Le groupe Chèque Déjeuner vise les 8 milliards pour 2018

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 28 octobre 2014 - 15:50
Mis à jour le 09 février 2015 - 11:13
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Des chèques déjeuners.
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Chèque déjeuner est le deuxième acteur français des titres restaurant.
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Chèque Déjeuner, société de titres restaurant, vient de fêter ses 50 ans. Un demi-siècle de croissance teintée d’une solide fibre sociale pour ce groupe qui n’était qu’une petite coopérative à ses débuts et qui compte désormais parmi les leaders mondiaux d’un secteur pesant des milliards d’euros.

Le "ticket resto" est un peu le "frigo" des temps modernes: un produit devenu si usuel que son nom est passé dans le langage courant. Car ce coupon subventionné par l’employeur fait partie de la vie de tous les jours des 3,5 millions de salariés français qui en bénéficient. 

Le marché est colossal: plus de 5 milliards d’euros par an en France, que se partagent une petite dizaine d’acteurs. Parmi ceux-ci, le groupe Chèque Déjeuner et ses 31% de parts de marché, ce qui le place en deuxième position, loin devant Sodexo et son "Chèque Restaurant" (20%) et juste derrière un autre Français, le leader mondial Edenred avec "Tickets Restaurant" (34%).

Chèque Déjeuner, qui vient de fêter son 50e anniversaire et en a profité pour changer de nom (il s'appelle désormais "Up Group") se positionne également comme le troisième acteur mondial sur le marché des titres et services prépayés. Présent dans 14 pays, le groupe emploie 2.300 personnes, dont un peu plus de la moitié en France, et a réalisé 267 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 (+10% par rapport à 2012), pour un bénéfice de 24 millions (+16%). Une performance remarquable pour ce qui n’était qu’une petite société d’une trentaine de salariés il y a encore 40 ans. Mais là n'est  pas son originalité.

Tous à table

Georges Rino, fils d’immigré portugais et syndicaliste à Force ouvrière, voulait que tous les salariés puissent bénéficier d’un vrai temps de pause à midi grâce au titre restaurant. Il décide alors de créer, en 1964, sa coopérative avec une vingtaine de copains. A ses débuts, alors qu’une solide concurrence est déjà implantée, sa société tire son épingle du jeu mais sans faire d’étincelles. Ce n’est que plus tard, grâce à l’impulsion de Jacques Landriot, qui succède à Georges Rino en 1991, que Chèque Déjeuner connaît une croissance rapide et solide.

"Georges a été le président de la fondation, Jacques celui du développement", explique à FranceSoir Catherine Coupet, qui a été nommée PDG en octobre dernier. "C'est grâce à lui que nous sommes présents dans de nombreux autres métiers, comme les chèques Cadhoc pour les comités d'entreprise ou encore les chèques de service à domicile".

Grâce à cette diversification et à une politique d'extension à l'international, en Europe puis au Maghreb et, plus récemment, en Amérique latine, la société a pris une tout autre envergure. Fondée avec un capital de 10.000 francs (1.500 euros), elle est ainsi aujourd'hui valorisée à plus d'un milliard d'euros.

Pourtant, Chèque Déjeuner n’est pas une multinationale comme les autres. Au sein de cette Société coopérative et participative (Scop), ce sont les salariés qui sont les actionnaires majoritaires. Un statut original, bien que désormais courant (plus de 2.000 sont en activité), qui correspond à la fibre sociale de son fondateur et de ses successeurs.

Chèque Déjeuner applique ainsi les 35 heures depuis 1986. Les membres du conseil d’administration sont exclusivement issus des rangs des salariés et le PDG est désigné par un vote, tous les quatre ans. A ce stade, seules trois personnes se sont succédé à ce poste: Georges Rino (1964 à 1991), Jacques Landriot (1991 à 2014) et, depuis octobre 2014 donc, Catherine Coupet.

Au sein de la coopérative, les plus hauts salaires sont également plafonnés à 12 fois la rémunération la plus basse, là où ils peuvent varier de 1 à 200 au sein de certaines multinationales. Un souci d’égalité qui peut toutefois être un frein à l’emploi. 

"Au départ, le ratio était de 1 à 6, mais nous avons dû le faire évoluer au fur et à mesure, notamment lorsque la promotion en interne ne suffisait pas à combler des besoins en compétences très précis", explique Catherine Coupet, qui est elle-même entrée dans la société il y a 26 ans et a gravi un à un les différents échelons en interne.

Pas d’économies sur le social

Payés sur 14 mois, les salariés se voient redistribués 45% des résultats chaque année, soit 20.000 euros par tête en 2008 et 25.000 en 2010.

Oui, il fait bon travailler chez Chèque Déjeuner mais tous les salariés du groupe ne sont pas pour autant logés à la même enseigne. Ainsi, lorsque des prises de participation ont été lancées dans certaines des cinquante filiales du groupe, celles-ci sont restées sur leur statut d’origine (SARL, SA….), d’où certaines inégalités. 

"Ce sera l’un des gros chantiers de mon mandat", anticipe Catherine Coupet, "trouver des solutions pour que l’équité, qui est dans notre ADN, soit rétablie". Et, avec des sociétés présentes dans de nombreux pays où les règles et lois varient énormément, ce n’est pas une mince affaire. "Cela passera probablement, quand nous le pourrons, par une ouverture du capital aux salariés", envisage-t-elle.

Le groupe Chèque Déjeuner ambitionne de doubler sa valeur d’émission pour atteindre les 8 milliards par an en 2018 et va se moderniser pour passer aux titres dématérialisés. Deux chantiers dont Catherine Coupet assure qu’elle les mènera sans renier "l’âme" du groupe. 

"Nous sommes en bonne voie pour atteindre notre objectif, car nous réaliserons cette année 5,5 milliards", confie-t-elle. "Nous allons ainsi continuer à prouver que social et économique ne sont pas antinomiques, mais peuvent au contraire être complémentaires", conclut la dirigeante.

 

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