S'enivrer le plus possible : le lycée à l'époque de Brett Kavanaugh

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Par Paul HANDLEY - Bethesda (Etats-Unis) (AFP)
Publié le 27 septembre 2018 - 18:01
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L'entrée du lycée Georgetown Preparatory School à Bethesda, dans le Maryland, banlieue chic de la capitale fédérale américaine où Brett Kavanaugh était scolarisé au début des années 80
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© WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
L'entrée du lycée Georgetown Preparatory School à Bethesda, dans le Maryland, banlieue chic de la capitale fédérale américaine où Brett Kavanaugh était scolarisé au début des année
© WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Pelouses soigneusement tondues, terrains de sports, courts de tennis couverts: le cadre du lycée d'élite, au prix exorbitant, où a été scolarisé Brett Kavanaugh se veut idéal, un tremplin vers les meilleures universités américaines. La réalité est plus contrastée.

Brett Kavanaugh, choisi par Donald Trump pour le poste le plus prestigieux de la pyramide judiciaire, juge à la Cour suprême, a fait ses classes au Georgetown Preparatory School au début des années 80: un lycée de garçons, dirigé par les Jésuites, à Bethesda, dans la banlieue cossue de Washington.

"Ce qui se passe à Georgetown Prep reste à Georgetown Prep", disait M. Kavanaugh dans un discours en 2015, sur le ton de la blague. Il se doutait guère que ses années lycées pourraient, quelques années plus tard, faire dérailler sa nomination à la plus haute juridiction des Etats-Unis.

M. Kavanaugh est accusé par plusieurs femmes d'abus sexuels remontant à l'époque du lycée et de la fac. Il dément vigoureusement toutes ces allégations.

Car derrière son apparence de lycée élitiste, aux frais de scolarité annuels montant jusqu'à 50.000 dollars, c'est une autre image de l'école qui est apparue récemment, celle de fêtes où l'alcool coulait à flot quand les parents avaient le dos tourné au début des années 80 et où les adolescents allaient à la plage le weekend et prenaient des drogues.

"Toutes ces écoles catholiques étaient déjantées", confie une ancienne élève d'une école de Washington réservée aux filles et dont le frère a été scolarisé dans le même établissement que Brett Kavanaugh.

-100 fûts de bière -

Les albums souvenirs de Prep et d'autres écoles, comme Holton-Arms où était scolarisée Christine Blasey Ford, une des accusatrices de M. Kavanaugh, en témoignent.

Sur l'album de Holton-Arms, on peut lire qu'à l'époque, les invitations aux soirées de Georgetown Prep étaient à la mode, la focale tournée vers "les garçons et les bières".

L'activité principale ? Des jeux à boire, toute la nuit.

Dans son album, Kavanaugh se décrit lui-même comme "trésorier" du "Keg City Club", le club du fût, avec la mention "100 fûts ou mourir", une référence à la promesse de descendre 100 fûts de bière avant de finir son cursus au lycée.

Mark Judge, ami proche de M. Kavanaugh, cité par Mme Blasey Ford comme étant présent dans la chambre lors de l'agression présumée, a écrit un livre où il fait remonter les origines de son alcoolisme à Georgetown Prep.

Dans "Wasted: Tales of a Gen X Drunk" (Bourré: récits d'une génération X alcoolisée), il fait aussi référence à son ami répondant au pseudo de "Bart O'Kavanaugh", vomissant et s'évanouissant dans une voiture en fin de soirée.

- Richesse et confort -

Si l'école âgée de 229 ans fait d'une éducation portée sur la moralité et l'humilité sa priorité, ses 38 hectares de campus dans le Maryland, font surtout écho à la richesse et au confort.

"C'est cher. Mais ça valait le coup", explique une mère ayant envoyé son fils à Georgetown Prep.

Les élèves ont leur propre voiture de golf et même une piscine olympique à disposition.

Parmi les anciens figurent notamment des membres de la famille Kennedy et le dernier magistrat à être entré à la Cour suprême, Neil Gorsuch.

Le lycée envoie seulement, de manière marginale, davantage d'élèves dans des universités d'élite comme Harvard et Stanford que les écoles publiques.

Les fêtes, elles, ont pu se raréfier depuis les années 80: l'âge légal de consommation d'alcool est passé de 18 à 21 ans et les parents sont désormais tenus pénalement responsables si un jeune de moins de 21 ans dont ils ont la charge --ou présent dans leur maison-- est blessé ou blesse quelqu'un.

"Oui, il y a des fêtes. Il y a de l'alcool et quelques drogues", confie un élève ayant fini le lycée en 2008.

"Mais tout le monde ne participe pas à ces activités et il n'y a pas une pression exagérée pour prendre part à quelque chose d'illégal ou tapageur", temporise-t-il.

Parents et étudiants de la région l'assurent, il n'y a plus trop d'écart de nos jours entre les soirées en école publique et privée.

"La seule différence, ça pourrait être que les regroupements à Prep se passent dans des maisons avec piscine plutôt que dans des sous-sols", conclut l'ancien élève.

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