Syrie : l'EI lance de vaines contre-offensives, assurent les forces antijhadistes

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Par Tony GAMAL-GABRIEL et Rouba EL HUSSEINI - Baghouz (Syrie) (AFP)
Publié le 12 mars 2019 - 16:59
Mis à jour le 13 mars 2019 - 22:48
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Bombardement de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis sur le dernier réduit à Baghouz (Syrie) du groupe Etat islamique, le 11 mars 2019
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© Delil SOULEIMAN / AFP
Bombardement de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis sur le dernier réduit à Baghouz (Syrie) du groupe Etat islamique, le 11 mars 2019
© Delil SOULEIMAN / AFP

Les jihadistes retranchés dans le dernier réduit du groupe Etat islamique (EI) en Syrie ont lancé mercredi deux contre-offensives, mais les Forces démocratiques syriennes (FDS) assurent que la fin du "califat" reste proche au lendemain de la reddition de milliers de combattants de l'EI.

Les jihadistes jusqu'au-boutistes défendent becs et ongles leur ultime bastion dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie.

Quelque 3.000 jihadistes se sont rendus mardi, acculés par le déluge de feu qui s'abat quotidiennement sur leurs positions.

Mais les jihadistes "ont lancé deux contre-attaques aujourd'hui (mercredi), une le matin et une autre l'après-midi", a indiqué à l'AFP un responsable des FDS sous le couvert de l'anonymat.

"La seconde était beaucoup plus intense" et a été lancée à la faveur des nuages de fumée provoqués par les bombardements contre la poche jihadiste, a-t-il précisé.

L'EI a recours aux kamikazes mais les FDS les interceptent avant qu'ils n'atteignent leur cible, a dit ce responsable.

Dans un communiqué publié mercredi soir, les FDS ont indiqué que leurs "combattants ont progressé", menant "une attaque à grande échelle contre des positions des terroristes" et tuant "des dizaines" de jihadistes.

Quatre combattants des FDS sont morts dans les combats mercredi, selon le communiqué.

Sur Twitter, le porte-parole des FDS, Mustefa Bali, a assuré que la contre-offensive de l'EI durant la journée "s'est soldée par un échec".

"Les derniers instants de l'EI ont commencé", a réaffirmé dans la journée Jiaker Amed, un responsable des FDS, dont les combattants kurdes et arabes sont soutenus par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Du "califat" autoproclamé en 2014 sur de larges pans de territoire à cheval entre la Syrie et l'Irak, il ne reste aujourd'hui aux jihadistes de l'EI qu'un tout petit secteur près de la frontière irakienne.

Les FDS sont engagées depuis décembre dans cette offensive décisive contre l'EI. La défaite des jihadistes signerait la fin territoriale du "califat" et revêt une importance symbolique.

Annoncée imminente depuis des semaines, la victoire a néanmoins été maintes fois retardée, la présence de très nombreux civils, en majorité des familles de jihadistes, ayant freiné l'offensive, relancée dimanche.

- Tempête de sable -

Depuis, les avions de la coalition ont intensifié durant trois nuits consécutives leurs bombardements sur la dernier carré jihadiste pour forcer les irréductibles du "califat" à capituler.

Au sol, les affrontements se sont poursuivis mercredi alors que les FDS employaient l'artillerie lourde pour contrer les attaques de l'EI, a indiqué un responsable des FDS.

Depuis une position des FDS dans Baghouz, des tirs d'artillerie se faisaient entendre, un nuage de fumée noire se dégageant à l'horizon, souvent suivis par des salves de tirs de mitrailleuses, a constaté une équipe de l'AFP.

"Aujourd'hui, la tempête de sable est à leur avantage, mais les jours à venir seront les nôtres", a lancé Delil, un combattant des FDS.

"La dernière heure est maintenant plus proche que jamais", a dit sur Twitter M. Bali.

Pour la coalition anti-EI, la victoire semble également imminente.

"Il n'y a pas de liberté de mouvement la nuit pour l'ennemi", a affirmé son porte-parole à l'AFP, en allusion aux raids nocturnes. Les "capacités" de l'EI "sont gravement détruites".

Selon les FDS, l'objectif est de "terroriser" jihadistes et civils pour les pousser à se rendre. Et cette tactique semble porter ses fruits.

Sur les plaines, à l'extérieur du village, plusieurs dizaines de personnes évacuées étaient assises mercredi à même le sol, formant de petits groupes, au milieu de champs parsemés de fleurs jaunes.

- Force anti-terroriste -

Près de 60.000 personnes ont déjà été évacuées de l'ultime poche jihadiste depuis décembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

La plupart d'entre elles ont été transférées vers le camp de déplacés d'Al-Hol (nord-est), où se trouvent désormais, selon le bureau de coordination humanitaire des Nations unies (Ocha),plus de 66.000 personnes.

"Un financement urgent est nécessaire et des lacunes subsistent au niveau de la livraison d'abris et d'eau et des services de santé", a déploré mardi auprès de l'AFP Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).

Si l'EI est sur le point de perdre son ultime ancrage territorial, le groupe a déjà entamé sa mue en organisation clandestine. Ses combattants sont disséminés dans le désert syrien et parviennent à mener des attentats meurtriers.

Par ailleurs, les partenaires des Etats-Unis au sein de la coalition internationale discutent d'un possible maintien d'une mission de contre-terrorisme dans le nord de la Syrie après la chute du "califat".

En décembre, le président américain avait pris ses alliés de court en annonçant brusquement le départ des 2.000 militaires américains déployés dans le nord-est de la Syrie, proclamant une victoire totale contre l'EI.

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