Incendies dans le Sud : la déprime des bénévoles qui se battent pour préserver la nature

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 août 2016 - 17:56
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Un incendie au nord de Marseille.
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©Boris Horvat/AFP
Autour des Pennes-Mirabeau, une des communes les plus durement touchées par les incendies des Bouches-du-Rhône cette semaine, de larges pans des collines boisées ont été réduits en cendres.
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La main en visière, Michel Deleuil contemple l'étendue des dégâts sur la végétation: autour des Pennes-Mirabeau, une des communes les plus durement touchées par les incendies des Bouches-du-Rhône cette semaine, de larges pans des collines boisées ont été réduits en cendres.

Pour les bénévoles de la réserve communale de la ville, comme Michel, 53 ans, qui en est le responsable, ce sont des années de travail parties en fumée. De loin, on pourrait presque s'y tromper, les pins sont toujours debout. Et pourtant "ils sont bien morts", indique Michel. "Ils ne survivent pas aux fumées" qui les intoxiquent.

"On est dégoûtés", dit Michel, amer, en essuyant une larme. "Ca fait des années qu'on protège la commune. Mais on s'aperçoit que parfois on ne peut rien faire, on a un sentiment d'impuissance". "On commence seulement à prendre conscience, à relâcher la pression", soupire un autre bénévole,qui se fait appeler "Dédé": "Ca va mettre des années à repousser, dix ou quinze ans. L'an prochain il n'y aura qu'un duvet vert".

Marc Boisgard, responsable adjoint de la réserve, se dit "fatigué" et "déprimé": "là en quelques heures on a perdu presque la moitié de notre commune boisée (...) le moral en a pris un gros coup, mais on se remettra, ça va repousser.” Pour ces hommes dont la mission est de préserver l'espace vert de la commune, la reprise des patrouilles préventives est l'occasion de découvrir à la lumière du jour les collines ravagées, les massifs marbrés de gris, alors que flotte encore l'odeur âcre des cendres.

Dans la zone sinistrée, le lycée professionnel Louis-Aragon - rénové il y a deux ans - a été complètement détruit. Vendredi, les pompiers arrosaient encore sa grande carcasse noire et fumante. "Quand on voit que la plupart de ce qui était vert est devenu noir, quelque part c'est un petit peu comme si c'était notre jardin qui avait brûlé. Donc ça fait maronner", regrette Richard Granier, 63 ans, ancien pompier et bénévole à la réserve communale de sécurité des Pennes-Mirabeau.

Le relâchement de la tension permet à Michel de se rendre compte de ce qui vient de se passer: "à un moment je me suis retrouvé dans le village à la nuit tombée, seul, avant que les pompiers n'arrivent, avec toute cette fumée et seulement les phares de ma voiture pour me guider - c'était comme dans un film", souffle-t-il. "Un incendie de cette taille aussi près du village, je n'avais jamais vu ça en tant d'années", ajoute-t-il.

Du coup, les bénévoles ont tous mis la main à la pâte pour lutter contre les flammes dans la nuit de mercredi à jeudi. "Il y avait tellement de vent que nos jets d'eau étaient déviés et nous revenaient dessus, bouillants", explique Dédé. "Le fait que tous les Canadair n'étaient pas disponibles a sans doute joué, mais ça allait tellement vite que ça n'aurait peut-être pu qu'un peu ralentir la progression du feu", estime-t-il.

En temps normal, les bénévoles de la réserve communale ont un rôle de prévention et de coordination. En tenues orange vif et au volant de 4x4 de la même couleur, ils éteignent les feu naissants grâce à un réservoir de 600 litres d'eau installé sur chaque véhicule. “Il faut surveiller à droite à gauche, surveiller tout ce qui cloche, on surveille les feux, puis on peut aussi voir autre chose, qui peut intéresser les services techniques ou la police.”

Au-delà des flammes, les zones calcinées présentent désormais un danger, et Michel craint notamment les phénomènes de ruissellement: “Comme il n'y a plus de végétation basse (...) quand on voit les pentes comme ça, dès qu’il va pleuvoir un peu fort ça va tomber en torrents" et ça risque de provoquer des éboulements. L'impact des incendies risque de se faire sentir longtemps.

 

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