Les agriculteurs manifestent leur détresse sur les routes de France

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Par Emmanuelle TRECOLLE, avec les bureaux de l'AFP en régions - Paris (AFP)
Publié le 08 octobre 2019 - 15:37
Mis à jour le 09 octobre 2019 - 00:04
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Tracteurs contre police: les agriculteurs manifestent à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs à Saint-Aybert(Nord), le 8 octobre 2019
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© FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Tracteurs contre police: les agriculteurs manifestent à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs à Saint-Aybert(Nord), le 8 octobre 2019
© FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Sentiment de rejet, opposition aux zones de non-traitement aux pesticides ou aux accords commerciaux: les agriculteurs ont manifesté mardi dans toute la France en bloquant les axes routiers à l'appel du syndicat majoritaire, la FNSEA, et des Jeunes Agriculteurs, qui en ont appelé au soutien du chef de l’État.

Sous le slogan, "France, veux-tu encore de tes paysans?", la mobilisation a commencé tôt dans l'Aisne, le Var et la Drôme et atteint son point fort en début d'après-midi avec le blocage prévu d'axes routiers majeurs, dont de nombreuses autoroutes.

L'objectif de ces manifestations: "se montrer sur les routes, +tracter+ au niveau des ronds-points, s'adresser aux représentants de l’État", a indiqué à l'AFP Xavier Benoist céréalier, lors d'un blocage à Château-Thierry (Aisne).

Les organisateurs ont souligné la "réussite de ce premier avertissement": "l'ensemble des départements se sont mobilisés. A 13H00, nous avons relevé 100 blocages ou opérations escargots sur l'ensemble du territoire", a déclaré lors d'un point-presse à Paris, Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, selon qui "6.000 tracteurs et plus de 10.000 agriculteurs" ont été mobilisés.

"Le problème est politique, d'un côté on a un discours qui parle d'agriculture forte, vivante et de l'autre on nous assomme avec des normes à n'en plus finir, sans parler des traités de libre-échange et de l'+agribashing+, alors qu'on est une agriculture reconnue comme vertueuse", a dénoncé Fabrice Couturier, président de la FDSEA de Moselle où les agriculteurs organisaient des barrages filtrants à Metz, Thionville et Sarrebourg.

- "Délit d'entrave" -

Dénonçant le "dénigrement permanent dont font l'objet les agriculteurs aujourd'hui", notamment sur l'usage des pesticides, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a réclamé que, "dans les décisions qui vont être prises, à la fois pour l'homologation de produits phytosanitaires, pour la protection des riverains, ce soit les scientifiques qui soient écoutés et non pas l'émotion, le sondage qui [fassent] la décision".

Elle a également souhaité que soit créé un "délit d'entrave" à l'activité des agriculteurs, permettant des sanctions "plus lourdes" à l'égard des personnes s'introduisant dans les élevages, notamment les militants antispécistes.

"Le ministre de l'Agriculture sillonne la France en disant +je vous aime+, c'est bien, mais ça ne suffit pas. Il faut des décisions. Il faut que la ministre de la Justice durcisse le ton et que les juges puissent prononcer des sanctions, des peines qui dissuadent", a-t-elle insisté.

La cheffe de la FNSEA a interpellé jusqu'au plus haut niveau de l’État: "Nous attendons que le président de la République s'exprime. C'est lui qui a semé le doute sur un certain nombre d'expressions à propos de l'agriculture", a-t-elle déclaré, l'appelant à "dire clairement qu'il soutient l'agriculture à un moment où elle est attaquée et déconsidérée".

En Ile-de-France, 500 agriculteurs et 400 tracteurs ont permis 14 points de blocage de la fin de matinée au milieu de l'après-midi.

- zones de non-traitement -

Si la plupart des actions avaient pris fin en milieu d'après-midi, certains axes ont été bloqués jusqu'en début de soirée, comme l'A6, à hauteur de Pouilly-en-Auxois (Côte d'Or), où les agriculteurs ont établi un barrage bloquant à l'entrée et à la sortie du péage jusqu'à 18h00, selon Bison futé.

Parmi les dernières normes envisagées, les zones de non-traitement aux pesticides (ZNT) ont mis le feu aux poudres. "L'interdiction à dix mètres des maisons, ça représente dans l'Aisne 10.000 hectares non cultivés, ça veut dire l'équivalent de 80.000 tonnes de blés non produites, soit 1,5 million d'euros de manque pour les agriculteurs", a expliqué à l'AFP Benoit Davin, référent FDSEA pour l'arrondissement de Soissons.

La FNSEA et les JA, reçus par le ministre mardi soir pour porter leurs doléances, ont d'ores et déjà prévenu que le mouvement allait se poursuivre.

"Aujourd'hui, c'était le premier coup de semonce et ça va continuer", a déclaré Samuel Vandaele, président des Jeunes Agriculteurs, qui a annoncé pour la semaine prochaine des actions plus axées sur les consommateurs, afin de les sensibiliser sur la provenance des produits vendus en grandes surfaces, quitte, dans certains cas, à intervenir sur l'étiquetage.

burs-etr-ngu/pn/LyS

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