Perpétuité requise contre le gendre d'Hélène Pastor, accusé de l'avoir fait assassiner

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Par Francois BECKER - Aix-en-Provence (AFP)
Publié le 12 octobre 2018 - 16:21
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Des policiers reconstituent le meurtre d'Hélène Pastor, le 22 avril 2015 au CHU de Nice
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© JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP/Archives
L'homme dont la chevelure a viré au gris avait promis 140.000 euros pour faire tuer sa belle-mère.
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Pour "faire échec et mat" à un homme accusé d'avoir fait assassiner sa belle-mère, la richissime héritière monégasque Hélène Pastor, et son chauffeur, l'avocat général a requis vendredi devant les assises des Bouches-du-Rhône la réclusion criminelle à perpétuité contre Wojciech Janowski.

Pierre Cortès a demandé aux jurés d'assortir cette peine d'une période de sûreté de 22 ans, le maximum. Dans le box, en costume-cravate rappelant une vie passée à tenter de devenir un notable de la Principauté, Wojciech Janowski n'a pas bronché.

"Janowski a crevé le plafond de l'indélicatesse en payant des tueurs à gage à sa solde avec l'argent de sa compagne", argent qu'elle tenait elle-même de sa mère assassinée à 77 ans, assène l'avocat général. Ce 6 mai 2014, au moment où elle et son chauffeur étaient mortellement blessés devant un hôpital niçois, Hélène Pastor venait de rendre visite à son fils Gildo, hospitalisé.

"Il a joué avec la vie des autres en spéculant non seulement sur celle d'Hélène Pastor, qu'il a fait supprimer, mais également sur celle de sa compagne", à laquelle il n'était pas marié, poursuit le magistrat: la fille d'Hélène Pastor était malade et il craignait qu'elle ne décède avant sa mère, l'éloignant de la colossale fortune familiale.

L'homme dont la chevelure a viré au gris avait promis 140.000 euros pour faire tuer sa belle-mère. Et "un bonus de 20.000 euros, le prix de la vie humaine pour lui", pour éliminer du même coup son chauffeur Mohamed Darwich.

Cet "employé honnête, consciencieux et dévoué", n'était pour Janowski "qu'un pion mal placé qui empêche d'emporter la reine", un témoin gênant qu'il convenait d'éliminer, a estimé le magistrat, au terme d'un minutieux réquisitoire de huit heures.

- Tuer en quatre secondes -

"Des splendeurs de Monaco (...) aux bas-fonds de Marseille", l'accusation a décortiqué la façon dont les dix accusés ont formé "une chaîne" aboutissant au double assassinat et demandé que tous soient condamnés.

Parmi eux, elle a réclamé deux autres peines de réclusion criminelle à perpétuité, à l'encontre d'exécutants, des malfrats marseillais qui ont enchaîné les maladresses.

Le premier, le tireur Samine Saïd Ahmed, recruté en hâte, a "tué par deux fois", "sans poser de questions". "Il l'a fait en quatre secondes, tuer pour de l'argent, une vieille dame et son chauffeur, des gens dont ils ne savait rien", a souligné l'avocat général. Il est le seul à nier en bloc, mais "sa culpabilité est incontestable" au terme de l'enquête, selon Pierre Cortès.

Quant à son comparse Al Haïr Hamadi, que les enquêteurs ont pu suivre sur les vidéos surveillance sac de commissions à la main, "comme s'il avait un gyrophare sur la tête", "ses seuls regrets, c'est de ne pas avoir fait monter les enchères" pour sa rétribution.

Les réquisitions sont moins sévères à l'encontre de Pascal Dauriac, le coach sportif de Wojciech Janowski auquel il avait délégué l'organisation du guet-apens. L'avocat général a tout de même demandé 30 ans de prison à l'encontre de celui dont les aveux "rapides et complets", ont été décisifs pour l'enquête.

Il a décrit la manipulation, la "servitude volontaire" à laquelle s'est soumis cet homme, flatté par les discours de Janowski dans l'intimité de leurs séances de massage et de sport. Il n'a cependant jamais été "menacé" pour participer au crime.

Voyages et autres "cadeaux empoisonnés vont l'attacher", le faisant peu à peu adhérer au projet de double assassinat du gendre d'Hélène Pastor et à son discours: Janowski justifiait l'assassinat comme un "acte humanitaire" pour délivrer sa fille Syvlia de l'emprise supposée délétère et destructrice de sa mère.

"Il a probablement partagé avec Janowski un sentiment d'impunité face à des policiers français vu comme des +ploucs+" qui ne pourront jamais remonter jusqu'à eux, poursuit l'avocat général.

Au total, 10 personnes comparaissent pour leur implication présumée à des degrés divers dans le double assassinat. Le procès doit se poursuivre, avec les plaidoiries de la défense, jusqu'au 19 octobre.

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