Le couac de la formation des salariés en chômage partiel

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France-Soir
Publié le 30 avril 2020 - 08:52
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Déborah Benmoussa, créatrice et gérante de l'agence Sismik
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Eric VARIN / France Soir
Spécialiste de la formation, Mme Déborah Benmoussa déçue de la lourdeur d'un dispositif d'urgence !
Eric VARIN / France Soir

Décidé dans l’urgence de la crise sanitaire, le dispositif de formation FNE devait permettre, pendant la durée du confinement, de se former rapidement et aisément. Une idée ambitieuse qui est finalement mise à mal par des lourdeurs administratives, inhérentes au système de formation continue. Une occasion manquée.

Depuis le début du confinement, les entreprises recourent massivement au chômage partiel, et ce sont aujourd’hui 12 millions de salariés qui sont concernés par le dispositif. Consciente de l’ampleur et de la gravité de la situation, Muriel Pénicaud, Ministre du travail, a très rapidement souhaité profiter de cette période si particulière pour inciter les salariés à se former :

«Former plutôt que licencier, c’est une approche qui est importante car pour les salariés en chômage partiel, c’est un moment où il ne se passe rien alors que la plupart du temps ils n’ont pas le temps d’aller en formation»

Une idée simple rendue en partie inopérante

L’ambition du gouvernement était donc d’inciter la formation professionnelle des salariés en chômage partiel en :

  • Simplifiant les démarches avec la signature d’une convention entre l’Etat (la Direccte) et l’entreprise
  • Prenant en charge les coûts pédagogiques à 100 %

Pour autant, gagner en compétences grâce à la formation professionnelle via ce dispositif FNE -Formations spécial COVID-19 n’est pas aussi simple que cela aurait pu l’être. C’est ce que nous a expliqué Mme Déborah Benmoussa, créatrice et gérante de l’agence Sismiik.

De la simplicité originelle à la complexité administrative

« La promesse de simplicité s’est très rapidement révélée être trompeuse ». En effet, si l’idée d’origine était de se rapprocher de la Direccte, c’est désormais les OPCO, qui gèrent ces formations. Trouver les coordonnées de l’OPCO concerné relève déjà d’une véritable enquête policière.

« Je travaille dans le domaine de la formation depuis longtemps, alors je me suis mobilisée lorsque j’ai entendu parler de ce dispositif rapide à mettre en œuvre. Au départ, le FNE-Formation devait être conclu en 48 heures. En l’absence de réponse dans ce délai, l’accord était réputé validé. »

Dans les faits, cet accord de principe n’est pas reconnu par les OPCO, qui soulignent qu’ils ne sont pas tenus par les engagements de la Direccte. Et sans accord, pas de financement. Les dossiers ont donc commencé à s’accumuler sur mon bureau comme sur ceux de mes collègues formateurs.

Une lourdeur administrative fatale à un grand nombre de formations

Mme Benmoussa regrette que la simplicité d’origine (une convention simplifiée, un devis, et un accord écrit de l’employé) ne se soit complexifié pour des raisons qui lui échappent. « Aujourd’hui, nous raconte-t-elle, beaucoup d’OPCO nous demandent des informations complémentaires. D’autres nous créent des espaces sur leur site Internet une semaine après la demande. Or au départ, ce dispositif devait répondre à l’urgence du moment ».

« C’était une bonne idée, dommage qu’on n’ait pas réussi à la mettre en œuvre totalement et pleinement. Il faudra y penser pour l’avenir. « 

On peut comprendre, que certains dispositifs d’urgence soient complexes à mettre en œuvre, et cela a du être le cas pour ces formations destinées aux salariés impactés par le chômage partiel. C’est pourquoi la gérante de l’agence Sismiik demande qu’on tire des leçons de cette situation :

« Aujourd’hui, des salariés attendent des formations, et avec ces complexités administratives et ces délais qui s’allongent, je ne suis pas sûre de pouvoir leur garantir qu’ils bénéficieront bien de ces formations, d’autant plus que la date du 11 mai se rapproche et qu’avec les jours fériés, il ne nous reste plus beaucoup de temps. C’était une bonne idée, dommage qu’on n’ait pas réussi à la mettre en œuvre totalement et pleinement. Il faudra y penser pour l’avenir. « 

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