Soupçons d'emplois fictifs : le PNF réclame un procès pour les époux Fillon

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Par Eleonore DERMY - Paris (AFP)
Publié le 11 janvier 2019 - 20:48
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Penelope et François Fillon lors d'un meeting Porte de Versailles à Paris, le 9 avril 2017
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© Eric FEFERBERG / AFP
Penelope et François Fillon lors d'un meeting Porte de Versailles à Paris, le 9 avril 2017
© Eric FEFERBERG / AFP

Deux ans après l'ouverture d'une enquête fatale à la campagne présidentielle de François Fillon, le parquet national financier a requis un procès en correctionnelle pour l'ex-candidat de la droite et son épouse, soupçonnés d'emplois fictifs.

Il revient désormais aux juges d'instruction de décider de renvoyer, ou non, sur le banc des prévenus l'ancien Premier ministre et son épouse Penelope, ainsi que son ancien suppléant parlementaire Marc Joulaud.

Dans son réquisitoire signé mercredi et révélé par le Monde, le PNF demande de juger François Fillon pour "détournement de fonds publics", "recel et complicité d'abus de biens sociaux", et "manquement aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

En ce qui concerne sa femme, le ministère public requiert un procès pour "complicité et recel de détournement de fonds publics", "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et "recel d'escroquerie aggravée", a ajouté cette source.

Si les magistrats suivaient ces réquisitions, un procès ne devrait toutefois pas se tenir avant plusieurs mois.

"Ce n'est pas une surprise, c'est la suite sans surprise de la procédure", a réagi auprès de l'AFP un membre de l'entourage de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

"Je ne souhaite pas réagir sur un document dont je n'ai pas encore eu connaissance à cette heure", a déclaré de son côté à l'AFP Me Antonin Lévy, avocat de François Fillon.

Le PNF avait ouvert une enquête après les révélations du Canard enchaîné, le 25 janvier 2017, qui ont décrédibilisé la candidature de M. Fillon, éliminé dès le premier tour du scrutin. Au cœur du dossier, les soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope et de ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires.

Face aux juges, M. Fillon avait défendu la réalité des emplois de sa femme à l'Assemblée nationale entre 1986 et 2013, lorsqu'il était député, et de ses enfants quand il siégeait au Sénat entre 2005 et 2007. Contre ces derniers, les juges n'ont finalement pas engagé de poursuites.

"A l’issue de l’information, aucun élément tangible ne permet de confirmer la réalité de l’activité de Penelope Fillon", estime le PNF dans son réquisitoire cité par Le Monde.

- Bataille au procès -

Au-delà du couple Fillon, deux autres personnes avaient été mises en examen dans cette enquête: l'ex-suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale, Marc Joulaud, maire LR de Sablé-sur-Sarthe et député européen, pour lequel le PNF demande le renvoi pour "détournement de fonds publics" ; et l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière.

Mais ce dernier a opté pour une alternative au procès, en acceptant une procédure de "plaider coupable". Il a été condamné le 11 décembre à huit mois de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende pour abus de biens sociaux, pour avoir accordé un emploi fictif à Penelope Fillon à La Revue des deux mondes.

Selon l'enquête, Mme Fillon aurait touché un total de 135.000 euros de mai 2012 à décembre 2013 alors qu'elle n'a publié que deux notes de lecture dans la revue, propriété du milliardaire, auprès de qui elle dit avoir assumé un rôle de conseiller.

Après avoir contesté avec virulence la légitimité de l'enquête en pleine campagne présidentielle, le couple Fillon a ensuite choisi une stratégie de passivité lors de l'instruction secrète, se réservant pour mener la bataille lors d'un éventuel procès public.

Ainsi, lors de sa mise en examen en mars 2017, le candidat s'était borné à lire une brève déclaration devant les juges.

Politiquement, le coup de grâce était venu des révélations de Robert Bourgi, une figure des réseaux de la "Françafrique", qui s'était vanté d'avoir offert deux costumes d'une valeur de 13.000 euros à l'ancien Premier ministre. L'enquête avait alors été élargie à des soupçons de "trafic d'influence" qui n'ont finalement pas été retenus par les juges.

Désormais retiré de la vie politique, l'ancien Premier ministre, 64 ans, a rejoint il y a un an la société de gestion d'actifs et d'investissement Tikehau Capital, mais il reste très discret. "Il vit heureux caché", résumait récemment un de ses anciens soutiens.

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