Poutine défend devant Trump son approche musclée envers l'Ukraine

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Par AFP - Buenos Aires
Publié le 02 décembre 2018 - 05:00
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Le président russe Vladimir Poutine (à gauche) adresse un regard à son homologue américain Donald Trump (au premier plan) à Buenos Aires le 30 novembre 2018.
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© Juan MABROMATA / AFP
Les présidents russe Vladimir Poutine (à gauche) et américain Donald Trump (au premier plan) à Buenos Aires le 30 novembre 2018.
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Le président russe Vladimir Poutine, qui a affirmé que "la guerre va continuer" dans l'est rebelle de l'Ukraine tant que les autorités ukrainiennes actuelles "resteront au pouvoir", a indiqué avoir expliqué lors du G20 la situation à son homologue américain.

M. Poutine a dit samedi avoir défendu la position de Moscou lors d'un entretien avec Donald Trump en marge d'un dîner vendredi lors du sommet de Buenos Aires.

"Nous nous sommes parlé debout. J'ai répondu à ses questions liées à l'incident en mer Noire", a dit M. Poutine à des journalistes à la fin du sommet. Le président Trump avait annulé sa rencontre officielle prévue avec M. Poutine à Buenos Aires à la suite de cette confrontation russo-ukrainienne.

M. Poutine évoquait les tensions entre Moscou et Kiev qui se sont aggravées depuis l'arraisonnement dimanche par les gardes-frontières russes de trois navires de guerre ukrainiens en mer Noire. L'incident, lors duquel 24 marins ukrainiens ont été arrêtés, a eu lieu au large de la Crimée. La Russie les accuse d'être entrés illégalement dans ses eaux territoriales.

Au cours d'une conférence de presse, le locataire du Kremlin a martelé: "Les autorités actuelles ukrainiennes n'ont pas intérêt à régler le conflit" entre Kiev et séparatistes prorusses dans l'Est ukrainien. "Surtout par des moyens pacifiques".

Ce conflit a fait plus de 10.000 morts depuis qu'il a éclaté en 2014.

"Tant qu'elles resteront au pouvoir, la guerre va continuer (...). C'est toujours plus facile de justifier ses échecs économiques par la guerre" en rejetant la responsabilité sur un "agresseur extérieur", a-t-il souligné.

Kiev et l'Occident accusent la Russie, qui a annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée, de soutenir militairement les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine, ce que Moscou nie farouchement.

M. Poutine a une nouvelle fois dénoncé samedi "une provocation" de l'Ukraine dont les navires ont selon lui "violé de manière impertinente" la frontière russe.

Pour sa part, l'Ukraine dénonce un "acte d'agression" et a instauré, en réponse, la loi martiale dans plusieurs de ses régions frontalières.

Dans une interview à la chaîne de télévision France 24, le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé que Vladimir Poutine refusait de lui parler depuis le début de la crise.

- Apaiser les tensions -

Il a dit avoir demandé à son bureau d'appeler le Kremlin pour transmettre que "nous sommes prêts à des négociations afin de parvenir à une désescalade". "Malheureusement, jusqu'à présent, Poutine n'a pas répondu à ma demande en vue d'une conversation téléphonique directe."

Pour M. Poroshenko, l'Ukraine va essayer de résoudre cette situation par des moyens diplomatiques, mais, a-t-il insisté, les forces russes doivent quitter la Crimée, de même que restituer les navires et les marins "capturés illégalement dans les eaux internationales de la mer Noire".

Kiev était allé jusqu'à demander à l'Otan de déployer des navires en mer d'Azov pour le soutenir dans son bras de fer avec Moscou. Mais les Européens se sont employés à tempérer les ardeurs de l'Ukraine.

Néanmoins, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a vivement condamné la Russie. "Nous faisons actuellement face aux violations fourbes par Poutine du traité" sur les armes nucléaires intermédiaires, a-t-il déclaré lors d'un forum sur la Défense, en Californie.

Et de dénoncer "le mépris et le rejet éhontés de l'accord de 2003 qui garantissait aux navires russes et ukrainiens la libre circulation à travers le détroit de Kertch, un accord violé de façon éhontée le week-end dernier".

La mer Noire et reliée à la mer d'Azov par le détroit de Kertch.

Pour leur part, en marge du sommet G20, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont demandé à M. Poutine d'oeuvrer pour apaiser les tensions.

"La chancelière a de nouveau fait part de sa préoccupation à propos de l'escalade (...) et de son engagement en faveur de la libre circulation maritime en mer d'Azov", a indiqué un porte-parole. Des propos similaires à ceux tenus par le chef de l'État français, qui a dit à son homologue russe "qu'il fallait entrer dans une phase de désescalade".

Pour convaincre M. Macron du bien-fondé de sa décision d'arraisonner les trois navires ukrainiens, M. Poutine a pris une feuille et lui a dessiné la position des bateaux, avaient raconté vendredi les conseillers du président français.

burx/cn/hh

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