Retraites : Bolsonaro veut économiser 275 milliards d'euros sur 10 ans

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Par Jordi MIRO - Brasilia (AFP)
Publié le 20 février 2019 - 05:00
Mis à jour le 21 février 2019 - 00:10
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Le président brésilien Jair Bolsonaro à Brasilia le 25 janvier 2019
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© Sergio LIMA / AFP
Le président brésilien Jair Bolsonaro à Brasilia le 25 janvier 2019
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Le président brésilien Jair Bolsonaro a présenté mercredi au Congrès un projet de réforme des retraites qui selon lui ferait économiser plus de 275 milliards d'euros au pays sur 10 ans et dont l'approbation est fondamentale pour l'avenir de son mandat.

"Nous comptons tous sur votre compétence et votre patriotisme pour sauver l'économie brésilienne. Nous n'avons pas d'autre issue", a affirmé le chef de l'Etat avant de remettre le projet de 66 pages entre les mains du président de la Chambre des Députés Rodrigo Maia.

Si le projet orchestré par le ministre de l'Economie ultra-libéral Paulo Guedes est approuvé tel quel, le gouvernement table sur une économie de 1.164 milliards de réais (275 milliards d'euros, 314,5 milliards de dollars) sur dix ans.

Malgré cette annonce, la Bourse de Sao Paulo, qui avait ouvert à la hausse, a clôturé sur une baisse de 1,14%, en raison, selon les analystes, d'inquiétudes quant aux difficultés à faire approuver le projet.

M. Bolsonaro est arrivé au Congrès sous les huées de parlementaires d'opposition, qui brandissaient des oranges, en référence au terme "Laranja", qui désigne des candidats fantômes dont son parti est accusé d'avoir fait bénéficier de financements illicites.

Un millier de personnes manifestaient à Sao Paulo, capitale économique du pays, à l'appel des principaux syndicats, qui dénoncent la "fin du système des retraites au Brésil".

- Projet "ambitieux" -

Ce projet impopulaire signerait effectivement la fin d'un système de retraites particulièrement généreux, dans un pays vieillissant de 210 millions d'habitants.

"Nous avons commis des erreurs par le passé, moi même j'en ai commis (en tant que député, il avait voté contre un autre projet de réforme des retraites en 2003), mais nous avons aujourd'hui une grande opportunité d'assurer des revenus pour les nouvelles générations au moment de leur retraite", a affirmé mercredi Jair Bolsonaro.

Comme le gouvernement l'avait déjà annoncé, la principale nouveauté du texte est l'âge minimum de départ à la retraite : 62 ans pour les femmes et 65 pour les hommes, à l'issue d'une période de transition de 12 ans. Le système actuel ne prévoit pas d'âge minimum.

La durée de cotisation minimale a été par ailleurs relevée à 20 ans au lieu de 15 ans actuellement, mais il faudra cotiser 40 ans pour obtenir une retraite à taux plein.

Le patronat espère que la réforme donnera un coup de fouet à une croissance encore chancelante après la récession historique de 2015-2016.

Les principales caisses de retraite ont cumulé en 2018 un déficit de 292 milliards de réais (70 milliards d'euros), l'équivalent de 4,25% du PIB, contre 2,1% en 2011.

Pour le cabinet de consultants britannique Capital Economics, le texte est "ambitieux, mais c'est juste un point de départ". "Les expériences passées ont montré que le processus d'approbation pourrait prendre beaucoup de temps et que le texte risque d'être édulcoré par rapport à sa version originale", ajoute ce cabinet, au sujet du vote au Congrès, qui doit avoir lieu dans plusieurs mois.

"La vision économique est une chose, mais la façon dont le texte sera appréhendé au niveau politique en est une autre. Ce sera difficile de maintenir le projet originel", abonde Alex Agostini, consultant chez Austin.

- Tensions internes -

Pour être mise en place, la réforme doit être approuvée par les trois cinquièmes des députés comme des sénateurs, car elle requiert un amendement constitutionnel.

Les analystes consultés par l'AFP estiment qu'il y a un "large consensus" parmi les parlementaires sur la nécessité d'une telle réforme.

Le vice-président Hamilton Mourao a déclaré mardi que, d'après les premiers calculs du gouvernement, le vote de 250 des 513 députés de la chambre basse est déjà assuré. Il en suffirait de "60 à 70" supplémentaires pour approuver le texte.

Mais l'élan de Jair Bolsonaro a été freiné par des dissensions internes au sein de son cercle rapproché. Elles ont culminé avec le limogeage lundi de Gustavo Bebianno, premier ministre à quitter son équipe.

Le gouvernement a par ailleurs subi mardi sa première défaite à la chambre basse, les députés rejetant un décret qui visait à élargir le nombre de hauts fonctionnaires habilités à classer secrets des documents censés être accessibles au public.

"Au vu de cette défaite d'hier, le gouvernement aura-t-il la capacité politique de faire approuver cette réforme? Dans quelle mesure survivra-t-elle aux négociations du Congrès sans être fortement édulcorée?", s'interroge Bruno Ottoni, économiste de la fondation Getulio Vargas.

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