La perpétuité requise pour Lelandais, la défense plaide pour 30 ans

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Par Amélie HERENSTEIN - Grenoble (AFP)
Publié le 17 février 2022 - 02:55
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Nordahl Lelandais "mérite clairement" 30 ans de prison et non la perpétuité requise par l'avocat général, a affirmé sa défense jeudi alors que s'achève le procès de l'ancien militaire pour le meurtre de la petite Maëlys.

"30 ans de prison, enfermé, c'est ce qu'il mérite clairement et il le sait", a lancé aux jurés son avocat Me Alain Jakubowicz dans sa plaidoirie, en rappelant que d'autres tueurs d'enfants avaient été condamnés à des peines de cet ordre, voire plus clémentes dans le passé.

"Tout homme doit conserver un espoir, fût-il lointain. Même sévère, le propre de la justice est de rester humaine. Le mot de perpétuité renvoie à l'éternité. Ce terme annihile toute espérance en l'homme", a-t-il argué alors que le verdict est attendu vendredi au terme de trois semaines de procès.

"On ne fixe pas une peine à l'aune de la douleur des victimes. A douleur infinie, peine infinie. Non, mille fois non !", a-t-il lancé.

Dans la matinée, l'avocat général Jacques Dallest avait réclamé dans son réquisitoire la peine maximale, une condamnation à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.

L'accusé est un "danger social absolu", a-t-il estimé, appelant les jurés à déclarer Nordahl Lelandais "grand criminel, grand prédateur".

"Maëlys a été l'enfant à sa merci, ça aurait pu être un autre enfant. Evidemment que le mobile est sexuel", avait-il estimé au sujet de l'ancien maître chien, déjà condamné en mai 2021 à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du jeune caporal Arthur Noyer.

"Vous avez détruit une vie en avril 2017, vous avez détruit une vie en août 2017, vous avez semé le désespoir, la souffrance éternelle chez ces familles, vous êtes un destructeur de bonheur", avait-il lancé à celui qu'il a décrit comme un homme "sans émotions".

Assis dans son box en chemise claire, l'accusé a seulement esquissé un léger non de la tête à l'énoncé de la peine requise.

Les avocats des parties civiles ont pour leur part estimé la réquisition "juste" et conforme aux attentes de leurs clients, étant donnée la "dangerosité criminelle" de Lelandais.

Celui qui aura 39 ans vendredi, est jugé pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys De Araujo, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines alors âgées de 4 et 6 ans, au cours de l'été 201.

Il a reconnu tous les faits qui lui sont reprochés mais nie farouchement toute atteinte sexuelle à l'encontre de Maëlys.

- "Toute puissance" -

Pour Me Jakubowicz, Nordahl Lelandais a amorcé sa "descente aux enfers" après le meurtre d'Arthur Noyer, pour lequel il n'a été soupçonné que des mois plus tard. Suite à cet épisode, "il est devenu une voiture folle sans freins", doté d'un "sentiment de toute puissance".

"Il part en +live+ complètement, plus rien n'est maîtrisé, il fonce droit dans le mur". Suivront alors les agressions sexuelles sur deux petites cousines et "mille fois hélas, la nuit du 26-27 août" où il croise la route de Maëlys, relate-t-il.

L'accusé a "du chemin à faire mais il a commencé à comprendre", a-t-il cependant noté, en insistant sur ses efforts pour reprendre sa scolarité, cesser de fumer et lire des ouvrages de bouddhisme.

"Le temps de la liberté ne se pose pas avant longtemps, très longtemps. Il sera mis à profit pour préparer cette échéance très lointaine", a-t-il assuré.

Jeudi, les six avocats des parties civiles avaient de leur côté tous tracé un portrait extrêmement sombre de l'accusé, insistant sur sa psychopathie, sa dangerosité, son profil d'"homme-loup" mais aussi sur le "mobile sexuel" qui aurait selon eux guidé le meurtre de Maëlys.

Au cours des débats, Nordahl Lelandais a livré des versions fluctuantes sur la disparition de la fillette, variant notamment sur les circonstances de l'enlèvement de sa victime.

Il a fini par reconnaître avoir tué "volontairement" Maëlys en la frappant au visage, quelques minutes après l'avoir emmenée de la salle des fêtes où il l'avait rencontrée peu auparavant, pendant une soirée de mariage.

Il a justifié cette flambée soudaine de violence en évoquant un accès de panique, une "hallucination", expliquant avoir vu le visage d'Arthur Noyer sur celui de la fillette.

Il devrait prendre une dernière fois la parole vendredi avant que les jurés ne se retirent pour délibérer.

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