Roumanie : gaz lacrymogènes et canon à eau pour disperser une manifestation d'expatriés

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Par AFP - Bucarest
Publié le 10 août 2018 - 22:36
Mis à jour le 11 août 2018 - 01:32
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Echauffourées entre police et manifestants roumains lors d'une manifestation le 10 août 2018 à Bucarest
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© Daniel MIHAILESCU / AFP
Echauffourées entre police et manifestants roumains lors d'une manifestation le 10 août 2018 à Bucarest
© Daniel MIHAILESCU / AFP

Les forces de l'ordre ont utilisé un canon à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs dizaines de milliers de Roumains, dont de nombreux expatriés, qui manifestaient vendredi à Bucarest contre le gouvernement de gauche.

Un millier de gendarmes et de policiers anti-émeute sont intervenus pour évacuer la place de la Victoire, théâtre d'échauffourées provoquées, selon la gendarmerie, par des "membres des galeries de clubs de football".

Près de 250 personnes ont dû être soignées pour avoir inhalé des gaz poivre et lacrymogènes, tandis qu'une dizaine de gendarmes ont été blessés par des jets de pierres et de bouteilles, selon les services d'urgence.

Le président de centre droit Klaus Iohannis a "fermement condamné l'intervention brutale de la gendarmerie, disproportionnée par rapport à l'attitude de la plupart des manifestants", précisant toutefois que "toute forme de violence est inacceptable".

"Le ministère de l'Intérieur doit s'expliquer sur la gestion des événements", a-t-il écrit sur son compte de Facebook.

Entre 50.000 et 80.000 personnes, selon les médias locaux, s'étaient rassemblées au centre de la capitale pour demander la démission du gouvernement, accusé de "corruption".

En voiture, en train ou en avion, des milliers d'entre elles étaient venues de plusieurs pays d'Europe, voire des Etats-Unis ou du Canada pour exprimer leur ras-de-bol envers l'"absence de progrès" dans leur pays natal.

- "Voleurs" -

"Démission", "Voleurs", "Nous ne cèderons pas", ont-elles scandé, brandissant des drapeaux de Roumanie et de leurs différents pays d'accueil.

Stefan et Ileana Anghel, la quarantaine, ont traversé en voiture l'Europe pour participer à cette manifestation.

"Malheureusement rien n'a changé en Roumanie. Nous aimerions voir des routes et des écoles modernes et surtout ne plus devoir payer des pots-de-vin à droite et à gauche", indique à l'AFP Ileana, qui travaille, comme son mari, dans l'agriculture dans la région d'Alicante en Espagne.

Vlad, 60 ans, et son épouse sont venus de New-York, où ils vivent depuis 30 ans, pour cette "fête de la diaspora".

"La corruption et le détournement de fonds au profit des gouvernants, voilà ce qui me dérange", dit Vlad, qui travaille dans l'immobilier. "Une force est en train de naître sur cette place, nous espérons que notre message sera entendu", ajoute-t-il.

Environ quatre millions de Roumains (sur une population totale de 20 millions) travaillent à l'étranger. En 2017, ils ont envoyé à leurs familles restées en Roumanie 4,3 milliards d'euros, soit près de 2,5% du produit intérieur brut de ce pays, l'un des plus pauvres de l'Union européenne.

Petre, un ingénieur à la retraite, souhaite que "ce pays ne soit plus dirigé par une personne condamnée. Nous méritons mieux que cela", dit-il en référence au chef du Parti social-démocrate (PSD, au pouvoir) Liviu Dragnea, qui a écopé en juin d'une peine de trois ans et demi de prison en première instance dans une affaire d'emplois fictifs.

Considéré comme le véritable chef du gouvernement, M. Dragnea est empêché de briguer le poste de Premier ministre par une condamnation en 2016 à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale.

Depuis son retour au pouvoir fin 2016, le PSD a lancé une vaste réforme de la justice qui menace l'indépendance des magistrats et vise à permettre à des responsables politiques d'échapper aux poursuites, selon ses détracteurs.

Adoptée en plusieurs volets, cette réforme a suscité une vague de contestation d'une ampleur sans précédent depuis la chute du régime communiste fin 1989, avec un demi de million de personnes dans la rue en février 2017.

Le mois dernier, la majorité de gauche a par ailleurs obtenu le départ de la cheffe du Parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi, qui a remporté ces dernières années des succès notables dans la lutte contre ce fleau, loués par Bruxelles.

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