Venezuela : Guaido demande aux militaires de ne pas bloquer l'aide humanitaire

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Par Maria Isabel SANCHEZ - Caracas (AFP)
Publié le 06 février 2019 - 20:43
Mis à jour le 07 février 2019 - 07:55
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Le chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido, qui salue ses partisans le 2 février 2019, a été reconnu président par intérim par une dizaine de pays européens
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© Juan BARRETO / AFP
Le président autoproclamé du Venezuela Juan Guaido avant une session de l'assemblée nationale le 5 février 2019
© Juan BARRETO / AFP

L'opposant vénézuélien Juan Guaido a demandé mercredi aux militaires de ne pas bloquer l'aide humanitaire envoyée au Venezuela, notamment par les États-Unis qui se sont dit prêts à exempter de sanctions ceux qui désavoueraient le président Nicolas Maduro.

Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une quarantaine de pays, a jugé "absurde" l'attitude des militaires qui ont bloqué le pont de Tienditas, à la frontière avec la Colombie, où est organisée une collecte de vivres et de médicaments.

Trois remorques de camions bloquaient totalement le passage du pont, qui relie les localités de Cucuta (Colombie) et d'Urena (Venezuela), sous la surveillance de militaires vénézuéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"C'est la réaction absurde d'un régime qui ne s'intéresse pas au citoyen. Nous allons faire tout ce qui est possible pour qu'entre une partie de cette aide", a déclaré le chef de file de l'opposition, sans donner plus de détails sur l'entrée des cargaisons d'aide, également collectées au Brésil et sur une île des Caraïbes.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a réagi en appelant Nicolas Maduro à "laisser entrer" l'aide humanitaire dont le "peuple vénézuélien a désespérément besoin".

Juan Guaido s'est également adressé à l'armée, élément clé de la crise vénézuélienne, pour qu'elle laisse entrer l'aide humanitaire.

Les militaires "ont une responsabilité importante: continuer du côté de la dictature qui n'a pas une once d'humanité (...) ou se mettre du côté de la Constitution", a-t-il déclaré dans un entretien à une radio colombienne.

Il a également qualifié de "maladresse politique" le refus de l'aide par Nicolas Maduro, qui y voit le prélude à une intervention militaire américaine. "C'est un show politique, ce qu'ils appellent l'aide humanitaire. L'impérialisme n'aide personne dans le monde. Personne", a déclaré le chef de l’État.

- Exemption de sanctions -

Dans une nouvelle tentative de faire basculer l'armée, John Bolton, le conseiller à la sécurité de Donald Trump, a annoncé que les Etats-Unis étaient prêts "à exempter de sanctions tout haut responsable militaire vénézuélien qui se battrait pour la démocratie et reconnaîtrait le gouvernement constitutionnel du président Juan Guaido".

Le Parlement vénézuélien, unique institution aux mains de l'opposition, a approuvé mardi un plan stratégique pour la distribution de vivres et de médicaments depuis la Colombie et le Brésil, où des centres de collecte doivent être installés. Le Canada a promis 40 millions de dollars d'aide, Washington 20 millions et l'UE 7,5 millions.

Frappé par la pire crise économique de son histoire récente, le Venezuela souffre de graves pénuries de médicaments et de nourriture. Environ 2,3 millions de Vénézuéliens ont choisi de s'exiler depuis 2015, selon l'ONU.

Sans relâcher la pression sur le chef de l’État, Juan Guaido, qui s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier, a appelé le 12 février à une nouvelle mobilisation, ainsi qu'à une manifestation, sans date connue pour l'heure, pour exiger que les militaires laissent entrer l'aide humanitaire dans le pays.

Le 13 février, Donald Trump recevra à Washington son homologue colombien Ivan Duque pour discuter notamment "des efforts pour restaurer la démocratie au Venezuela", a annoncé mercredi la Maison Blanche.

Le chef du Parlement considère Nicolas Maduro comme un usurpateur pour s'être fait réélire lors d'une élection contestée avec ses adversaires en prison ou en exil.

- Appui de l'UE -

Juan Guaido a également redoublé d'effort mercredi pour obtenir le soutien de l'UE. "Aujourd'hui, nous avons échangé avec des représentants de l'Union européenne pour consolider son soutien à la transition démocratique", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion avec des représentants de l'UE à Caracas.

Depuis lundi et l'expiration de l'ultimatum lancé au chef de l’État Nicolas Maduro pour convoquer une élection présidentielle anticipée, une vingtaine de pays européens, dont l'Espagne, la France et l'Allemagne, ont reconnu Juan Guaido, 35 ans, comme président par intérim.

L'Italie, qui refuse de le reconnaître en raison des divergences au sein de son gouvernement d'union, a bloqué l'adoption d'une position commune de l'UE. Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et patron de l'extrême droite, a toutefois annoncé qu'il recevrait une délégation de représentants du chef de file de l'opposition lundi à son ministère.

Juan Guaido souhaite également demander à l'UE de "protéger" les comptes et les actifs vénézuéliens, comme l'a fait Washington qui imposera un embargo sur l'achat de pétrole vénézuélien à partir du 28 avril.

De son côté, le représentant du Venezuela auprès de l'Opep, Ronny Romero, a déclaré que les 500.000 barils vendus aux États-Unis "seront redirigés vers d'autres clients en Europe et en Asie. "La Russie et la Chine ne se soucient pas des sanctions de Washington", a-t-il ajouté.

Parallèlement, plusieurs pays tentent de faciliter une solution négociée à la crise.

L'Uruguay et le Mexique ont proposé mercredi un mécanisme de dialogue sans conditions préalables, à la veille d'une réunion, à Montevideo, d'un Groupe de contact international réunissant l'UE, sept pays européens et quatre pays d'Amérique latine.

Nicolas Maduro a dit espérer qu'une telle conférence puisse ouvrir une "plateforme de dialogue". Il a envoyé cette semaine une lettre au pape François demandant sa médiation. Juan Guaido a réagi en demandant au souverain de faire "entendre à Maduro" la nécessité "d'un processus de transition".

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