Prévenir l'absentéisme : des solutions sur-mesure moins complexes qu'imaginé

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Par Sabine PRADELLA - Paris (AFP)
Publié le 31 octobre 2018 - 09:43
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Pour prévenir l'absentéisme, des entreprises choisissent de faire appel à des cabinets spécialisés
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Pour prévenir l'absentéisme, des entreprises choisissent de faire appel à des cabinets spécialisés
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Faire baisser l'absentéisme ou essayer de le prévenir: face à un phénomène en hausse ces dernières années, au coût important et qui peut désorganiser des services, des entreprises choisissent de faire appel à des cabinets spécialisés. Avantage: des solutions sur-mesure.

Compressible ou non, diffus ou encore "micro multi-récidiviste"... L'absentéisme, comme ses causes, a de multiples visages. Préalable pour y remédier, une "analyse fine", explique le directeur de GPA Initiatives, l'un des cabinets de consultants à travailler sur le sujet.

Créée en 2013, cette petite société s'appuie sur un outil informatique pointu pour passer au crible des masses de données de ressources humaines et relatives à l'activité de l'entreprise, en moyenne "1,024 million de données" pour un effectif de 500 personnes, détaille Gurvan Collin.

Adossés à des entretiens, ces chiffres permettent de décortiquer l'absentéisme "compressible" (arrêts maladie de courte durée, accidents de travail et de trajet, absences injustifiées), le seul sur lequel une entreprise peut agir. Avant de proposer des solutions adaptées.

En 2014, le "coût direct" de l'absentéisme pour les entreprises - remplacements, heures supplémentaires... - avait été évalué à 45 milliards d'euros par un institut privé. Le coût indirect, ça peut être une "baisse de marge" deux mois après l'absence d'un commercial, relève M. Collin.

Et ses causes sont variées, parfois même lointaines, comme un recrutement massif conduit trop rapidement deux ans plus tôt. C'est ce qui est arrivé dans une entreprise de messagerie auditée par GPA Initiatives. "Ils avaient dû embaucher en urgence après avoir obtenu un gros contrat", sans vrai processus d'intégration, raconte M. Collin.

Ou alors "ça peut être la rumeur, celle d'un déménagement" comme dans une filiale bancaire où les absences avaient cru en flèche: autant en un trimestre que pendant toute l'année précédente.

- "Entretiens de ré-accueil" -

Pour la société Bien Être Assistance (environ 150 salariés), l'audit a permis d'identifier un turn-over "absolument anormal" dans ses services de conciergerie et d'aide aux personnes via une plateforme téléphonique, explique son directeur général, Eric Vilon, en saluant une "approche très détaillée, très personnalisée" et "pas stigmatisante".

Il a été mis en évidence que les salariés en période d'essai absents pour maladie partaient dans les six mois. "Ca nous a amenés à changer nos profils de recrutement", poursuit M. Vilon. L'entreprise a aussi instauré un système de parrainage des nouveaux salariés pour "développer l'esprit d'équipe", facteur d'engagement, ajoute la directrice des Ressources humaines, Mary Spizzica.

Résultat: "on a presque diminué les départs à trois mois de 50%", se félicite-t-elle.

Aux Résidences du pays de Rochefort-en-Terre, établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), l'absentéisme représentait l'équivalent de 4% du budget, explique le directeur David Jeuland, malgré "davantage de personnels qu'ailleurs". Dû principalement à des arrêts longue durée, liés au vieillissement des salariés et au recul de l'âge de la retraite, il se doublait d'un "micro-absentéisme" (un jour de temps en temps) qui "créait du sur-absentéisme", a montré l'audit.

Pour le contrer, l'accent a été mis sur le matériel afin d'apporter "toutes les aides techniques" au personnel dans ses tâches, ainsi que sur la formation "charge émotionnelle" pour faire face aux quelques épisodes d'agressivité des résidents, détaille M. Jeuland. Autres mesures, la mise en place d'entretiens de ré-accueil après un arrêt maladie et l'accès à une plateforme de soutien psychologique.

De "13 à 17% selon les années", le taux d'absentéisme a chuté à "autour de 10%", souligne le directeur.

Les seuls entretiens de ré-accueil entraînent "une baisse de 25% du micro-absentéisme", note M. Collin. Et "jusqu'à 35 à 40% dans les milieux +durs+" (Ehpad, hôpitaux, agroalimentaire). Chez Bien Être Assistance, avec un personnel à 80% féminin, il a été instauré également en amont des retours de congé maternité.

Dans un hypermarché, la solution est venue de la création d'une micro-crèche de huit à dix berceaux. Son coût - 25.000 euros après les aides - étant largement compensé par la diminution des absences, pour un gain chiffré à 75.000 euros.

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