Assassinat de Litvinenko : la justice britannique accuse Vladimir Poutine

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 22 janvier 2016 - 11:40
Image
Marina Litvinenko, veuve de l'ancien espion et son fils Anatoly
Crédits
©Justin Tallis/AFP
Marina Litvinenko, veuve de l'ancien espion et son fils Anatoly lors d'une conférence de presse.
©Justin Tallis/AFP
Les conclusions d'un juge britannique impliquant l'État russe et Vladimir Poutine dans le meurtre en 2006 de l'ex-agent du KGB Alexandre Litvinenko ont déclenché une tempête diplomatique jeudi entre Londres et le Kremlin.

La justice britannique a présenté jeudi 21 janvier les conclusions d'une enquête publique, dirigée par le magistrat Robert Owens, impliquant l'État russe dans le meurtre de l'opposant, en 2006, à Londres. Alexandre Litvinenko serait mort en buvant une tasse de thé empoisonnée au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique et quasiment indétectable. La Russie est par ailleurs le seul pays producteur au monde de cet isotope hautement toxique.

Robert Owen a pointé le rôle d’exécutant des deux principaux suspects, Andreï Lougovoï, un ancien du KGB aujourd’hui député d’un parti nationaliste, et l’homme d’affaires Dmitri Kovtoun. "Je suis sûr que MM. Lougovoï et Kovtoun ont mis le polonium-210 dans la théière le 1er novembre 2006. Je suis sûr qu’ils l’ont fait dans l’intention d’empoisonner M. Litvinenko", écrit le juge Owen. Selon lui, une première dose plus faible de polonium lui aurait été administrée plus tôt, le 16 octobre, avant la dose fatale du 1er novembre. Alexandre Litvinenko est mort le 23 novembre 2006 à l’âge de 43 ans. La photo prise sur son lit de mort, sur laquelle il apparaît chauve et décharné, a fait le tour du monde.

Le corps de Litvinenko, qui avait obtenu la citoyenneté britannique, a été enterré dans un cercueil en plomb pour contenir les radiations.

Le juge a ajouté que "l'opération du FSB (services secrets russes, ex- KGB) a probablement été approuvée par M. Patrouchev (Nikolaï Patrouchev, ex-chef du FSB) et aussi par le président Poutine". 

Une accusation qui a immédiatement été commentée par le Kremlin, qui ne semble pas inquiété de la mise en accusation du président russe. "Cela s'apparente (...) peut être à une blague. Visiblement, on peut relier ça à l'élégant humour britannique", a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence.

Opposant à Vladimir Poutine depuis 2000, date à laquelle Alexandre Litvinenko accuse publiquement le président russe de négliger la lutte contre la corruption, il quitte son pays pour s'établir à Londres où il se lie d'amitié avec le représentant des séparatistes tchétchènes Akhmed Zakaïev ainsi qu'avec Boris Berezovsky. Cet ancien oligarque russe, après avoir favorisé l'ascension de Vladimir Poutine dans la vie politique russe et l'avoir financé pour qu'il accède au poste de président de la fédération de Russie, était tombé en disgrâce.

Litvinenko avait publié en 2012 un livre dans lequel il accuse les services secrets russes d'avoir organisé eux-mêmes la vague d'attentats en Russie en 1999 attribuée aux Tchétchènes, précédant le déclenchement de la Seconde guerre de Tchétchénie.

A noter que le milliardaire Boris Berezovski est décédé dans des circonstances non élucidées en mars 2013 dans sa résidence britannique. 

Selon le quotidien The Guardian, des diplomates britanniques ont demandé au Premier ministre David Cameron, qui a eu connaissance du rapport dès mardi 19, de ne pas décréter d’éventuelles sanctions en représailles, afin de ne pas compromettre les négociations sur le conflit en Syrie.

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.