Salon de l'agriculture : François Hollande sifflé et hué par les éleveurs

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 février 2016 - 10:21
Image
François Hollande au Salon de l'agriculture.
Crédits
©Joel Saget/AFP
François Hollande est arrivé samedi au Salon de l'agriculture sous les huées des éleveurs.
©Joel Saget/AFP
Attendu de pied ferme au Salon de l'agriculture, François Hollande s'est fait hué et insulté par des éleveurs en colère peu après son arrivée. Accompagné de Stéphane Le Foll, le chef de l'Etat n'a pas interrompu pour autant sa visite.

François Hollande a été hué et insulté par des éleveurs peu après son arrivée samedi 26 au Salon de l'agriculture, qui s'ouvre dans un climat de crise profonde. "Si je suis là aujourd'hui c'est pour montrer qu'il y a une solidarité nationale", et "on va tout faire" pour aider l'agriculture, car "en défendant l'agriculture je défends toute la nation", a déclaré le président, accueilli à 06H46 par le président de la FNSEA Xavier Beulin.

"Vous arrivez dans un contexte difficile. Un contexte de crise profonde. Elle dure", et "il y a beaucoup de désespérance, beaucoup de colère", lui a confié M. Beulin, entouré de membres du syndicat drapeaux à la main.

Mais le calme n'a pas duré: une heure après le début de sa visite, des éleveurs, revêtus pour certains de t-shirts noirs, ont hué le président en scandant "Démission", a constaté l'AFP. "C'est l'état d'urgence pour l'élevage!", lance l'un d'eux. "Bon à rien", "on n'est pas des migrants", "connard", "fumier" et autres insultes ont fusé tandis que le président progressait au milieu d'une haie hostile d'éleveurs. "Il s'en fout complètement de nous", clame un autre. "Ca fait un an qu'on mène des actions en France, personne ne nous écoute", renchérit un troisième.

Le président, accompagné du ministre du l'Agriculture Stéphane Le Foll, n'a pas interrompu pour autant sa visite. Il a rappelé les mesures gouvernementales pour aider les éleveurs en difficulté et redemandé aux groupes de distribution, dont les négociations tarifaires annuelles avec leurs fournisseurs s'achèvent dans deux jours, de "faire un effort de solidarité".

Avec l'effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40.000 exploitations sont en situation d'extrême urgence, selon Stéphane Le Foll. Plus de 60.000 (sur 490.000) ont réclamé de l'aide alors qu'un éleveur de porcs, en Bretagne, perd jusqu'à 6.000 euros par semaine.

Stéphane Le Foll, accablé par des sondages défavorables (73% des Français jugent qu'il a un bilan négatif, selon OpinionWay pour le Figaro, et 53% disent qu'il est "plutôt un mauvais ministre" selon Odoxa pour Le Parisien et France Info), et le Premier ministre Manuel Valls n'ont rien ménagé ces derniers jours pour calmer les esprits à l'approche de ce rendez-vous annuel. Même le commissaire européen, l'Irlandais Phil Hogan, est venu jeudi 25 à la rescousse, pour assurer les agriculteurs français de sa détermination à trouver des solutions.

Malgré le désespoir ambiant, les professionnels n'ont pas boycotté ce salon, foire-exposition de l'excellence des terroirs français et d'un modèle qui s'interroge sur son avenir. "On y va même si le cœur n'y est pas. C'est souvent la seule semaine de vacances des agriculteurs, mais ils sont à fleur de peau" confie Florent Dornier, Secrétaire général de Jeunes agriculteurs (JA). "C'est peut-être un des salons les plus compliqués depuis 20 ou 30 ans". "Les politiques, il va falloir qu'ils fassent très attention à ce qu'ils nous disent. Il y a un risque de douche froide", a-t-il prévenu.

Par ailleurs le contexte sécuritaire et l'état d'urgence ont réduit les festivités: outre les contrôles renforcés aux entrées, les nocturnes et la soirée des professionnels, le jeudi, ont été annulés.

Pourtant, à l'approche du compte-à-rebours électoral de 2017 et en vue des primaires à droite, plus que jamais le rendez-vous du Salon sera aussi celui des politiques -surtout de l'opposition- qui vont fouler en rangs serrés les allées parmi les près de 700.000 visiteurs attendus jusqu'au 6 mars. Entre taureaux de compétition et bêtes à concours, se glisseront ainsi Manuel Valls lundi matin, et dans l'opposition Marine Le Pen (mardi), Nicolas Sarkozy et François Fillon (mercredi), Alain Juppé (jeudi) et Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Agriculture qui a prévu un triplé minuté - lundi, mardi, mercredi.

A tous, la FNSEA a adressé un questionnaire en 13 points sur les problématiques agricoles. "Ceux qui n'auront pas répondu feront mieux de ne pas s'arrêter à notre stand" prévient Xavier Beulin. "Le cul des vaches, le petit verre qui va bien et le sourire sur photo... aujourd'hui on est sur autre chose" avertit-il carrément.

 

À LIRE AUSSI

Image
Hollande salon de l'agriculture
Salon de l'agriculture : les personnalités politiques attendues
C'est un des rendez-vous inévitables pour tout homme politique ayant des ambitions nationales. Alors, en cette année de primaire(s) et pré-présidentielle, nombreux son...
26 février 2016 - 15:15
Politique
Image
Une vache au Salon de l'Agriculture 2016.
Salon de l'Agriculture : la plus grande ferme de France à Paris
Paris se transforme le temps du salon en gigantesque ferme avec près de 4.000 animaux, des tonnes de paille et fumier et même quelques tracteurs high-tech, histoire de...
26 février 2016 - 14:07
Société
Image
Jacques Chirac en 1997 au salon de l'agriculture.
Salon de l'agriculture : passage (presque) obligé pour les présidents de la République (DIAPORAMA)
Le Salon de l’agriculture permet aux présidents de la République d’afficher leur attachement à la ruralité et leur proximité avec les professionnels et les visiteurs, ...
18 février 2016 - 18:09
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.