Syrie : en manque de soldats, Assad amnistie les déserteurs

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Pierre Plottu
Publié le 26 juillet 2015 - 17:41
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Quatre parlementaires français ont rencontré le président syrien Bachar el-Assad.
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©Sana Sana/Reuters
Bachar el-Assad a martelé que toute résolution politique du conflit qui se baserait sur sa mise à l'écart serait "vide de sens".
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Morts, déserteurs, réfractaires: l'armée syrienne fidèle au régime aurait perdu plus de la moitié de ses effectifs depuis le début de la révolte, en 2011. Un constat que Bachar el-Assad a été obligé de reconnaître publiquement mais qui ne l'empêche pas de réaffirmer que son armée vaincra.

L'armée syrienne fidèle au régime n'est plus que l'ombre d'elle-même. Voilà le principal enseignement d'un discours prononcé ce dimanche par Bachar el-Assad et retransmis en direct à la télévision. Le président syrien a ainsi admis que le "manque de ressources humaines" se fait ressentir dans les rangs de l'armée. La veille, il avait annoncé une amnistie sous condition pour les déserteurs et réfractaires au service militaire, la deuxième en un peu plus d'un an.

"Le problème auquel font face les forces armées n'est pas lié à la planification, mais à la fatigue", a affirmé Bachar el-Assad ce dimanche alors que son armée combat depuis quatre ans une rébellion à l'origine pacifique mais qui a peu à peu pris les armes face à la répression sanglante. "Il est normal qu'une armée soit atteinte de fatigue mais il y a une différence entre la fatigue et la défaite", a ajouté le président syrien, assurant que ses troupes sont encore capables de "vaincre" les terroristes, désignant l'opposition des rebelles comme des djihadistes.

A propos des revers enregistrés par les soldats loyalistes ces derniers mois, notamment dans la province d'Idlib, mais aussi dans le centre et le sud du pays, el-Assad a voulu relativiser. "L'armée ne peut se trouver dans chaque bout de territoire", a-t-il ainsi déclaré avant de pointer un supposé manque de soutien des populations locales concernées en expliquant que "dans certaines régions, les habitants ont porté les armes avec l'armée et cela a eu un impact plus décisif dans la bataille". Il a enfin réaffirmé qu'une résolution politique du conflit qui se fonderait sur sa mise à l'écart du pouvoir serait "vide de sens".

Un discours qui cache mal les difficultés de ses forces armées, qui apparaissent également lorsqu'il est contraint de décréter l'amnistie des déserteurs et des réfractaires au service militaire pour tenter d'attirer de nouvelles recrues. Depuis le début du conflit, en 2011, ses troupes auraient ainsi enregistré la mort de plus de 80.000 soldats et miliciens pro-régimes, auxquels il faut ajouter environ 70.000 jeunes syriens qui se seraient soustraits à leurs obligations militaires, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Sans oublier plusieurs dizaines de milliers de déserteurs qui ont rejoint les rangs de l'opposition armée ou fuit le pays lors des premiers mois de la révolte, mais qui ne sont, eux, pas concernés par l'amnistie.

Face à cette hémorragie, le régime est aux abois et a dû initier depuis un certain temps une stratégie de repli sur les provinces du centre-ouest du pays, de Damas, Homs, Hama et Lattaquié qu'il considère comme indispensables à son maintien. Les seules également que ses forces réduites de moitié après quatre ans de conflit lui permettent encore de défendre. Les autres régions ont quant à elles peu à peu été abandonnées aux troupes rebelles et, surtout, djihadistes, qui les avaient consciencieusement pillées et bombardées auparavant afin d'en compliquer l'administration.

 

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