Sid-Ahmed Ghlam s'énerve contre les parties civiles

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Par Alain JEAN-ROBERT - Paris (AFP)
Publié le 22 octobre 2020 - 17:59
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L'église Saint-Cyr-Sainte-Julitte à Villejuif en avril 2015
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© KENZO TRIBOUILLARD / AFP/Archives
Croquis d'audience de Sid-Ahmed Ghlam lors de son procès à Paris, le 5 octobre 2020
© KENZO TRIBOUILLARD / AFP/Archives

Soucieux de donner une image de jihadiste "repenti" depuis le début de son procès, l'étudiant algérien Sid-Ahmed Ghlam a craqué jeudi ne cachant pas son agacement face aux parties civiles alors que la cour d'assises spéciale de Paris a commencé l'examen des faits.

"Pourquoi accepter de frapper sur le sol français alors que avez raconté que seul le sort du peuple syrien vous préoccupait?", "Combien de victimes souhaitiez-vous faire?", "Pourquoi ne prononcez-vous jamais le mot attentat?", questionnent sans relâche les avocats des parties civiles.

Sid-Ahmed Ghlam, accusé d'avoir projeté un attentat contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) et d'avoir assassiné une jeune mère de famille en avril 2015, serre le rebord du box. Debout, visiblement agacé, il hausse le ton.

"Vous avez un peu suivi ce que j'ai dit", s'énerve-t-il en levant les yeux au ciel face au feu roulant des interrogations.

Gérard Chemla, avocat de la Fédération nationale des victimes d'attentats (Fenvac) lui rappelle que son ex-petite amie, citée comme témoin devant la cour, avait affirmé que, dès le début de l'année 2014, il lui avait fait part de son intention de "mourir en martyr". Sid-Ahmed Ghlam conteste, bute sur les mots mais déjà l'avocat lui pose une autre question.

"Quel lien faites-vous entre le régime syrien et la France?", demande-t-il. Sid-Ahmed Ghlam bredouille quelques mots incompréhensibles avant de dire "la coalition".

La France a pris part aux opérations aériennes de la coalition internationale contre l'Etat islamique (EI) à partir de septembre 2014. Elle a mené ses premières frappes en Syrie en septembre 2015, plusieurs mois après les faits reprochés à Sid-Ahmed Ghlam.

Le jeune homme qui avait affirmé mercredi être "influençable" a rappelé comment il avait rencontré des cadres de l'Etat islamique (EI) en Turquie en octobre 2014 puis en février 2015.

Ces cadres étaient Abdelnasser Benyoucef, alias Abou Mouthana, et son bras droit Samir Nouad, alias Amirouche, deux hauts responsables de l'EI chargés des opérations extérieures.

"Ça ne vous étonne que ces deux personnes importantes de l'EI se déplacent en Turquie pour vous rencontrer vous Sid-Ahmed Ghlam?", l'interroge l'avocat général. Le jeune homme n'a pas de réponse.

- "J'ai honte" -

Ses futurs commanditaires lui demandent de "faire une action en France". Sid-Ahmed Ghlam accepte sans broncher.

Depuis la Syrie, les chefs des opérations extérieures de l'EI lui ordonnent un repérage à la gare de Villepinte (Seine-Saint-Denis). "Pourquoi Villepinte?", lui demande la présidente. "Peut-être parce que +Mouthana+ était originaire de cette ville", répond Sid-Ahmed Ghlam.

"Aujourd'hui, j'ai honte", affirme le jeune homme mais à l'époque il se rend dans cette gare et filme la scène. La cour a diffusé la vidéo réalisée par Ghlam avec son téléphone portable.

Il explique à ses commanditaires qu'un "acte" dans cette gare n'est pas possible. "Pourquoi?", l'interroge la présidente. "Ils m'avaient parlé de mécréants. Il n'y avait que des musulmans dans cette gare", répond l'accusé.

Alors, il change de pistes. Il songe à commettre un attentat contre le train Paris - Saint-Dizier, la ville de Haute-Marne où vit sa famille. Ses commanditaires l'orientent plutôt vers une "bonne église".

"Qu'est-ce que ça veut dire une +bonne église+?", veut savoir la présidente. "Une église d'où je pourrais repartir facilement", explique l'accusé, dont les défenseurs restent silencieux.

Vous vouliez cibler une église "parce qu'il n'y a pas de musulmans dans une église?", lui demande Me Antoine Casubolo-Ferro, avocat de la famille d'Aurélie Châtelain.

"Pour les gens de l'EI oui", répond l'accusé. "Pour vous aussi", lui fait remarquer l'avocat. Ghlam s'agace de nouveau. "Merci de me le rappeler", dit-il d'un ton glacial.

"C'était quoi le cahier des charges? faire beaucoup de victimes? cibler un lieu de culte?", l'interroge Me Chemla.

"Y avait pas de demande particulière... C'était juste de commettre un acte", répond l'accusé.

"Un acte? vous n'arrivez pas à dire attentat?", le reprend l'avocat. "Un attentat? si vous voulez", concède Ghlam.

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