hollande jeudi 8 lors d'un discours aux airs d'entrée en campagne salle Wagram, c'est surtout Nicolas Sarkozy que le Premier ministre a attaqué. Il a même théorisé cette offensive, qui épargne plutôt Alain Juppé, François Fillon et les cinq autres candidats à la primaire: "quel que soit le résultat de la primaire, il (Nicolas Sarkozy) a imprimé cette élection primaire, cette élection présidentielle à droite, par ses propositions et son agenda" et "une grande partie" de la droite en a été "gangrenée". "On n'entend pas Marine Le Pen, elle n'a pas besoin de s'exprimer. Une partie de la droite par ses propositions, la remise en cause de l'Etat de droit (...), par sa volonté en permanence de stigmatiser ici les pauvres, là nos compatriotes musulmans, là les migrants, fait le travail à la place de l'extrême-droite", a-t-il accusé.
En matière de lutte contre le terrorisme, Manuel Valls a comparé Nicolas Sarkozy à l'ex-président américain George W. Bush. Dans une interview au Journal du Dimanche, le président du parti Les Républicains (LR) prône notamment d'"adapter l'Etat de droit à la réalité de la menace". "Nous sommes le 11 septembre (quinzième anniversaire des attentats d'Al Qaïda qui ont fait près de 3.000 morts). La réponse à l'époque (du) +Patriot Act+ (...) n'a pas mis à l'abri les Etats-Unis de la menace et des actes terroristes", a-t-il dit. Pour le chef du gouvernement, l'ancien chef de l'Etat "se trompe sur la forme en faisant croire aux Français, et de manière terrible, qu'avec lui, au fond, il n'y aurait plus d'attentats".
Parlant d'une menace "maximale", avec des attentats déjoués "tous les jours" et environ 15.000 radicalisés, Manuel Valls a insisté sur les mesures déjà prises et amorcé l'annonce d'un plan pénitentiaire, avec la création de "10.000 places dans les dix ans" en prison, notamment pour des cellules individuelles et "unités dédiées" pour les radicalisés. "Après Hollande, Macron, Le Pen et les autres, Valls prend pour cible Nicolas Sarkozy. C'est bon signe!", s'est exclamé le député Eric Ciotti, un des lieutenants de Nicolas Sarkozy, sur Twitter.
Sur le plan économique, le Premier ministre a aussi accusé la droite de "mentir" en matière d'annonces et des effets des coupes budgétaires massives. Et sur un sujet industriel sensible en pleine campagne électorale, Manuel Valls a condamné la décision "inacceptable" d'Alstom de fermer son site de Belfort. Son évocation de la lutte contre la pauvreté comme "l'une des grandes questions du quinquennat à venir" lui a valu un tweet cinglant de l'ex-compagne de François Hollande. "Quel aveu @manuelvalls. Rien n'a été fait sous ce quinquennat pour les 8 M de pauvres. Peut être la prochaine fois", a dit Valérie Trierweiler, désormais marraine du Secours Populaire.
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