Syrie : des civils évacués de la Ghouta inquiets pour leurs proches encerclés

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Par Rim HADDAD - Al-Doueir (Syrie) (AFP)
Publié le 13 mars 2018 - 12:37
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Une petite fille court dans le camp de déplacés d'Al-Doueir, où des habitants de la Ghouta orientale cible d'une offensive du régime ont trouvé refuge, le 12 mars 2018
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© LOUAI BESHARA / AFP
Dans un centre d’accueil près de la Ghouta orientale, l'inquiétude règne parmi les civils évacués par l'armée syrienne du dernier bastion rebelle en lisière de Damas. Ils pensent à leurs familles toujours encerclées par le régime.
© LOUAI BESHARA / AFP

Dans un centre d’accueil près de la Ghouta orientale, l'inquiétude règne parmi les civils évacués par l'armée syrienne du dernier bastion rebelle en lisière de Damas. Ils pensent à leurs familles toujours encerclées par le régime.

Les forces du président syrien Bachar al-Assad avancent rapidement dans les zones contrôlées par les insurgés dans la Ghouta à la faveur d'une offensive meurtrière lancée il y a plus de trois semaines pour reconquérir cette poche de résistance aux portes de la capitale.

Rima Cheikh, 40 ans, a fui les combats et trouvé refuge dans le secteur d'Al-Doueir, aux mains du régime. Mais sans sa fille, toujours dans l'enclave rebelle.

"Je n'ai pas vu ma fille depuis un mois", dit attristée cette mère de famille évacuée par l'armée avec son mari et ses quatre autres enfants.

Avant de fuir, "nous sommes allés la chercher dans une cave où elle s'était réfugiée, mais elle et son mari étaient déjà partis. Je n'ai pas pu l'emmener avec moi ni lui dire au revoir", confie-t-elle, assise sur un coin de tapis.

Rima et ses proches font partie des 17 familles arrivées depuis samedi dans le centre d'Al-Doueir, géré par les autorités syriennes, et la reprise de leur localité de Misraba par l'armée syrienne.

Ce lieu servait, à l'origine, de camp scout et comprenait plusieurs salles de sport avant le déclenchement de la guerre en Syrie il y a sept ans.

Chaque famille s'est vue attribuer une chambre, des matelas, des couvertures, de la nourriture, des ustensiles de cuisine et du matériel de nettoyage - frappés du logo du Croissant-Rouge syrien.

Le centre a également été équipé de salles de bain communes, tandis que les résidents ont tendu une corde entre deux arbres pour y étendre leur habits.

- Entre soulagement et tristesse -

Roueida Abdel Rahim, 45 ans, est partagée entre le soulagement d'avoir fui les combats et la tristesse de ne pas avoir vu sa fille et son bébé né à Douma, la principale ville de l'enclave, le jour où les bombes ont commencé à pleuvoir.

"Je suis heureuse d'être sortie mais triste de ne pas pouvoir contacter ma fille qui a accouché", dit-elle, essuyant ses larmes au milieu de ses autres enfants.

Le régime syrien et son allié russe ont lancé une vaste offensive le 18 février contre l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale, bombardant quotidiennement la zone. Ils ont reconquis depuis 60% du fief dissident.

Dans une autre chambre, Mayssa Ouyoune, 32 ans, prie pour sa mère et ses frères encore dans des zones sous contrôle des rebelles. "Je n'aspire à rien d'autre qu'à leur sécurité", dit-elle, en levant les yeux au ciel.

- 'Le goût d'une banane' -

Face à l'avancée de l'armée, de nombreux habitants ont abandonné leur maison.

Arafat Farhat, originaire d'un village de la Ghouta, avait rejoint la localité de Misraba, avant d'être une nouvelle fois contraint au départ.

"Nous avons beaucoup souffert (...) Mes enfants venaient me voir en me disant +papa on ne veut pas mourir ici+ (...) je n'en reviens pas qu'on soit encore en vie", raconte ce quadragénaire, la voix entrecoupée de larmes.

Arafat, qui travaillait dans le secteur de la construction, espère retrouver un emploi pour "acheter à (ses) enfants tout ce qu'ils veulent". "L'un d'eux ne connait même pas le goût d'une banane ou d'une pomme". Les zones rebelles de la Ghouta subissent un siège depuis 2013 et des pénuries de nourriture.

À l'extérieur du centre, des enfants aux vêtements colorés courent et s'amusent avec d'autres déplacés de leur âge arrivés durant les premières années du conflit.

Hassan Yehya, 72 ans, a lui le coeur serré, après avoir laissé sa famille derrière lui à Douma.

"J'espère retourner les voir", affirme ce berger.

"Est-ce que je peux vivre sans mes enfants à mon âge?", lâche-t-il. "Tout ce que je veux, c'est les voir. Je ne demande rien d'autre".

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