Premier petit-déjeuner d'homme libre pour Michel Cardon, l'un des plus anciens détenus de France

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Par Julia PAVESI - Lille (AFP)
Publié le 01 juin 2018 - 12:24
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Un "premier petit-déjeuner d'homme libre": condamné à la perpétuité pour un meurtre commis en 1977, Michel Cardon, l'un des plus anciens détenus de France qui a passé plus de quarante ans en détention, est sorti vendredi matin de prison.

"Je suis très ému, et lui très heureux, il sourit tout le temps", a déclaré par téléphone à l'AFP son avocat Me Eric Morain, qui prenait un café avec son client sur une aire d'autoroute.

A 67 ans, il a quitté le centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) vers 8h40, vêtu d'une veste noire et d'un pantalon gris, le pas mal assuré, accompagné de son avocat, selon les images de France 3.

Après trois permissions de sorties depuis le printemps, "c'est son premier petit-déjeuner d'homme libre, ou presque libre", a salué son avocat. Tous les deux sont partis ensemble en voiture, direction la région parisienne.

M. Cardon et un complice avaient été condamnés en 1979 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre à Amiens d'un voisin qu'ils avaient cambriolé. La peine de mort avait été requise. Les deux hommes étaient repartis avec un maigre butin de 200 francs et une charrette d'objets dérisoires.

"Nous avons chargé ses affaires. Nous, on a besoin de louer des utilitaires; pour lui ça tenait dans un chariot pas plus grand qu'un caddy", a-t-il raconté. "Il est très présent, il sait très bien ce qui se passe" malgré les séquelles d'un AVC qui rendent difficile son élocution.

En milieu de journée, Michel Cardon est arrivé dans un centre d’hébergement et de réinsertion du Val-d'Oise, où il devra se soumettre à des soins psychologiques et psychiatriques.

- "Heureux" -

"La porte s'arrête à ce centre. C'est sa vie maintenant. Je l'ai remis à des professionnels qui vont s'occuper de lui", a commenté à l'AFP Me Morain. "Il était manifestement heureux, vraiment, ça se voyait, ça se voyait sur son visage."

Michel Cardon reste administrativement sous écrou de la prison d'Osny (Val d'Oise). Il sera suivi par un juge d'application des peines (JAP) de Pontoise, avec une période probatoire d'un an, conformément à la décision du tribunal d'application des peines d'Arras qui lui avait accordé fin mars sa remise en liberté conditionnelle "sous condition du bon déroulement d'un placement à l'extérieur" pendant un an à compter du 1er juin 2018.

"Les expertises et évaluations pluridisciplinaires les plus récentes ont relevé une dégradation importante des fonctions cognitives" du détenu, pouvait-on lire dans cette décision consultée par l'AFP. "Le dernier expert n'a retrouvé aucun élément en faveur d'un risque de récidive".

Cette demande de libération conditionnelle avait été déposée en 2016 après cinq requêtes rejetées, les experts relevant un risque de récidive toujours présent, selon le parquet d'Arras. Une sixième requête avait fait l'objet d'un désistement.

Le 15 mars, le parquet avait requis un placement extérieur probatoire à une libération conditionnelle dans un établissement pour personnes âgées dépendantes.

Selon Freddy Daucourt, surveillant et délégué FO à Bapaume, "c'est quelqu'un de discret, qui n'a jamais posé de problèmes en détention, il ne faisait pas parler de lui, il restait beaucoup dans sa cellule. Il était temps qu'il sorte, la détention l'a esquinté, il a 67 ans mais il en paraît 80".

Dans la mesure où sa période de libération conditionnelle doit durer jusqu'en 2022, Me Morain maintient sa demande de grâce présidentielle, qu'il avait formulée dans un courrier daté du 12 février et révélé par le JDD.

Michel Cardon, sous tutelle depuis 10 ans, avait été incarcéré à 26 ans, le 29 octobre 1977. Il était écroué au centre de détention de Bapaume depuis le 5 juin 1996. Selon son avocat, "l'administration (pénitentiaire) a géré ses derniers jours de détention de manière classique, c'est-à-dire dénué de toute chaleur".

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