Si les zoos ne se protègent pas mieux, le braconnage continuera

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Par AFP
Publié le 08 mars 2017 - 16:05
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Photo du Domaine de Thoiry datée du 22 mars 2016 du rhinocéros Vince tué pour sa corne le 7 mars 201
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© Arthus Boutin / DOMAINE DE THOIRY/AFP/Archives
Photo du Domaine de Thoiry datée du 22 mars 2016 du rhinocéros Vince tué pour sa corne le 7 mars 2017 au zoo français de Thoiry à côté de Paris
© Arthus Boutin / DOMAINE DE THOIRY/AFP/Archives

Les zoos européens, déjà victimes de nombreux vols d'animaux vivants, doivent renforcer les moyens de protection de leurs pensionnaires, de plus en plus convoités par les trafiquants, souligne mercredi l'ONG Robin des Bois, au lendemain de la découverte d'un rhinocéros tué pour sa corne au zoo français de Thoiry.

Avec la mort de Vince, "un pas supplémentaire a été franchi", constate Charlotte Nithart, porte-parole de cette organisation en pointe dans le suivi du commerce illégal d'espèces.

QUESTION: Cette opération est-elle inédite? Pourquoi cette escalade?

REPONSE: "Des défenses ont déjà été volées dans un zoo en Inde, mais l'éléphant n'avait pas été tué. Plus récemment, deux petits rhinocéros ont été tués dans un orphelinat en Afrique du sud. Mais dans un zoo, avec mort de l'animal, c'est sans doute une première.

Si cette affaire nous afflige, elle ne nous étonne pas. Depuis les années 2000, les zoos européens connaissent déjà une accélération des vols d'animaux vivants.

En 2015 un dragon de komodo a été dérobé dans la ferme aux crocodiles de Pierrelatte (sud de la France): comme animal de compagnie, il atteint 10.000 à 20.000 euros.

Le zoo de Krefeld, en Allemagne, s'est fait voler un ara hyacinthe valant 40.000 euros. Un aquarium britannique a perdu trois manchots, le zoo de Mulhouse 22 flamants roses... Ça n'arrête pas.

Quant à la corne de rhinocéros, elle peut atteindre des valeurs astronomiques. Le prix record répertorié par notre bulletin de suivi concerne une vente au détail en Chine: 100.000 euros le kg de corne en poudre! (une corne pouvant atteindre 4 kg)."

Q: Qui peut mener une telle opération?

R: "Les rhinocéros dans la nature sont sous pression. 1.400 sont braconnés chaque année (sur environ 25.000), majoritairement en Afrique du Sud mais aussi en Asie, en Inde.

Aujourd'hui il est plus facile de braconner un rhinocéros dans un zoo européen que dans les parcs africains, où quasiment chaque rhino a son garde.

Ces dernières années, nous avons eu une épidémie de vols de cornes dans les musées d'histoire naturelle en Europe, avec des méthodes de gangs perfectionnés.

Derrière, il y avait notamment les "Rathkeale rovers", des gens du voyage irlandais, profitant de nombreux homonymes, allant vers les trafics les plus juteux, depuis le trafic d'antiquités dans les années 70 jusqu'aux cornes de rhino aujourd'hui.

A Thoiry, c'est un pas supplémentaire. Il y avait très certainement des armes de gros calibre".

Q: Dans les musées, les rhinos naturalisés arborent désormais de faux attributs. Mais que peuvent faire les zoos? Plus largement, comment lutter contre ce trafic?

R: "Il faut que tous les zoos détenteurs de ces animaux prisés organisent mieux leur protection. Car si ce premier coup n'est pas suivi de mesures rigoureuses, ça se reproduira dans un autre zoo en France ou en Europe.

Il faut plus de rondes, des surveillants habilités à effectuer des tirs de sommation.

Il y a environ 160 rhinocéros dans les zoos européens. Ils valent plus cher que l'or, c'est comme avoir un coffre-fort chez soi. Thoiry et ses trois rhinocéros, c'est un million d'euros!

Au-delà, il faut renforcer les moyens douaniers, empêcher que ces cornes rejoignent le marché asiatique. Contrôler mieux les colis postaux, impliquer les sociétés de logistique.

Par exemple, on craint que le trafic profite du transport de vin. En 2014, un contrôle autoroutier à Poitiers a permis d'arrêter un Chinois exportateur de vins de Bordeaux, avec dans son coffre 10 kgs de corne.

Il faut aussi interdire le commerce international, toujours assorti de dérogations. Dans ce sens un avis de l'UE émis en 2015 pour limiter les certificats de commercialisation semble assez respecté par les États.

Et à l'autre bout de la chaîne, il faut plus d'information sur les soi-disant vertus de ces produits. Or, si on voit des efforts en Chine, ça reste assez mou, par exemple, au Vietnam. Et l'information vient surtout des ONG".

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